Abdoulaye Wade brigue dimanche un 3e mandat. A son compteur : 43 meetings, 62 parades… 6 morts et des dizaines de blessés.

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Extraits du reportage de notre envoyée spéciale au Sénégal,

(…) Après vingt-six années passées dans l’opposition et douze au pouvoir, celui que le premier président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, avait baptisé « le lièvre », symbole de la ruse sur le continent, »est le meilleur connaisseur du logiciel sénégalais », observe un diplomate européen en poste à Dakar. En vieux briscard, Wade a su, à l’approche de l’élection du 26 février, poser quelques rustines sur les points sensibles. Il a loué des générateurs électriques pour pallier provisoirement les délestages incessants qui ont provoqué, ces derniers mois, plusieurs émeutes. Pour répondre au coût dément des denrées de première nécessité et au chômage, qui touche la moitié de la population, il a promis d’établir une allocation pour les chômeurs et les retraités et… un salaire pour les chefs de village ! Sur scène, les bras tendus en avant, flottant dans son boubou bleu, il se révèle un tribun hors pair doublé d’un redoutable tacticien, qui scande en wolof qu’il va gagner avec 97% des voix dès le premier tour, tandis qu’il jure en français qu’il est un grand démocrate.

Mais s’il est toujours prêt à en découdre, en dépit de ses 86 ans officiels – qui en réalité approcheraient plutôt les 91 -, « Gorgui », le « Vieux » en wolof, comme l’appellent les Sénégalais, est fatigué. Sur certaines étapes, il troque la limousine pour l’hélicoptère. Comme souvent les vieillards, il est obsédé par son passé. A la fin d’un meeting, il saisit par la manche les quelques « toubabs » présents pour leur présenter, une lueur de fierté dans le regard, sa « griotte, celle qui connaît l’histoire de sa famille depuis mille deux cents ans ». « Il se construit sa propre mythologie », explique Abdou Latif Coulibaly. Pire, « il singe Senghor », qui avait lui aussi une célèbre griotte. Le journaliste d’investigation qui a enquêté sur tous les faits et gestes du président, au point de devenir l’un de ses pires ennemis, poursuit : « Il a un complexe terrible vis-à-vis de Senghor. Il se voudrait lui aussi un grand homme de son siècle, ce qu’il n’est pas. » Le père de l’indépendance sénégalaise avait su quitter le pouvoir. Pourquoi Wade ne part-il pas ?

Justement, s’amuse-t-il à répéter, Senghor est resté vingt ans, son successeur Abdou Diouf, dix-neuf ans, alors que lui n’en est qu’à douze ans. Plus sérieusement, Wade le bâtisseur, qui a consacré ses mandats au développement des infrastructures urbaines, dit avoir « besoin de trois autres années pour terminer les grands chantiers qui vont achever de faire du Sénégal un pays émergent ». Mais, pour ceux qui le suspectent de vouloir transmettre le pouvoir à son fils, Karim, en cours de mandat, la manoeuvre est limpide. En attendant, le fils chéri est, depuis 2009, ministre des Infrastructures, de la Coopération internationale, des Transports aériens et de l’Energie. Bref, « ministre de la Terre et du Ciel », comme le qualifient les Sénégalais, qui le honnissent.

Derrière ce soupçon, c’est la colère contre tout le système Wade qui éclate au grand jour. « Il a assis son pouvoir sur un affaiblissement de toutes les institutions démocratiques et sur un système de corruption inégalé dans l’histoire sénégalaise. Il a gaspillé l’argent public en enrichissant jusqu’à l’indécence ses ministres. Il n’y a qu’à voir leurs villas somptueuses », résume l’un de ses opposants, Ibrahima Fall, qui reçoit dans une grande bâtisse sobre de la capitale, comme pour prouver sa propre probité.

Pourtant, Wade conserve un fort capital de sympathie. Car c’est par lui, paradoxalement, que le pays est entré pour de bon dans la démocratie. A force de porter des coups de boutoir sur le mur du PS, il a fini par imposer l’alternance en se faisant élire en 2000, mettant ainsi un terme à quarante ans de règne socialiste. « Il a été très aimé », reconnaît même Abdou Latif Coulibaly, qui avait fait partie de ceux qui l’avaient porté au pouvoir. Que reste-t-il aujourd’hui de sa popularité ? Alors que les sondages sont interdits, seule la capacité de mobilisation de l’opposition peut servir de baromètre. (…)

http://tempsreel.nouvelobs.com

(Lire l’intégralité de cet article dans le « Nouvel Observateur » du 22 février 2012)

1 COMMENTAIRE

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