A Abidjan, nouveau procès pour Simone Gbagbo, très affaiblie

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Selon son avocat, elle n’aurait pas reçu la visite d’une équipe médicale depuis onze mois. Mais l’ancienne première dame a tenu à être présente à la cérémonie solennelle d’ouverture des assises du tribunal d’Abidjan.

Un an après sa condamnation à vingt ans de réclusion en mars 2015 pour son rôle dans la crise postélectorale de 2010-2011, Simone Gbagbo, l’épouse de l’ancien chef de l’Etat ivoirien, est retournée, lundi 9 mai, devant la cour d’assises d’Abidjan. Cette fois, elle doit répondre de « crimes contre l’humanité ».

La mine quelque peu froissée, les cheveux blanchis et un physique diminué par le poids de l’âge, Simone Gbagbo, 66 ans, a tenu quand même à afficher un large sourire lorsqu’elle a fait son entrée au palais de justice d’Abidjan. Sous les ovations des membres de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI), tendance Aboudrahamane Sangaré, en rupture de ban avec Pascal Affi Nguessan, reconnu dirigeant légitime par la justice ivoirienne.
« Procès politique avec une instruction bâclée »

« L’Etat n’a rien fait pour lui apporter une assistance médicale. Mais elle reste déterminée à faire face à la justice de son pays et non ailleurs », a expliqué Me Rodrigue Dadjé, avocat de Simone Gbagbo. Comme pour approuver le refus du gouvernement ivoirien de ne pas transférer sa cliente vers la Cour pénale internationale (CPI), où elle est poursuivie pour « crimes contre l’humanité ». Mais Abidjan a toujours refusé son transfèrement, affirmant être en mesure d’assurer un procès exemplaire à l’ex-première dame sur le sol ivoirien. A l’image de son époux Laurent Gbagbo et de l’ex-chef des jeunes patriotes Charles Blé Goudé dont le procès conjoint a repris lundi, après plus d’un mois de suspension.
Dans le box des accusés, l’ancienne « Dame de fer » d’Abidjan, comme on la surnommait sous le régime Gbagbo, prend le temps de serrer la main de ses avocats puis d’onze autres prévenus. Ces derniers, qui comparaissent aux assises, ne sont pas poursuivis pour les mêmes faits que l’ex-première dame de Côte d’Ivoire.

Selon l’arrêt d’accusation en date du 29 janvier, consulté par Le Monde Afrique, Simone Gbagbo comparaît pour faits de « génocide, crimes contre les populations civiles, crimes contre les prisonniers de guerre, meurtres, assassinats, viols, coups et blessures volontaires, complicité, coaction et tentative d’infraction, voies de faits et de crimes contre l’humanité ».
« Aucun élément de toutes ces accusations n’accable notre cliente. On a fonctionné par déduction et c’est dangereux. C’est un procès purement politique avec une instruction bâclée », a dénoncé Me Rodrigue Dadjé, l’avocat de Mme Gbagbo, à la suite d’un premier accroc observé à ces assises.
En effet, en l’absence des deux jurés, un tirage au sort a été effectué pour désigner deux nouveaux. Mais tous ont des noms à consonance malinké et originaires du nord de la Côte d’Ivoire. Un fait, qui, selon la défense, « ne peut passer en dépit de la forme subtile observée au contraire des choix imposés, il y a un an ».

« Après les assises de 2015, cela fait la deuxième fois qu’on nous joue ce tour. Chaque fois les jurés sont à 90 % des personnes originaires du Nord, comme, si dans le pays, il n’existe que ces personnes, a fait remarquer Dadjé. Comment peut-on la faire juger par des personnes d’une ethnie dont elle est accusée d’avoir procédé à l’épuration ? Il y a un manque de transparence », a-t-il soutenu, à la sortie de la cérémonie.

Les soutiens de l’ex-première dame de Côte d’Ivoire ont toujours dénoncé une « justice des vainqueurs ». En effet, aucun responsable proche d’Alassane Ouattara n’a jusqu’ici été inquiété. Pourtant, selon l’ONU, le camp Gbagbo et celui de l’actuel chef de l’Etat ivoirien ont commis des exactions pendant la crise de 2010-2011.

La Cour suprême de Côte d’Ivoire avait rejeté le 21 avril le pourvoi en cassation de Simone Gbagbo, ouvrant définitivement la voie à son procès pour « crimes contre l’humanité ». Les débats la concernant dans le cadre de ce procès ne s’ouvriront que le 31 mai. Simone Gbagbo avait été déjà condamnée en mars 2015 à vingt ans de prison, notamment pour « attentat contre l’autorité de l’Etat » lors de la crise postélectorale de 2010-2011.

lemonde.fr

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