A y voir de plus près, n’ayons pas honte de la CREI

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Quand sera clos le procès de Karim Wade et consorts, quand se seront dissipés la tension, le suspense et la suspicion, quand la justice aura prononcé son verdit sur ce procès dits des biens mal acquis, quand la Justice aura jugé tous ceux qui doivent l’être pour avoir prévariqué, pillé les biens communs de ce pays, planqué le butin dans les paradis fiscaux, dans les coffres d’une banque ici ou à l’étranger…

Quand tout cela sera terminé, que fera-t-on de la fort controversée Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) ? Il faudra la garder, nous écrions-nous ! Cette cour, malgré toutes les préventions fumeuses, les attaques suspectes et autres avanies, a une grande pertinence dans un pays où on est très enclin à la prévarication !

Quand un dépositaire de l’argent de la République affiche subitement un train de vie non conforme à son revenu normal et honnête, il est légitime de l’amener à le justifier. Il n’y a pas de sensiblerie à faire là-dessus, ni un juridisme de mauvais aloi.

Surtout que l’institution de l’Office nationale de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) aura facilité la tâche en ce que, désormais, avant de prendre la responsabilité d’une caisse – disons de fonds publics -, il faudra au préalable faire une déclaration de patrimoine et en faire une seconde autre quand on aura plus cette charge.

Les insatisfactions, failles, manquements  surgis avec le procès de Karim Wade ne sont pas à dramatiser, ne devraient pas délégitimer l’idée et le principe de demander des comptes à ceux que la morale et la loi demandent de le faire. Ces lacunes de la Crei devront juste être prises comme une leçon pour perfectionner cette juridiction, dans ses méthodes, ses compétences, ses ressources humaines, ses expertises… Expertises surtout à aller débusquer de l’argent volé et planqué ailleurs qu’au Sénégal ou même ici.

Trop de « masla » a foutu en l’air le sens éthique dans ce pays. Même le voleur convaincu on ne veut pas le dépouiller de son butin ; on parle plutôt de lui laisser une « téranga » pour lui permettre de continuer à vivre dignement tandis que vont se débattre dans les pires difficultés ceux à qui pourraient profiter l’argent volé, dépensé – c’est un exemple parmi tant d’autres – dans l’acquisition de cuillers à 40 mille francs pièce !

Il faut que nous Sénégalais sachions ce que nous voulons et non continuer à être un pays où l’argent n’est pas le fruit d’un labeur, mais provient d’une rapine… Tant que nous n’aurons pas rompu d’avec cette conception et ces convictions hypocrites, la Crei aura sa pertinence. Je ne suis pas d’accord avec  ceux qui affirment que la Crei est une spécialité  mondiale sénégalaise.

Tant mieux, d’ailleurs, si elle l’est ! aurait-on du rétorquer  tant que la mission de cette juridiction est de réprimer le détournement des deniers du contribuable. Non, il ne faut pas avoir honte de la Crei.
Dans le principe qui l’a créée comme dans son idée, la Crei est une excellente juridiction ; n’ayons pas le complexe qu’elle soit unique dans le monde. Perfectionnons-la plutôt. Faisons-en un outil efficace de moralisation de la gestion du bien commun.
Nul Sénégalais de bonne foi ne peut nier que sous le régime libéral, il s’est passé des choses ignominieuses, malhonnêtes, honteuses. Et alors, voulons-nous ou pas que ces faits restent impunis ? Ou à tout le moins que la médiation pénale (mesure alternative aux poursuites pénales) permette aux voleurs avérés de garder 20 pour cent de leurs butins.

Ce serait très grave, puisque naîtront alors des vocations de voleurs d’argent public. Voler autant qu’il sera possible pour pouvoir garder le quart environ. « La médiation pénale au Sénégal n’est rien d’autre que la légalisation d’un pillage d’état et le feu vert pour un carnage économique par le régime actuel », écrit un certain Mohamed Touré, Coordonnateur du Fusd.

