Affaire GADIO : du sens des mots…

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Les lobbyistes pullulent aux États-Unis. Ils ont pignon sur rue, font des offres de services aussi alléchantes les unes que les autres. Comment appelle t-on les sommes qu’ils perçoivent? Des commissions? Des honoraires ? Des royalties? Vous n’entendrez jamais les sommes perçues par un lobbyiste américain qualifiées de termes barbares. Vous n’en verrez aucun suspecté de corruption ou d’avoir versé des pots-de-vin dans le cadre d’une intermédiation. Et pourtant, les montants faramineux qui changent de mains dans le secteur du pétrole et des armes sont sans commune mesure avec les 260 millions de francs…cfa dont on parle dans le dossier de Cheikh Tidiane GADIO. Les échanges d’argent discret, appelée « commissions » ou « rétro commissions » expliquent l’existence des comptes off-shore et des sociétés domiciliées dans les paradis fiscaux. Ces Paradis fiscaux sont bénis par les États les plus puissants du monde. De temps en temps on ouvre le couvercle de la marmite pour laisser dégager les mauvaises odeurs ( Panama Papers, Paradise Papers) et puis on referme aussitôt. Ces mécanismes sont consubstantiels du « système »…

Le lynchage médiatique dont fait l’objet, sans discernement, notre compatriote Cheikh Tidiane GADIO est excessif. Fut-il coupable des faits qui lui sont reprochés, il reste défendable. Avec des droits. À ses avocats de faire la preuve de leur aptitude à montrer au juge une autre lecture que celle à charge des enquêteurs.

En attendant, la presse de notre pays devrait faire preuve de prudence. Les articles tendancieux qui pullulent depuis ce matin ne laissent aucune place au doute. Cela est profondément injuste. Par ailleurs, la Justice américaine a des ressources et des aptitudes a trouver des « arrangements » surprenants. Strauss-Kahn est libre comme le vent, pour des faits beaucoup plus graves et moins honorables!
Et si les dénonciateurs de Gadio n’étaient que les compagnies adverses, déçues par l’issue d’une transaction? La guerre économique est sans pitié.
Quant à nous apprenons à maîtriser nos…émotions!

Nous apprenons, en passant, qu’il ne faut rien dire d’important dans nos mails. Ils sont lus par des yeux inamicaux. La bonne vieille poste, les lettres en papier, ça reste le plus sûr. Encore que…

En attendant, et pour des raisons personnelles et amicales, j’exprime à Cheikh Tidiane GADIO et à sa famille ma compassion et ma solidarité dans l’épreuve. Les amis restent toujours les amis, même et surtout dans les moments difficiles.

Amadou Tidiane WONE
[email protected]

8 Commentaires

  1. Merci encore, Mr Wone. L’Afrique, en général, et le Sénégal actuel, en particulier, doit absolument avoir ce genre de lecture de notre monde actuel. Parce que ceux qui n’ont pas cette lecture sont les analphabètes actuels. C’est faux de dire que ceux qui ne maîtrisent pas les TIC sont les analphabètes d’aujourd’hui. Les vrais analphabètes sont ceux qui ne peuvent pas comprendre ce que des humains comme eux peuvent cacher dans les TIC pour leur faire penser comme ils le souhaitent, leur faire aimer ce qu’ils veulent et faire haïr ce qu’ils aimeraient qu’ils haïssent.
    L’Occident, en général, contrôle nos opinions, notre vision du monde par un simple monopole du sens des mots. Il y a un exemple concret que les sénégalais ont pourtant vécu, sans que beaucoup le sache. Tony Blair avait eu une audience avec Macky Sall, au début de son mandat, en 2013. La suite a été que Macky Sall a accepté la transaction proposé par Arcelor Mittal de verser 75 milliards et que le pouvoir ferme les yeux sur les 2300 milliards que e Sénégal pouvait obtenir. Ce que les gens ignorent est que Tony Blair était un mandataire d’Arcelor Mittal. Il était un lobbyiste employé par Mittal pour ses démarches qui font avancer ses intérêts. Blair a donc décroché pour Mittal une timbale de plus de 2000 milliards, avec un arrêt de longues procédures judiciaires coûteuses. C’est un excellent succès, vu du côté de Tony Blair, et un drame vu du côté des sénégalais réfléchi. La question est de savoir combien Tony Blair a t il touché venant de Mittal pour ce succès. Comment appelle t on l’argent qu’il a reçu ? Comment appelle t on tout ce qu’il a dépensé pour pouvoir avoir accès à Macky ?

