Adama Faye: « Tout le monde au Sénégal sait que Mimi Touré n’a pas de base politique ».

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– Assis sur le sofa, le regard face à un écran plasma, Adama Faye, candidat déclaré à la mairie de Grand-Yoff, est au repos au domicile familial sis sur la Voie de dégagement nord (Vdn). Ces temps-ci, on le qualifie de contempteur invétéré du Premier ministre Mimi Touré, candidate déclarée à la mairie de Grand-Yoff. Un poste que le petit frère de la Première dame convoite sans se démonter. Dans cet entretien, il explique les raisons de son combat contre le Premier ministre, cloue au pilori le bilan du maire de Dakar Khalifa Sall, nie être le bras armé du Président de la République et de la Première Dame, sa grande sœur Marème Faye Sall. Le beau-frère de Macky souffle le chaud et le froid sur Mimi Touré.

Vous êtes candidat à la mairie de Grand-Yoff, au même titre que le Premier ministre Mimi Touré, qu’est-ce qui motive votre candidature à la mairie de cette commune ?

Vous savez, quand vous évoluez dans un quartier comme Grand-Yoff et que vous n’êtes pas content de la gestion du maire de la localité, votre devoir, ce n’est pas de croiser les doigts, mais d’agir. C’est pourquoi, j’ai trouvé normal de présenter ma candidature pour prendre la gestion de la mairie en main, de rectifier les choses qui n’ont pas été faites, mais surtout chercher à satisfaire les besoins des populations. Et j’estime que la mairie de Grand-Yoff n’a pas été bien gérée par l’équipe municipale actuelle. Et je suis quelqu’un qui peut être à même de satisfaire aux besoins des populations. C’est ce qui m’a poussé à vouloir être candidat à la mairie de Grand-Yoff.

A quand vous vous êtes décidé d’engager cette bataille pour la mairie ?

Je me suis décidé au lendemain de la victoire du Président Macky Sall au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2012. Je me suis décidé à partir de ce moment. Beaucoup de gens pensent que c’est aujourd’hui que j’ai commencé à nourrir l’ambition d’être candidat à la mairie de Grand-Yoff. Alors que la mairie est dans un coin de ma tête depuis belle lurette.

Est-ce que votre candidature et celle du Premier ministre Mimi Touré ne risquent pas d’affaiblir votre parti, si l’on sait qu’en face il y a Khalifa Sall ?

J’estime que ma candidature et celle de Mimi Touré peuvent affaiblir le parti, mais cela peut ne pas être le cas aussi. Je ne trouve pas que la candidature de l’actuel Premier ministre peut influer sur la majorité des militants de l’Apr au niveau de Grand-Yoff. Je ne le pense pas. C’est une candidature que je respecte. Parce qu’il n y a pas de raison que je puisse donner du crédit à ma candidature et manquer de respect à la candidature d’autrui. Je trouve que je suis membre-fondateur de l’Alliance pour la République (Apr) et que c’est moi qui ai emmené Mimi Touré à Grand-Yoff. Tout le monde au Sénégal sait que Mimi Touré n’a pas de base politique. Donc, si on en arrive à ce qu’elle veuille occuper le poste de maire de la commune, je n’y vois pas d’inconvénient, mais cela ne change en rien à ma candidature. Mimi Touré n’était pas militante de l’Apr, elle était dans le staff du Président, payée pour s’occuper du programme Yonnu Yokkuté. Le Président avait défini les grands axes du programme et formé un collège pour défendre son programme et Mimi faisait partie de ce collège. Et c’est après l’élection présidentielle que le Président l’a nommée ministre de la Justice. Peut être par souci de rendre la monnaie, elle a décidé de descendre au niveau de la base pour appuyer l’Apr. Après avoir essayé vainement à Gossas et Kaolack, elle a décidé de s’engager à Grand-Yoff, comme elle y a une maison. Elle est venue me voir par le biais de Mor Ngom (Ministre de l’Environnement et du Développement durable Ndlr 🙂 et je lui ai dit que si elle venait dans l’intérêt du parti, je ferais d’elle la coordonnatrice de l’Apr Grand-Yoff. Elle a été surprise de cette réaction, parce qu’elle ne s’attendait pas à cet acte d’une grande noblesse comme elle le qualifiait et je lui ai dit que je l’ai fait dans l’intérêt du parti.

Alors qu’est-ce qui explique vos propos virulents à l’endroit du Premier ministre Mimi Touré ?

