Affaire Petro-tim, limogeage de Nafy Ngom Keïta : Les révélations de Baba Aïdara

Date:

Journaliste d’investigation accrédité au Center for public integrity et au Foreign press center aux Etats-Unis, Baba Aïdara fait partie des Sénégalais les plus engagés dans cette bataille pour la transparence dans la gestion des hydrocarbures. Pourvoyeur de documents de la plupart des opposants qui mènent un combat acharné contre le régime autour de la «nébuleuse Petro –Tim», le correspondant de la Rfm en Amérique se présente désormais comme la terreur du régime de Macky Sall. Dans cet entretien avec « l’As », il décortique les contrats rendus publics, démonte les arguments du Premier ministre Mohammad Bon Abdallah Dionne et tente d’éclaire l’opinion sur l’implication du frère du Président, Aliou Sall.

L’As : Vous faites partie de ceux qui alimentent le débat sur les contrats pétroliers. Qu’est-ce qui est irrégulier dans cette affaire Petro Tim ?
Tout est irrégulier du 17 janvier 2012, date de la signature du contrat jusqu’au 19 juin 2012, date de la signature du décret. Au lendemain du départ de Me Abdoulaye Wade de la Présidence de la République, le britannique Tullow Oil avait attaqué le contrat signé par Karim Wade. Aussitôt, le Président Macky Sall a trouvé une belle occasion d’étrangler Karim Wade et son père. C’est ainsi qu’il a transmis le dossier à l’Inspection générale d’Etat (Ige). A la suite de ses investigations, l’Ige a fait des recommandations et la plus importante, c’était d’annuler le contrat signé par Karim Wade. Le Président Macky Sall, qui était dans ces dispositions, a finalement changé de posture, car Eddie Wang et son ami Frank Timis se sont rapprochés du frère du Président Aliou Sall. Ce dernier a décanté la situation en intervenant auprès de son frère. Le 19 juin 2012, le président de la République a signé un décret pour attribuer les licences Saint Louis et Kayar à la compagnie Petro Tim limited créée le 19 janvier 2012, c’est-à-dire deux jours après la signature du  contrat par Karim Wade qui n’avait pas respecté le code pétrolier sénégalais.
Pourtant, le Président Macky Sall n’ignorait pas cet aspect, compte tenu de son parcours de Petrosen à la Présidence de la République. A cela, s’ajoutent les résultats de l’enquête menée par l’Inspection générale d’Etat. Donc le Président a sciemment signé un décret qui s’est basé sur un mauvais contrat.
Pour vraiment fermer ce chapitre et jouer la carte de la transparence, nous n’avions pas besoin de tout ce discours de politique pétrolière. Il faut juste déclassifier le rapport de l’Ige avant la date du 19 juin 2012 qui marque la signature de ce décret qui, aujourd’hui, est à la base du feuilleton pétrolier et gazier du Sénégal. Et tenez-vous bien, c’est ce qui a précipité le départ de Mme Nafy Ngom Keita de l’Ige. Petro Tim est à la base du départ de Nafy Ngom Keita de l’Ige. C’est encore Petro Tim qui est à l’origine du départ de Mme Keïta de l’Ofnac.

Vous parlez du «Hit and run» de Aliou Sall. En quoi son intervention est suspecte?
Hit and run c’est du «dorr» au Sénégal. C’est le transfert effectué le 3 juillet 2014 entre la compagnie Petro Tim limited et Timis corporation qui me faisait dire «hit and run». Ce qui s’est passé, c’est du jamais vu dans le monde du pétrole. Il y a eu un transfert gratuit à 100% de Petro Tim limited à Timis corporation. Dans un document de Kosmos présenté au gouvernement fédéral américain, Kosmos explique le processus qui a conduit à son entrée dans le pétrole et gaz sénégalais. Il est clairement dit qu’une vente d’actifs s’est opérée entre Petro Tim limited et Timis corporation. Ce qui est appelé dans ce document : «assets purchase agreement», c’est-à-dire convention d’achat d’actifs où il y a  au moins un vendeur et un acheteur. Une vente d’actifs n’a rien à voir avec l’exploration, car c’est la période d’’exploration qui est exonérée de taxes, même si après on s’est rendu compte que cette vente était fictive.

