Accusé d’être prête-nom de Karim Wade – Diassé se «juge»…agneau du sacrifice

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Au cinquième jour de son interrogatoire, Alioune Samba Diassé qui dit totalement ignorer la raison de sa présence à la barre a continué de nier toute relation avec Karim Wade. Qui plus est, il a rejeté le rapport de l’expert évaluateur de sa société Abs/sa avant de solliciter une contre-expertise « pour tirer les choses au clair ».

Hier, mardi 23 septembre 2014, au cinquième jour de son interrogatoire, Alioune Samba Diassé a tenu tête. Malgré son fragile état de santé, le co-prévenu dans l’affaire Karim Wade a retrouvé la sérénité des grands jours en répondant calmement aux questions sans que la Cour ne soit pas obligée de suspendre l’audience, pour cette fois. Alliant anecdotes et traits d’humour, Diassé a réitéré et revendiqué la propriété de la société ABS/sa a tenté de savoir la raison de sa présence à la barre, tout en rejetant le rapport d’expertise évaluant sa société.

Diassé a ainsi défendu, à la barre de la Crei et sous la houlette de ses conseils, qu’il n’a rien à voir avec Karim Wade. Et pourtant, Ely Manel Diop, le premier Directeur général d’Ahs et témoin à charge, avait déclaré devant la commission d’instruction de la Crei que Diassé était le prête-nom de Karim Wade. A une question de son avocat, Diassé a tenu d’ailleurs à faire remarquer qu’il « ignorait Ely Manel Diop ». Qui plus est, il n’a cessé de s’interroger sur les raisons pour lesquelles il est attrait à la barre. Et de rappeler : « Quand j’ai voulu savoir la raison de ma présence dans ce dossier, on m’a dit que je suis à l’aéroport. Pour eux, je peux être le prête-nom de Karim Wade ».

Diassé a également rejeté en bloc le rapport de l’expert évaluateur de la société Abs/sa. Indiquant manifestement qu’il n’était pas prêt de gober les résultats de son expertise évaluant la société à 3 milliards 800 millions, Diassé a indiqué que la société « a été surévaluée et mérite une contre-expertise». Ce qui permettrait, selon lui, « de tirer les choses au clair ».

DEBAT DE PROCEDURE AUTOUR D’UNE LETTRE DES AVOCATS DE DIASSE A LA CREI :LE JEU EN VALAIT-IL LA CHANDELLE ?

Hier, mardi 23 septembre 2014, les avocats de la défense sont entrés dans tous leurs états. A l’origine, la lecture d’une lettre par Me Yérim Thiam au contenu défavorable aux avocats de Diassé. En clair, Me Thiam a estimé que les avocats de Diassé ont écrit à la commission d’instruction une lettre dans laquelle ils ont avoué entre autres que leur client est prête-nom de Karim Wade et s’est retrouvé dans une organisation financière qu’il ne maitrisait pas. C’était la confusion totale. Les conseils de Diassé, aidés en cela par quelques avocats de la défense, se sont alors levés pour accuser la partie de se lancer dans la dénaturation de documents. Après plusieurs débats, il est ressorti que les avocats ont écrit une lettre dans laquelle ils ont commencé à formuler les griefs avant de faire les commentaires. Mais Me Yérim Thiam a fait une lecture partielle des griefs qu’il a attribués aux avocats de Diassé. Au finish, la compréhension a vite gagné la salle et le débat s’est clos sur ces entrefaites.

PRODUCTION DE DOCUMENTS POSTERIEURS A L’ARRET DE RENVOI : QUAND L’ARTICLE 414 DU CODE DE PROCEDURE PENALE CLOT LE DEBAT !

Depuis quelques jours, les débats d’audience sont quelque fois paralysés voire ralentis par la production de preuves à l’audience. La démarche du parquet spécial brandissant incessamment les preuves non quottées n’a pas reçu l’agrément de la défense. Partie essentielle dans un procès pénal, le parquet doit, soit soutenir l’accusation, soit appuyer la relaxe de la personne poursuivie lorsqu’elle est fondée.
En l’espèce, la commission d’instruction dans sa mission de recherche et de réunion des éléments de preuve pour l’appréciation ou non du renvoi de la personne poursuivie devant la juridiction de jugement, a clôturé son travail depuis la saisine de la juridiction de jugement de la Crei. A la barre de la Crei, se déroule un véritable débat contradictoire où les arguments sont balayés par les contre-arguments.