Je n’ai pas tenu de propos virulents en son endroit, je n’ai fait qu’expliquer la situation politique au niveau de Grand-Yoff. J’ai tout simplement dit qu’on n’est plus ensemble. Je ne vois pas pourquoi je dirais du mal de Mimi Touré. Elle a dit que je suis son petit frère, je réponds qu’elle est ma grande sœur. Elle a peut-être reconnu tardivement que je suis son petit frère. Pourtant, je l’ai toujours considéré comme ma grande sœur, raison pour laquelle je l’avais acceptée à Grand-Yoff.

Mimi Touré vous a pourtant tendu la main publiquement, pourquoi ne pas l’accepter ?

Ce n’est pas une question d’accepter la main tendue de Mimi Touré ou d’une autre personne. Vous savez, j’ai une position très claire. Mimi Touré est Premier ministre, elle n’a pas besoin de descendre aussi bas pour postuler à la mairie de Grand-Yoff. Je dis qu’en politique, le Sénégal est un chantier où l’électricien, le maçon, le plombier y ont leur place. Mimi Touré est actuellement Premier ministre, je trouve que quelqu’un du parti peut diriger la mairie. Parce que je suis foncièrement contre le cumul de fonctions. Mimi Touré veut être Premier ministre, maire de Dakar ou de Grand-Yoff. C’est cette position-là que je n’accepte pas. C’est ce qui est à l’origine de notre différend.

«Je suis libre…la Première dame et le président de la République ne me dictent pas ma conduite»

On accuse votre sœur la Première Dame d’être derrière les attaques que vous proférez contre le Premier ministre Mimi Touré. Est-ce le cas ?

Je ne mène pas une bataille contre Mimi Touré, je suis dans une autre logique. J’ai implanté l’Alliance pour la République (Apr) à Khar Yalla depuis mars 2009. A l’époque, je ne connaissais pas Mimi Touré, j’ai massifié le parti à Grand-Yoff, Khar Yalla. J’ai gagné directement au premier tour au centre de vote le plus important de Khar Yalla. Je ne mène pas de bataille contre Mimi Touré. Et puis, la Première dame et le président de la République ne me dictent pas ma conduite. J’ai ma liberté d’expression et ma liberté d’agir. Et tout ce que j’ai fait, c’est pour le triomphe du Président Macky. J’ai toujours œuvré pour cela. Et j’ai une petite société que je gère, qui me permet d’être libre, de ne dépendre de personne. Personne ne m’a rien dicté. Au contraire, le Président et la Première Dame sont contre la division à Grand-Yoff. Je n’agis pas en tant que beau-frère du Président. Il n’y a rien d’extraordinaire d’être le beau-frère du Président. Le temps de Wade est révolu et je ne serai pas victime de ma position parentale. Ce n’est pas parce que je suis beau-frère du Président que je ne vais pas agir en tant que citoyen, ce n’est pas parce que je suis petit frère de la Première Dame que je n’ai pas le droit d’être candidat. Je suis de la belle famille du Président, je l’ai toujours respecté. Donc, si ma candidature à la mairie de Grand-Yoff et de Dakar peut poser problème au Président ou au niveau du parti, je peux présenter ma liste en dehors du parti. Parce que, ce que je veux ne se trouve pas entre les mains du Président ni entre les mains de la Première dame. Ce que je veux se trouve entre les mains du Bon Dieu et des populations de Grand-Yoff.

Est-ce que votre candidature à la mairie de Grand-Yoff, vous en avez parlé au Président et à la Première Dame ?

La seule chose où j’ai eu à parler avec le Président, c’est en février 2009 et à l’époque j’avais dit au Président Macky Sall que je peux gérer ma base à Khar Yalla. A la suite de cela, il m’avait donné le feu vert. Depuis lors, toutes les actions que j’ai eu à faire à Khar Yalla ont été sanctionnées par un succès. Et puis, je ne peux pas parler de ma candidature avec le Président, parce qu’il ne décide pas des candidatures au niveau des Locales. Le Président en bon chef de parti laisse la base apprécier les candidatures. Car pour lui, c’est la base qui décide. Je ne peux pas dire au Président que je veux cette mairie ou telle autre. Je me suis entendu avec ma base et elle est d’accord pour que je prenne cette mairie et c’est ce qui m’importe le plus.

Dans cette bataille pour la mairie de Grand-Yoff, on vous sent moins critique à l’endroit de Khalifa Sall. Cela est dû à quoi ?

Les gens ne semblent retenir que mes sorties contre le Premier ministre Mimi Touré. Mais s’il s’agit de virulence, je suis plus virulent à l’endroit du maire actuel, Khalifa Sall. Car je ne cesse de dénoncer sa manière de gérer la mairie de Dakar.

«Khalifa Sall n’a rien fait à Dakar…»

Qu’est-ce que vous lui reprochez ?

