Les habitants de Montagne, un quartier de la commune d’arrondissement de Hann Bel Air, à Dakar, ne dorment plus que d’un seul, à cause des vagues qui ont détruit nombre de leurs maisons et continuent d’en menacer d’autres.
Pourtant, en dépit des flaques d’eau et de la mare située à l’entrée du quartier Montagne, à Hann Bel Air, ils vaquent à leurs occupations journalières. Allant des boutiques ayant ouvert leur portes au petit commerce tenu ici et là par des natifs du coin.
Un leurre car dans ce quartier de pêcheurs la peur règne dans les maisons situées en face de l’océan.
Au petit matin, Amy Ndiaye, une dame qui se donne 50 ans, découvre que le mur de sa maison, long d’une dizaine de mètres, a cédé sous l’effet des vagues. La nuit durant, elle n’a pu fermer ’œil.
Selon son témoignage, il y avait de l’eau dans la minuscule véranda de la maison. ‘’Je ne me déplace pas. Où aller ?’’, commente la dame, s’affairant autour d’une bonbonne de gaz. Inquiète, elle regarde les vagues continuer à ronger la digue de fortune érigée à l’aide de pneus et de sacs remplis de sable marin acheminé par les autorités de la commune d’arrondissement de Hann Bel Air.
’’Chaque matin, on se lève, on refait la digue et elle disparaît la nuit suivante’’, témoigne Diarra Thiaw, la fille d’Amy Ndiaye. ‘’On n’a aucune solution. On veut bien aller quelque part, mais on n’a pas les moyens. On a peur, parce que ça n’est pas sûr du tout’’, murmure son frère, Papis Kelountang, jugé sur un minuscule pan en ciment, un paquet de cigarettes en main.
De jeunes pêcheurs rencontrés sur la minuscule plage du quartier n’ont d’yeux que pour les décombres de deux maisons rasées par les vagues. Venus contempler la furie des vagues, ils s’assoient à l’ombre d’un bâtiment dont les fondements menacent ruine.
Dans cette maison en danger, lits, matelas et d’autres biens de la famille Gomis sont jetés à la véranda : on fait ses valises pour abandonner la maison.
Les vagues ont eu raison aussi de deux pièces et des toilettes du bâtiment des Guèye, dont il ne reste que quelques pans et un rideau abandonné. ‘’Quand on a vu que ça menaçait, on a vidé les chambres. Le bâtiment s’est effondré dimanche, vers une heure du matin’’, commente Cheikh Guèye, un maçon de 55 ans.
’’On ne se déplace pas pour l’instant. Ce n’est pas la peine, même si cela peut devenir nécessaire’’, confie Guèye, qui n’a encore d’yeux que pour les dégâts.
’’Voilà deux jours que nous n’avons pas dormi à cause des vagues qui sont très puissantes’’, témoigne Maïmouna Diène, propriétaire d’une superbe villa à l’abri des eaux, grâce à un mur sur lequel viennent mourir les vagues.
Certains habitants de Montagne minimisent ces intempéries qui, pour eux, sont passagères.
’’C’est seulement pendant l’hivernage que nous vivons cette menace’’, commente Aliou Faye, doyen d’un groupe occupé à l’enfouissement des ordures du quartier. M. Faye a vu pire que ce qui se passe aujourd’hui, lui qui se souvient des ’’nombreux dégâts’’ causés à ce quartier par les eaux de l’océan en 1974-1975.
’’Quand arrive la saison sèche, vous voyez la plage s’agrandir, avec le reflux des eaux. Ici, chez nous, les eaux ne pénètrent jamais dans la maison. Elles envahissent plutôt la rue’’, explique Lamine Badji, le torse nu affalé dans un canapé, comme si rien ne se passait dans son quartier. Pourtant, les vagues viennent s’échouer sur le mur de la maison donnant sur la plage.
’’La nuit, les eaux nous envahissent’’, s’empressent de raconter deux jeunes femmes dont la maison est ceinturée de sacs gonflés de sable marin et empilés pour freiner le mouvement des vagues. ‘’La nuit, il est impossible de fermer l’œil, tant les eaux sont menaçantes. Les eaux remontent jusqu’ici’’, dit Gnagna Ndong, assise au milieu d’une minuscule cour verdâtre par endroits.
ESF/CTN
aps.sn
