Affaire Karim Wade – Spolié au profit du projet EDEN ROC : Les vérités du Général Lamine Cissé

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Sans la moindre mise en demeure et dans l’illégalité totale, l’ancien ministre de l’Intérieur le général Lamine Cissé a été spolié de son terrain au profit des promoteurs du Projet Eden Roc. Face aux juges de la Commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Ci-Crei), l’officier est revenu sur cette affaire inédite.

L’ancien ministre de l’Intérieur, le Général Fall, était attributaire d’un bail et a été spolié au profit de la famille Bourgi. Le 21 mars 2004, celui qui est actuellement coordinateur des Nations-Unies pour la réforme du secteur de la sécurité en Guinée Conakry a été entendu par la Commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illi- cite (Ci-Crei).
S’il dit ne pas connaître Karim Wade, Bibo Bourgi, Karim Bourgi, Pape Mamadou Pouye ou Abdou Mody N’diaye, le Général a fait des révélations aux juges : «J’ai obtenu ce bail le 21 juin 1999. Je vous laisse copie de ce document. Sur les circonstances, c’est lorsque j’étais ministre de l’intérieur qu’on m’a proposé ce bail. Je n’ai pas formulé de demande dans ce sens. C’est lorsque j’étais ministre de l’intérieur que Mme Aissatou N’diaye, ministre déléguée chargée du budget, m’a proposé l’acquisition d’un terrain et j’avais le choix entre ce site de l’avenue Roosevelt et une autre parcelle sise à Fann-Résidence. Puisque j’habitais sur l’avenue des Diambars, j’ai porté mon choix, pour des raisons de proximité sur l’avenue Mandela angle avenue Roosevelt, cela après avoir visité le site avec Mme le ministre. C’est dans ces circonstances que le bail m’a été établi et le terrain a été mis à ma disposition.

Même s’il est toujours titulaire du bail, le Général explique : «Lorsqu’on m’a donné le bail d’une durée de 50 ans, l’une des premières conditions était de payer les premières redevances qui s’élevaient à 782.500 Fcfa. En 2001, je suis parti m’informer du contenu d’une lettre qu’on m’avait adressé pour, entre autres, non paiement des frais de l’année écoulée, et défaut de mise en valeur du terrain.
Sur ces entrefaites, un ami dont je ne me souviens de l’identité m’a conseillé d’informer le Président. On m’a également conseillé de saisir Idrissa Seck (pour plus de rapidité), le Pm de l’époque, que j’ai informé par lettre ». L’officier supérieur poursuit : «Il m’a répondu en me donnant les mêmes raisons pour lesquelles on m’a retiré le terrain. Cette lettre a été signé avec la mention «Po» par Youssou Ndiaye, ministre d’état, Ministre de la Jeunesse et des Sports. Pour moi, l’affaire état close. Je pensais que l’état avait retiré le terrain légalement ».

La lettre de Idrissa Seck

«Lorsque je suis rentré en 2006, des amis m’ont demandé les circonstances de ce retrait et m’ont fait remarquer que le retrait a été fait sans mise en demeure », selon le général.
Qui ajoute : «Il est vrai que je n’ai pas reçu de mise en demeure. Le 04 mar2009, j’ai écrit au directeur des domaines. Je vous produis copie de cette lettre. Mais un jour, au cours d’une audience avec le Président Wade en 2008, ce dernier m’a demandé si je n’avais pas de problème, j’ai répondu par la négative. Le Président m’a reposé la question au cours de l’audience. Je lui ai dit que mon terrain acquis sur Roosvelt m’a été repris ».
D’après le général, «Il (ndlr : Wade) donnait l’impression de ne pas être content de cela. Il a fait appeler Habib Sy, son directeur de cabinet. Ce dernier m’a également reçu et il m’a demandé qui avait retiré le terrain, je lui ai répondu que c’est l’Etat à travers mes domaines. Il m’a dit qu’il allait s’informer. Ce dernier a appelé aux domaines et s’est enquis de la situation et a de- mandé qu’on me donne une autre parcelle. M. Tahibou Ndiaye m’a appelé à la suite pour me dire qu’il avait reçu des instructions pour me donner une autre parcelle. »

«Quelques jours après », renseigne le général, «je l’ai appelé et il m’a demandé d’attendre. Je l’ai rappelé deux ou trois fois encore. Je ne connaissais pas Tahibou Ndiaye. Je précise que ce dernier m’a une fois dit que s’il savait que le terrain était à moi, il ne m’aurait pas été retiré. Je précise encore que je n’ai pas reçu de mise en demeure. Le bail date de juin 1999. Et à l’époque, j’avais payé la première redevance de 782.500 Fcfa. Je pensais que les paiements annuels subséquents devaient être effectués à la suite de correspondances envoyées par les services des domaines mais c’était une erreur de ma part, le paiement devant être effectué spontanément par l’attributaire du bail suivant les clauses du contrat ».

Enfin, estime le général, «on m’a reproché de n’avoir pas payé la redevance annuelle et de n’avoir pas mis en valeur le terrain. Ces reproches ont été faits dans les lettres que m’ont adressées le directeur des domaines ainsi que le Pm de l’époque, Idrissa Seck.
Malheureusement, je n’ai pas gardé ces deux correspondances puisque je me trouvais à l’époque à Bangui et j’avais estimé que tout était perdu donc je ne voyais plus l’intérêt de garder les documents y afférents ». Toujours d’après l’ancien ministre de l’Intérieur, «lors de mes différentes rencontres périodiques avec le président Abdoulaye Wade, celui-ci m’a à chaque fois posé la question de savoir si je n’avais pas de problèmes et j’ai toujours répondu par la négative.
Il en était de même avec son directeur de cabinet Habib Sy et ce en dépit des demandes pressantes de mes amis qui voulaient que je leur parle de l’affaire du terrain dont j’ai été dépossédé. Cependant, à l’occasion d’une de mes rencontres avec le président Wade, je lui ai parlé de la parcelle après une de ses questions. J’ai eu l’impression que toutes les questions qui m’ont été posées à l’occasion de mes rencontres, révélaient une parfaite connaissance de ce que j’ai été spolié de me droits sur le terrain. Le terrain qu’ils m’ont proposé en échange était une réparation du tort que j’ai subi. (Et) l’attribution d’un autre terrain en échange n’a jamais eu lieu ».

Libération

3 Commentaires

  1. le général déclare « Je pensais que les paiements annuels subséquents devaient être effectués à la suite de correspondances envoyées par les services des domaines mais c’était une erreur de ma part, le paiement devant être effectué spontanément par l’attributaire du bail suivant les clauses du contrat ».
    Donc pas de mise en demeure puisque « spontané »

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