Vous voulez dire que le Premier ministre Dionne a donné de fausses informations. Qu’est-ce qui est faux ? Disposez-vous de documents pour corroborer vos allégations ?
Oui bien sûr,  et tout au long de son discours. Il a dit que sur 168 puits, ce sont 8 puits qui ont été testés positifs et c’est sous Macky Sall. C’est énorme et cela vient d’un Premier ministre. Où va-t-il mettre le gaz exploité à Gadiaga par Forteza? Il a aussi évoqué une liste de compagnies qui  sont rentrées sans succès. Et dans la foulée, il parle de Shell, de Vanco entre autres compagnies. Il a cependant oublié de dire aussi que Vanco avait présenté un rapport à l’Etat du Sénégal en mai 2000, au moment où l’actuel chef de l’Etat était chef de division de la banque de données de Petrosen. Ce rapport disait déjà en mai 2000 que l’Etat du Sénégal doit s’atteler à installer immédiatement des pipelines en passant par le détroit de Gibraltar et vers l’Espagne afin de vendre, dans un futur très proche, à l’Europe du gaz. Je dis bien vendre du gaz à l’Europe qui subit le diktat Russe. Ceux qui parlent de délit d’initiés savent bien de quoi ils parlent. Le Premier ministre a aussi déclaré que les découvertes de Kosmos et de Timis ont vraiment donné de l’espoir au Sénégal. Encore faux, car c’est à Far Limited (compagnie australienne) que Me Wade avait donné la licence. Par la suite, celle-ci a trouvé des partenaires comme Cairn et Conoco Philips  qui ont démontré aux yeux du monde que le Sénégal a des potentialités énormes de gaz et du pétrole suite aux découvertes de  2014 et non en 2016 par Kosmos.
Il a aussi soutenu que Timis avait acheté la maison-mère de Petro Tim Limited, c’est-à-dire Petroasia Limited basé à Hong Kong, certainement pour écarter cette histoire de taxe sur la vente d’actifs entre Timis et Petro Tim limited. Avec cette déclaration, il prend le contrepied de tous les anciens responsables de Petrosen qui nous parlaient de la procédure de cessation d’actions, car ces derniers disaient que sur chaque transfert entre un contractant et une compagnie étrangère du contrat,  l’un des contractants a son droit de préemption et ce transfert doit être approuvé par le ministre de l’Energie. C’est ce qui s’est passé avec Petro Limited. Et Timis Corporation, qui est désormais le propriétaire de Petro Tim Limited, suivant le raisonnement du Premier ministre, n’allait pas subir cette histoire de droit de préemption car Petro Tim est la filiale de Timis corporation. Si on se base sur ce document américain, le Sénégal s’était bel est bien abstenu d’imposer son droit de préemption. En fin de compte, c’est lui-même que le procureur de la République devrait convoquer pour avoir raconté des histoires. Dans le deed of transfert et l’organigramme de Petroasia, vous remarquerez bien que le contrat est signé en janvier 2012, le décret en juin 2012. Cela se trouve bien dans le document «Assets purchase agreement» entre Petro Tim et Timis corporation et non Farmout et Farmin comme le soutient le Premier ministre.

Pourquoi êtes-vous si critique contre le régime. On vous soupçonne d’avoir des accointances avec l’opposition. Avez-vous des ambitions politiques ?
Cela dépend de ce que vous appelez «critique» et  «accointances avec l’opposition» ? Est-ce que c’est dire que le compte bancaire de la Bank of America attribué à Macky Sall par Samuel Sarr est du faux ? Est-ce que c’est dire que le Président a signé un décret suite à un mauvais contrat ? Un contrat qui, au fait, n’a pas respecté le code pétrolier sénégalais. Est-ce que c’est dire que le frère du Président est trempé dans l’affaire Petro Tim ? Si c’est cela, je suis alors foncièrement critique. Quant à une ambition politique, en ce moment où je vous parle, la réponse est non. Maintenant, je suis sénégalais et j’ai parfaitement le droit de me lancer dans la politique si je le souhaite. Je n’ai aucune relation avec l’opposition ; si ce n’est la même relation que celle que j’avais avec Macky Sall, Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse. Et la liste est loin d’être exhaustive.

On ne vous entend plus souvent  sur «Rfm». Il se dit que votre collaboration a été interrompue à la suite de pression du Palais. Qu’en est-il réellement ?
Ah bon, vous venez alors de me l’apprendre. Il faut que les gens apprennent à respecter leurs semblables. Jusqu’au moment où je vous parle, la radio avec laquelle je collabore n’est pas dirigée par le Palais, à ce que je sache. C’est une équipe de patriotes qui fait son travail de communication en informant le peuple. Les gens sont libres de zapper,  mais ils ne pourront jamais transformer les journalistes et reporters de cette belle radio en hommes politiques. La radio n’est pas là pour faire la politique à la place des politiciens voire des opposants…

L’As

15 Commentaires

  1. Dans toute ma vie,je n’ai jamais lu de telles âneries. Monsieur baba Aidara, arrêtez de bavarder sur des radios locales au Sénégal. Vous prétendez détenir des preuves, publiez les et comme vous êtes dans le secret des dieux, qu’attendez vous pour attaquer Kosmos Énergy qui s’est rendue complice de corruption. Kosmos est une entreprise américaine et il paraît vous êtes un journaliste célèbre dans ce pays dans le domaine de la lutte contre la corruption.
    En tout cas vous avez l’imagination fertile jusqu’à installer des pipelines entre le Sénégal et l’europe avant même la découverte de gaz naturel.
    Bravo, à beau mentir qui réside aux Usa et se fait prendre en photo devant les bureaux du département d’état pour impressionner les simples d’esprit de son genre.