  2. L’habitude voilà l’ennemi des sénégalais
    Ils sont tellement habitué à voler voir voler détourner voir détourner mentir s’enrichir malhonnêtement que plus rien n’est grave
    Ici on compare les sommes là on rappelle que les autres aussi font la même chose et encore on cri à la discrimination
    Enfin la seule chose sur laquelle je suis d’accord avec cette contribution de quelqu’un du reste que je respecte et même lire c’est qu’il faut accorder à ce Mr Gadio la présomption d’innocence
    Wasalam

  3. Je suis parfaitement d’accord avec Monsieur Wone. Je suis enclin à penser que Dr Gadio est victime de sa naïveté. Avec ses dix années à la tête du Ministère des Affaires Etrangères, il dispose d’un carnet d’adresse de qualité. Cela le met en bonne position pour faciliter les contacts avec de très hautes personnalités, en Afrique et au-delà. Il est de coutume (en tout cas aux USA) qu’un tel rôle d’influence soit parfois rémunéré, ceci en toute légalité. Si Dr Gadio pensait être dans l’illégalité, pourquoi a-t-il demandé que les paiements qui lui sont dus soient faits dans son compte basé aux USA ? Je ne connais pas Dr Gadio personnellement, mais j’ai toujours apprécié la pertinence et la profondeur de ses analyses, sa hauteur d’esprit et sa grande courtoisie. Un grand monsieur qui a fait un faux pas, ce qui peut arriver à chacun d’entre nous. Je souhaite de tout cœur qu’il sorte indemne de cette rude épreuve, en tire les enseignements et se remettre au service de son pays et du contient. En attendant, comme nous y invite Monsieur Wone, sachons raison garder. Attendons d’avoir les tenants et aboutissants de cette affaire avant de juger.

  4. Monsieur le Ministre,
    Pour la première fois, depuis que je suis devenu un lecteur assidu de vos pertinentes analyses, permettez-moi de marquer mon désaccord relativement à la lecture que vous faites de l’arrestation de notre ancien MAE Cheikh Tidiane Gadio.
    Il y a beaucoup de confusions dans votre analyse. Les lobbystes, sont déclarés et ne peuvent entamer un mandat sans l’inscrire sur un registre ouvert à cet effet. De plus, pour se faire inscrire sur la liste des lobbystes, il faut respecter un délai de carence (3 à 7 ans selon les législations), c’est-à-dire entre la fin de vos anciennes fonctions et votre reconnaissance comme lobbyste. Ce que Gadio n’a pas fait, car ayant démarré son cabinet aussitôt évincé de ses fonctions ministérielles. Donc, il serait hasardeux de le comparer aux lobbystes américains qui empochent beaucoup d’argent en toute impunité. Vous savez mieux que tout le monde, en Amérique du Nord, on ne bandine pas avec le non-respect des règles concurrentielles, car toute la doctrine libérale qui influence l’organisation des économies est basée sur les principes de la concurrence pure et parfaite. Vous n’êtes pas savoir, puis que vous étiez Ambassadeur au Canada, que c’est au nom de ces règles qu’en 2012, le patron de l’une des plus grandes firmes mondiales d’ingénierie (SNC Lavalin) a été arrêté et contraint à la démission pour avoir obtenu, avec la firme anglaise Innisfree, le contrat de construction du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) de 1,3 milliard de dollars grâce au versement de pots de vin de 22 millions de dollars. Mieux, cette même firme (et toutes ces filiales), en avril 2013, a été radiée, pour une période de 10 ans, de tous les marchés impliquant la Banque mondiale suite à des accusations de corruption dans le cadre du Projet de construction du pont multifonctionnel du fleuve Padma (Bangladesh). En plus des lois nationales, la Banque Mondiale s’est même dotée d’une Vice-présidence chargée de l’Intégrité qui lutte contre la corruption comme moyen d’obtention de marchés. Si vous jetez un coup d’œil sur le dernier rapport annuel de cette entité, vous vous rendrez compte, en 2017, il y a 289 entreprises et hommes d’affaires qui ont été épinglés et exclus de toute possibilité de soumissionner à des marchés ou la BM est partie prenante (http://pubdocs.worldbank.org/en/703921507910218164/2017-INT-Annual-Update-FINAL-spreads.pdf). Les poursuites pénales associées à ces dossiers sont évidemment du ressort des autoritaires judiciaires de chaque pays, comme c’est le cas actuellement de Gadio. Enfin, le Panama papers diffère du Paradise Papers. Il n’y a aucune raison de les mettre sur le même pied d’égalité et de les convoquer dans un argumentaire visant à défendre Gadio. Le Panama papers est relatif à des évasions fiscales (se soustraire aux lois fiscal) tandis que le Paradise papers concerne des schémas sophistiqués d’optimisation fiscale (le tout dans le respect des lois).
    Je souscris entièrement à votre appel à la prudence et de ne pas céder à l’émotion, mais j’ai l’impression que vous avez fait cette analyse sous le coup de l’émotion étant donné les liens qui vous ont unis, vous (Ambassadeur) et Gadio (MAE). Si Gadio est arrêté et inculpé, c’est parce les américains détiennent de solides preuves contre lui. Ce n’est pas la justice sénégalaise. Nous les sénégalais avons toujours l’habitude de ne jamais répondre de nos responsabilités et de tout rejeter sur les autres. Le cas de Lamine Diack est là pour le prouver avec une tonne de preuves récoltées auprès de pays et d’acteurs différents et qui vont toutes dans le même sens : lui et ses fils ont profité de ses fonctions pour s’enrichir. Il n’y a que nous qui refusons de nous rendre à l’évidence. Wa salam.
    Tous mes respects.
    Ibrahima Sadikh NDour