On a dit aux Sénégalais que mieux vaut cela que ne rien recouvrer du tout, parce que le voleur aura trop bien planqué son butin à travers des réseaux tellement opaques et complexes à travers le monde et les paradis fiscaux que la plus volontariste des traques ne pourra les débusquer.
Voilà une caution une onction à la malhonnêteté ! Faites n’importe quelle bêtise, volez le bien le plus précieux, il se trouvera toujours des individus intellectuellement malhonnêtes pour vous innocenter sans jamais avoir la preuve de votre intégrité.

Par Jean Meïssa Diop

Grand Place via seneplus.com

2 Commentaires

  1. L’ofnac lutte contre la corruption et non l’enrichissement illicite.
    Que vaut la déclaration de patrimoine quand demain la Crei peut vous dire que telle personne est votre prête nom et que sa société vous appartient

  2. Faut-il avoir pitié de Mara ?
    Ceux qui ont compris l’entre lignes de son discours auraient pitié de lui. Ce qu’il est obligé de faire, il l’assume comme un destin. Mais un destin qui ne le plait pas (« Au crépuscule de ma carrière, je pensais la terminer au ministère de la Justice »). Bref, Mara agit malgré lui. il n’est pas le seul. Mais il est plus honnête, moins acteur, et surtout, à la fin de sa carrière, il pense à ses vieux jours. Seulement voilà, ce n’est pas facile de rester propre quand on a un légionnaire à la tête de son pays.
    Je rappelle un autre exemple africain.
    Eric Breteau, à la tête de son fumeux Arche de Zoé débarque au Tchad, officiellement pour une action humanitaire. Pratiquement il rencontre, dans les villages tchadiens des pauvres auxquels il fait miroiter l’idée d’emmener leurs enfants en France pour prendre en charge leurs études et éducation. Mais pour faire sortir ses enfants du Tchad, il leur enroule des bandages qui sur la tête, qui sur les jambes ou bras. Et il humecte les bandages de mercurochrome. Puis il déclare aux autorités tchadiennes qu’il avait traversé la frontière pour recueillir des enfants soudanais blessés dans la guerre civile, et qu’il veut rapidement les emmener en France pour les soigner.
    Mais puisqu’il n’est pas facile de faire jouer du théâtre à des enfants, il a été suspecté et arrêté. Parce que les enfants qui avaient reçu consigne de boitiller ont oublié de le faire.
    Les membres de l’Arche arrêtés en flagrant délit, il restait à les juger. Mais depuis la France, Sarkozy exige leur libération. Il annonce même qu’il se déplacera au Tchad et qu’il fait de leur libération son affaire personnelle. Au Tchad, le juge qui était chargé de l’affaire (un vieux juge) comprend tout. Sarkozy veut une libération, alors Déby voudra une libération. Pour ne pas avoir à faire le sale boulot, et à l’avoir à vie sur la conscience, il prend un mois de congé, sous prétexte que sa vieille mère est très malade au village. Et c’est un jeune et nouveau juge, fraîchement sorti de l’école de magistrature qui doit assurer l’intérim. Dés le premier jour d’intérim, le jeune juge comprit tout ce qui l’attend. Alors, lui, il ne chercha pas de midi à 14 heures. Il déposa sa démission. Mais puisqu’il fallait rapidement tout mettre en place pour satisfaire son dieu Sarkozy, Idriss Déby nomma une dame comme juge. Et c’est cette dernière qui fit un simulacre de procès pour condamner à 8 ans de travaux forcés, assujettis de l’extradition des membres de l’Arche en France pour y purger leurs peines, sur la base d’accord judiciaires entre le Tchad et la France. Sarkozy pouvait ramener les membres de l’Arche. Il l’avait juré, il l’a fait. Mais arrivés en France les prisonniers voient leurs peines commués en 8 ans de prison simples. Puis des lobbys forcent Déby à leur accorder la grâce qui les voit libérés tout de suite. On voit donc un Déby gracier des négriers qui cherchaient à sacrifier des enfants tchadiens, et les gracier d’une peine qui n’était plus celle de la justice tchadienne. Simplement parce que les dirigeants français ne voulaient pas y salir leur renommé, le nègre de service, Déby se chargea de la sale besogne.
    Nous voyons un exemple parlant de saletés que nos dirigeants couchés devant les intérêts français sont prêts à faire faire à nos justices.

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