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Entre la mauvaise volonté d’un État «propriétaire» et la concurrence féroce de la presse privée, la Radio-télévision sénégalaise, entité du service public d’information, doit aussi lutter contre l’appétit du politique, dominateur et peu généreux à son égard.

Comment mobiliser une masse salariale annuelle d’environ 5,7 milliards de francs Cfa quand l’État, censé être le pourvoyeur providentiel de ressources, a organisé, depuis 1990, son propre désengagement d’une entreprise elle aussi censée fournir une mission de service public ? Où piocher la somme de 17,6 milliards de francs par an représentant le coût minimal estimé pour assurer un fonctionnement normal à ladite entreprise alors que les recettes publicitaires tournent autour d’une douzaine de milliards de francs Cfa ? Ce sont là quelques-unes des difficultés qui assaillent (hier et) aujourd’hui la Radio-télévision sénégalaise (RTS) et soulevées hier au cours d’un panel intitulé :  »Les médias publics face au nouvel environnement politique. Les exigences et moyens d’un véritable service public. » C’était en marge de l’atelier de restitution des résultats du monitoring de la couverture médiatique de l’élection présidentielle.

Principal animateur de ce panel en compagnie du journaliste Mame Less Camara, Mansour Sow, ancien directeur de la radiodiffusion nationale, a mis en exergue les corsets qui freinent à la fois le développement de l’entreprise et l’accès à l’indépendance éditoriale des journalistes. Avec un coût d’exploitation et de maintenance qui avoisine 1,5 milliard de francs Cfa par an, la RTS doit par ailleurs supporter le poids financier de la couverture institutionnelle de l’actualité. Celle-ci est estimée l’an à 2,8 milliards de francs Cfa et comprend la diffusion des activités des principales autorités de la République dont le chef de l’État, son Premier ministre, les membres du gouvernement et autres autorités…  »Cela correspond à 35 à 40% de l’espace de diffusion », a précisé Mansour Sow. Au même moment, les spots publicitaires commandés et exécutés au bénéfice de différentes autorités finissent en créances perdues.

 »Des acteurs internes de plus en plus libres »

Depuis 22 ans donc, la Radio-télévision sénégalaise est obligée de compter sur des ressources propres qu’elle tire de la publicité ou des subventions des pouvoirs publics. L’allègement de la masse salariale pouvait passer par la réduction d’un effectif d’environ 750 agents. Mais un audit social réalisé en 2006 est resté sans suite, explique un autre cadre de l’entreprise. En continuant d’assurer sa mission de service public sans être soutenue comme il faut par l’État, la RTS en arrive à assurer  »80 à 90% de son fonctionnement par elle-même ». Avec cette contrainte imprévue à l’origine : un alignement sur les créneaux programmatiques des télévisions privées qui l’éloigne un tant soit peu de son dessein.

Mais à l’interne,  »l’irruption d’acteurs de plus en plus libres » combinée à la montée en puissance de la presse privée, semble avoir réveillé des velléités d’indépendance  »salutaires’. Selon Diatou Cissé Badiane, secrétaire générale du SYNPICS et agent de l’entreprise,  »si les journalistes décident de dire non au contrôle politique, ils feront leur travail de façon normale. » Entre  »le zèle » de certains cadres qui  »conditionne la production interne » des journalistes et ce  »filtre qui élimine tout ce qui est politiquement incorrect », la patronne du SYNPICS prône un retour à la  »volonté » des agents pour libérer les journalistes du corset de la dépendance éditoriale. Ce qui ne l’empêche pas pour autant de reconnaître que  »la personnalité de la personne qui dirige (l’entreprise) reste (quand même) déterminante quant à la qualité et l’orientation de la production. » Qui paie commande, dit l’adage.

Toutefois, Mame Less Camara est d’avis que si le service public doit assurer le financement de la RTS, cela ne peut renvoyer de facto à une soumission aux desiderata du pouvoir politique. A cet effet, il rappelle cette posture défendue par des cadres de la BBC à qui Margaret Thatcher, alors Premier ministre, reprochait de ne pas être assez patriotes lors de la guerre des Malouines (Falkland) contre l’Argentine.  »Nous fonctionnons avec l’argent du contribuable. Nous devons donc la vérité au contribuable », lui-a-t-on rétorqué.

Pour le politologue Abdou Aziz Diop, l’application stricte du Cahier des charges la liant à l’État doit permettre à la RTS d’être une entité indépendante si tant est que ledit document ne contient aucun élément de sujétion à l’autorité politique. Néanmoins, il y a nécessité à aller plus loin, relève Mame Less Camara. Il faut remanier tout l’environnement juridique afin que, par exemple, le politique ne puisse pas changer les directeurs et autres grands responsables à sa guise, a proposé le correspondant de la BBC à Dakar, lui-même ancien de la  »maison ».

MOMAR DIENG
enqueteplus.com

1 COMMENTAIRE

  1. Une cohabitation politique : LE BOUCLIER DU PEUPLE SENEGALAIS
    Une cohabitation politique devient un impératif pour le Sénégal. Les sénégalais ne peuvent plus supporter le dictat des politiciens. Une cohabitation s’impose comme étant le BOUCLIER DU PEUPLE contre des dirigeants véreux qui, depuis notre indépendance, n’ont aucune considération pour ceux-là même qui les ont élus.
    – Nous ne voulons plus de députés ayant le culot d’affirmer dans notre Assemblée Nationale qu’ils sont au service d’un président

    – Nous ne voulons plus de parti-Etat au Sénégal

    – Nous ne voulons plus donner à un parti-Etat tous les pouvoirs favorisant le népotisme

    – Nous voulons des députés au service du peuple

    – Nous une opposition forte et crédible à la majorité présidentielle

    – Nous ne voulons plus de Président et députés contraires à la volonté populaire

    – Nous ne voulons plus de députés au service d’un président et prêts à voter des lois taillées sur mesure au détriment du peuple

    Nous ne voulons plus …… Nous ne voulons plus

    La cohabitation politique : LE BOUCLIER DU PEUPLE SENEGALAIS
    CHERS SENEGALAIS CONSTITUONS NOTRE BOUCLIER !!!

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