A la tronçonneuse !

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C’est la curée ! La hargne avec laquelle s’est jetée la presse sur un premier ministre acculé et accusé de trahison nationale pour avoir privé le Sénégal d’un siège au Comité exécutif du CIO, pourrait être compréhensible, mais en même temps soulever quelques interrogations.

D’abord, le CIO n’est pas l’ONU pour mériter un tel raffut, mais ensuite l’ignorance dans un si bel ensemble, des conditions d’éligibilité à ces postes par toute la presse, montre que celle-ci, à l’exception de quelques plumes, a été largement manipulée, si ce n’est pas plus.

La presse dans cette affaire a manqué, c’est le moins qu’on puisse dire, de prudence. Abdoul Mbaye contre Diagna Ndiaye, le Sénégal mérite d’autres combats à la « Une » de nos quotidiens. Mais ne pas savoir que les états ne peuvent se mêler impunément de charte olympique, ne pas s’interroger sur l’impossibilité pour un Premier ministre d’aller se promener à l’étranger sans avertir son président de la République, ignorer que ce dernier était depuis 2007 membre du CIO, laisse penser que la presse a tiré un peu vite sur Abdoul Mbaye, avec des fusils chargés d’autres choses que des balles à blanc. Cet unanimisme a quelque chose de suspect, de dérangeant, lorsqu’on sait que les plus grands journalistes de notre pays se sont mis à écrire et à dire les torts du PM à la « Une » sans même avoir la réflexion du débutant, ni la connaissance des amateurs du sport qu’ils sont censés être. Bizarre….

Ils auraient dû savoir que la candidature du Sénégal pourrait avoir été flinguée par la lettre de l’Etat soutenant Diagna Ndiaye. Les institutions olympiques sont jalouses de leur indépendance. Le Cameroun vient d’ailleurs de se voir suspendre de la Fifa du fait de l’intervention de l’Etat camerounais dans la nomination du président de la Fécafoot…

On peut être, il est vrai journaliste et pas du tout sportif…Ils auraient pu simplement appeler le PM pour lui demander si son voyage à Lausanne avait des allures d’escapades intrigantes, et ils auraient su que celui-ci était bel et bien prévu de longue date.

La presse a raté une belle occasion de se taire. Mais elle a justifié l’adage qui colle à la presse sénégalaise qui veut que nos journalistes avides de scoops qui vendent leurs journaux, préfèrent être les premiers à dire des c… que les derniers à dire la vérité. C’est un crève-cœur de lire dans le journal « Enquête » les réponses du Premier Ministre, où il assène des évidences à la portée de n’importe quel étudiant du Cesti. Mais bon…

Cela aurait été sans aucune importance, la cote des « pisse-copie » étant ce qu’elle est dans une opinion publique prompte à la traiter de tous les noms, si cette affaire du CIO n’avait ouvert la porte à une crise gouvernementale, conséquence d’un évident désordre à son sommet. D’abord, comment peut-on ne pas être briefé au moment d’écrire au CIO pour soutenir la candidature d’un de ses ressortissant, sans que personne ne dise que cette démarche équivaut à se titrer une balle dans le pied.

Que cet opéra de mauvais goût débouche sur un imbroglio politique et un mélodrame à la sauce démission- pas démission du premier ministre, c’est assurément navrant.

Il est évident que notre PM dérange ainsi que l’a barré à sa une du week end, Walfadjri : « Le palais le déteste, l’opposition le hait, une partie de la presse ne veut pas le voir en photo – Pourquoi Abdoul Mbaye, est-il si mal aimé ?« . On va peut-être lui reprocher les futures probables inondations qui se profilent. Que veut-on faire payer à Abdoul Mbaye ? Une bonne question.

Cet épisode de l’imminente démission d’Abdoul Mbaye a en tout cas monopolisé les rédactions tout l’après midi de vendredi. Cela peut paraître excessif, mais personne n’a parlé du boss du Cnoss, Diagna Ndiaye, ci-devant ministre conseiller de Macky Sall chargé des investissements, lui certainement candidat au CIO, et tout le monde a trouvé cela normal qu’il puisse lui, concilier les deux fonctions.

Personne n’a évoqué les conflits d’intérêts que cette fonction pouvait générer, car il est un homme clé du Groupe Mimeran, et que cette particularité peut poser quelques suspicions légitimes lors de prises de certaines décisions.

Il est temps que notre presse ne paraisse plus être à la remorque des événements, ni tributaire de certaines velléités crypto-personnelles qui leur dictent l‘actualité et le sens non pas de l’histoire avec un grand »H », mais juste des petites querelles. Sinon, nous serons toujours en état de suspicion légitime. Code de la Presse ou Code la Paresse ? C’est à nous de choisir…..

3 Commentaires

  1. Va pour la médiocrité de la presse, la malhonnêteté des journalistes. Rien à redire. Mais il n’en reste pas vrai que le PM a encore menti pour avoir dit :  » Je n’ai jamais déposé de candidature »; puis, « Ma candidature est antérieure à celle de Diagna Ndiaye ». Et quelles que soient les contorsions des journalistes qui se sont réveillés pour défendre le PM, et qui sont loin d’être plus honnêtes que ceux qui le descendent, ils ne pourront pas détruire cette vérité que le Sénégal a eu deux candidats et que l’un était soutenu par le président. Par conséquent celui qui n’était pas soutenu devait se désister. Il aurait mieux fait d’expliquer à son président, qu’il semble accuser de ne connaître les règles de la CIO, ce que sont ces règles. Au lieu de les étaler sur les journaux pour offrir à ses souteneurs de quoi monter une défense en épingle.

  2. « Nettali.com », c’est le seul site d’infos sérieux au Sénégal. Le PM ne va pas aux xawarés du Grand Théâtre ou de Sorano, aux combats de lutte, ne réconcilie pas des lutteurs ne donne pas de l’argent à bout de bras, c’est ça son problème avec les sénégalais qui ne vivent que de la facilité. La compétence, le sérieux, l’honnêteté sont des tares dans ce pays. En tout cas si Macky fait l’erreur de démettre son PM, il le regrettera un jour. N’est-ce pas lui Macky qui disait que un deuxième n’était pas une obsession pour lui, que il était venu pour travailler.

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