    • D’accoes avec le fond de votre analyse. J’en suis aux formes pour le moment. Tout ce que vous énoncez ce sont les principes. La réalité est fort différente aux USA. Juste un exemple, la Mafia. Une entité qui est illégale mais qui fait partie du système. Des parrains de la Mafia sont connus. Les hommes politiques les fréquentent et utilisent même leurs services parfois. Aux USA, l’essentiel c’est d’avoir un bon avocat. Tout se négocie en affaires. Sauf le meurtre. Et encore…
      Pour revenir au cas de Gadio, il est certain que des éléments justifiant son interpellation existent. Par quelle magie se sont-ils retrouvés dans la presse sénégalaise? Qui a intérêt à diffuser ce dossier. Je suppose que ce sont les perdants dans la transaction qu’il a facilitée. Alors attendons d’y voir un peu plus clair. Par ailleurs « évasions » fiscales et « optimisations » fiscales aboutissent au même résultat: faire gagner plus d’argent à certains au détriment de la collectivité.
      Le « système » est habile à concevoir des dispositifs « légaux » pour offrir des opportunités aux puissants. Tous les embargos décidés par les Nations-unis par exemple sont contournés tous les jours, à la lisière de la légalité par les « initiés ». Avec une multiplication des gains en raison de la contrainte.
      Au Canada, j’ai aussi assisté pendant plus d’un an aux audiences de la Commission Charbonneau… la Mafia était au cœur d’un dispositif connu et…craint de racket et de corruption. Dans un pays aussi organisé que le Canada, je croyais rêver. Rien n’est simple ni parfait.
      Mon cher Ibrahima, le système est un jeu avec des enjeux. Il faut, parfois attendre la fin du jeu pour savoir le dessous des cartes. En attendant, je prie pour un ami. Jusqu’à plus ample informé. C’est peut-être une faiblesse…passagère!

  5. C’est juste ce qu on appelle dommage collatéral ,Cest un avertissement à tous ces africains qui penchent vers les intérêts chinois au détriment de ceux des américains.
    Un pays doit protéger ses citoyens et la presse prudente dans ses sorties.
    Jamais vous ne verrez les américains laisser leur compatriote entre les mains d une justice étrangère sans réagir vigoureusement même si par ailleurs celui ci est fautif .
    Les américains ont le don de qualifier ce qu ils veulent comme ils le veulent et quand ils le veulent.L alcool est devenu légal après avoir été illégal ,Et Aujourdhui Cest Le yamba qui est légalisé pendant ce temps des gens croupissent dans les prisons pour détention de chanvre indien.Demain ces commissions peuvent être légales selon eux.
    Gadio reste innocent jusqu’à à la preuve du contraire,alors messieurs un peu de retenue .

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