Toutefois, si on limite exclusivement sur le terrain de la manifestation de la vérité, on peut se demander si le parquet peut continuer à brandir des preuves postérieurement à la clôture de l’information par la commission d’instruction de la Crei ? Doit-il se contenter des éléments fournis par la juridiction d’instruction de la Crei ? La défense contre-laquelle les preuves sont balancées est-elle fondée à les rejeter ? A priori, l’article 414 du Code de procédure pénale dispose que « le juge ne peut fonder sa décision que sur des preuves qui lui ont été apportées au cours des débats et discutées devant lui ».

Dans une manifestation de la vérité, processus éternel ne se limitant pas aux travaux de la commission d’instruction, le législateur n’a-t-il pas préféré à travers cette disposition inscrire la recherche de preuves dans la durée en ne se contentant pas seulement des preuves de la commission d’instruction. C’est en ce sens d’ailleurs que les « preuves peuvent être apportées au cours des débats». Certainement, pour favoriser l’équilibre des parties, les preuves doivent faire l’objet de discussion. C’est peut-être le sens de « et discutées devant lui » pour permettre un pouvoir d’appréciation de la Cour. S’il y a discussion, les conseils n’ont-ils pas l’occasion de démontrer la fausseté des documents. Mais rejeter à priori un document postérieur à l’arrêt de renvoi risque de paralyser voire éterniser inutilement les débats d’audience.

ECHOS ….ECHOS…

La charge de la preuve refait surface
D’attaque au cinquième jour de son interrogation, Diassé a démontré être propriétaire d’Abs/sa. Mais, il s’est dit surpris de n’avoir pas vu jusqu’à présent de preuves établissant le contraire. Comme pour dire que la loi sur l’enrichissement illicite fait peser la charge de la preuve sur le défendeur.

Sacré Diassé !
Dans son interrogatoire, le co-prévenu y est allé dans des informations les plus enrichissantes. Il a renseigné qu’un jour, lorsqu’il a voulu déposer une somme de 10 millions dans son compte, une banque lui a demandé de justifier l’origine des fonds. C’est la raison pour laquelle il a préféré les amener et les garder chez lui. Il ne s’est pas arrêté là puisqu’il a informé que « certains marchands ambulants de Sandaga sont capables de sortir sur le champ 500 millions ou 1 milliard. Pour soutenir que garder de l’argent à la banque comporte des difficultés.

Ça sent le doute
Les conseils de Diassé ne sont pas contents de l’information selon laquelle Diassé a craqué. Nonobstant une information diffusée par une certaine presse, selon Me Ousmane Sèye, Diassé n’a pas craqué. Et de poursuivre, «il s’ennuit de la répétition de questions auxquelles il a largement répondu». Et de dire en conclusion : «nous comprenons tout»

Me Ousmane Sèye s’en réfère à la Cour
«Depuis plusieurs jours, nous avons tout accepté. Ce n’est pas parce qu’on est à la barre qu’on se permet de poser n’importe quelle question. Certains avocats sont allés jusqu’à poser à mon client des questions relatives à sa belle-famille. Des questions pouvant même briser son ménage. J’appelle la Cour à recadrer tout avocat qui pose une question n’intéressant pas les débats », dixit Me Ousmane Sèye

Inculpé et prévenu
Lorsqu’un individu en conflit avec la loi reçoit une imputation officielle de l’infraction, il est inculpé. A partir du moment où il est renvoyé devant une juridiction correctionnelle pour être jugé d’un délit, il a la qualité de prévenu. Et s’il est renvoyé pour une affaire criminelle, il est accusé. En l’espèce, depuis l’ordonnance de renvoi de la commission d’instruction, toutes les personnes renvoyées devant la juridiction de jugement de la Crei pour étre jugées acquièrent le nom de prévenu. Hier, Me Yérim Thiam et Alioune Badara Cissé ont abusivement utilisé l’expression inculpé.

Sud Quotidien

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