Khalifa n’a rien fait à Dakar. Il ne peut pas avoir un budget d’autant de milliards de FCfa par an et se contenter de donner du menu fretin aux populations. En 2009, 2010, 2011, il n’a rien fait et maintenant il attend la fin de son mandat pour essayer de faire des pavages. Je pense qu’il y a des choses beaucoup plus importantes. Je ne peux pas comprendre que Khalifa ait ce comportement des socialistes tendant à attendre toujours le dernier moment pour rafistoler. Il en était ainsi sous le régime de Diouf, c’est uniquement à la veille des élections que les gens essayaient de rafistoler par-ci, par-là, en allumant les lampadaires, en faisant des routes.

Pourtant, beaucoup de Dakarois saluent le travail qu’il est en train d’accomplir…

Il a commencé à faire des réalisations à Dakar, c’est le pavage des rues, les feux de signalisation. Mais dans le dossier d’appel d’offres des feux de signalisation, il y a quoi exactement ? Il devait y avoir des caméras de surveillance, beaucoup de projets qui ne sont pas encore réalisés. Je ne peux pas accepter son bilan. Si j’étais d’accord avec le bilan de Khalifa Sall, je n’allais pas me présenter pour la mairie de Dakar. Parce que mon objectif, c’est la mairie de Dakar.

Avez-vous les épaules larges pour devenir Maire de Dakar, car avant l’avènement de Macky au pouvoir personne ne vous connaissait ?

Vous savez, il faut un temps pour connaître quelqu’un. Il faut un début à tout. En 1999, beaucoup de Sénégalais ne connaissaient pas Macky Sall. Les Sénégalais l’ont connu quand il était ministre de l’Energie et des Mines. Mais actuellement, il y a des Sénégalais qui me connaissent alors que je ne suis ni ministre ni directeur de société. Vous ne me connaissez pas, mais je suis très connu à Grand-Yoff dans ma base. C’est ce qui m’importe le plus.

«Si ma position gêne le Président Macky et son parti, je suis prêt à faire ma propre liste»

Certains estiment que si votre sœur n’était pas Première Dame, vous n’alliez jamais vous engager en politique, que leur répondez-vous ?

Ma sœur est Première Dame depuis deux ans et je me suis engagé en fin 2008, quand le Président Macky a demandé à toutes les personnes qui voulaient l’accompagner d’aller dans leur base. C’est en ce moment que je me suis engagé en politique et j’ai gagné dans ma base. Je me suis engagé en politique avant que ma sœur soit Première Dame. Est-ce que je devrais arrêter de faire de la politique après que ma sœur est devenue Première Dame ? Je trouve que non. Du moment que la Constitution ne nous interdit pas d’occuper un poste, je pense qu’on devrait l’occuper. Je dis que si ma position de parent du Président peut le gêner, je suis prêt à faire ma propre liste. Dans ce cas-là, on ne parlerait plus de parenté avec le Président.

Est-ce qu’on peut s’attendre à des retrouvailles entre vous et le Premier ministre Mimi Touré ?

On est en politique. Sincèrement, ma seule intention, c’est que le Président Macky Sall réussisse. Je ne ferai pas quelque chose qui puisse bloquer, ternir ou entraver cet objectif. Si Mimi Touré n’est plus candidate à la mairie, je ne sais pas ce qui nous empêcherait de nous retrouver. Tout ce que je lui demande, c’est de rester à son poste de Premier ministre et laisser la mairie de Grand-Yoff diriger par un autre responsable de l’Apr. Je trouve que le poste de ministre est tellement encombrant qu’on ne devrait pas le cumuler à autre chose. Je suis même contre les ministres descendent sur le terrain pour faire de la politique. Le conseil que je peux donner au Président, si je peux me le permettre, c’est que les ministres restent dans les ministères et laissent la politique aux députés, aux maires et aux gens de la base. Je pense qu’il y a trop de politique au Sénégal et cela empêche le Président de travailler. Aujourd’hui, les ministères sont devenus des bureaux à palabres, les gens ne viennent pas à l’heure. On ne travaille pas assez au Sénégal, cela risque de nuire au bilan de Macky.

Que faites-vous dans le civil ?

Je suis un jeune politicien né en 1976. Depuis plus de 16 ans, je gère une société de construction en Bâtiment et Travaux publics (Btp). Je suis à la recherche de marché d’appel d’offres dans les journaux. J’ai eu beaucoup de blocages sous l’ère Wade. Je me suis engagé dans la politique avec le soutien des populations de Grand-Yoff et de Khar Yalla et je ne les remercierai jamais assez.

MOR TALLA GAYE
LOBS

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