  2. Bon le debat est clos maintenant on ignorait jusqua ce jour l’existance d’un raport de l’Ige sur petrotim , donc sorter ce raport et le debat est clos clos clos , si vraiment la transparence tant prone est une realite .

  3. Le musulman est sincère et aime la sincérité. IL S’Y ATTACHE EN APPARENCE ET EN SECRET,EN PROPOS ET EN ACTES, CAR LA SINCÉRITÉ MÈNE AU BIEN ET LE BIEN MÈNE AU PARADIS AUQUEL ASPIRE TOUT MUSULMAN, ALORS QUE LE MENSONGE ABOUTIT À L’ENFER,CET ENDROIT QUE LE MUSULMAN CRAINT ET FUIT.
    Baba Aidara medites ce hadith :soyez sincères! La sincérité conduit au bien et le bien conduit au paradis. L’homme qui ne cesse d’être sincère et de s’y astreindre finira par être inscrit aux nombre des véridiques. Méfiez vous du mensonge ! Il conduit à l’immoralité et celle ci conduit à l’enfer. L’homme qui ne cesse de mentir sera inscrit au nombre des menteurs. Mouslim.
    « CROYANT CRAIGNEZ DIEU ET JOIGNEZ VOUS À CEUX QUI SONT SINCÈRES. CORAN 9:119

  4. Juge, maintenant Baba Aidara nous sort un nouveau mensonge :un rapport de l’IGE.Puisqu’il en parle ce qu’il en a connaissance. Qu’attend il pour le diffuser.
    Le menteur a changé de fusil d’épaule. Ne vous en faites pas, ceux qui l’ont recruté le paye à la tache:plus il ment,plus la cagnotte augmente.

    • thia deug deug !
      Alors, sa kadior 2, qu’attendent ton president (qui est censé etre le premier defenseur du pays et qui dispose de tout les moyens) et ses eternels souteneurs pour nous prouver que baba aidara est ‘ un menteur’ comme tu dit ???
      Serieux sa kadior 2, t’es payé combien pour le sale boulot que tu fais ici ?

  5. Au temp des wade baba aidara etait reproche d’etre du cote de l’opposition , maintenant l’opposition est au pouboir et elle accuse baba d’etre de l’opposition . thiey sama gagni , je crois que juge a parfaitement raison juste declassifie le raport de l’ige et on avance .
    si ce raport n’existe pas dites le a haute voix et on demendera a aidara de la ferme .
    qui parle de transparence ici et de rupture alors ….

  6. Panama Papers Afrique: ces « amis » suspects d’Aliou Sall (Exclusif)

    Ouestafnews – Le Sénégal dans les Panama Papers, ce sont des liens qui mènent toujours vers le cœur du pouvoir. Autant les archives du cabinet Mossack Fonseca (MF) relient Karim Wade au scandale dit des « Panama Papers » à travers ses co-inculpés dans l’affaire des « biens mal acquis », autant ses relations d’affaires relient Aliou Sall, frère de l’actuel président Macky Sall, à des détenteurs de comptes offshore aux pratiques douteuses, cités dans les mêmes documents.

    Après une première série d’articles publiés le 03 avril 2016, l’équipe d’Ouestaf News, membre du Consortium International des Journalistes d’Investigation (ICIJ), continue son minutieux travail indépendant d’investigation, qui s’appuie sur les millions de documents à la base de ces révélations.

    A la lumière de ces documents Ouestaf News, revient ici sur les « amitiés » du frère du président Macky Sall, qui de journaliste à fonctionnaire dans une ambassade, est devenu en moins d’une décennie un magnat des affaires, grâce à ces « relations ».

    Parmi ses « amis » en affaires au passé trouble, l’un a pour nom Albert Cortina, actionnaire majoritaire de la Banque de Dakar ouverte en avril 2015 dans la capitale sénégalaise. Une banque qui, depuis son ouverture, fait jaser. L’autre s’appelle Frank Timis, patron de Petro-Tim Limited, dont la filiale Petro-Tim Sénégal, est active dans l’exploration et la recherche d’hydrocarbures au Sénégal.

    Points communs entre l’Espagnol et l’Australo-roumain ? Pour s’implanter au Sénégal ils se sont liés à Aliou Sall, le petit frère du président Macky Sall. Allez savoir pourquoi ?

    Gérant de Petro-Tim, M.Sall est aussi «administrateur indépendant » de la BDK, pendant que d’autres pensent qu’il en est actionnaire. Ce qu’il nie vigoureusement.

    Frank Timis, l’habile manœuvrier

    Au milieu des années 90, cet homme d’affaires s’adresse à Mossack Fonseca pour enregistrer une multitude de sociétés offshore parmi lesquelles Castle Europa Ltd, Albion Holdings, Regal Group Service Inc. Cette dernière a été enregistrée aux Iles Vierges britanniques par le bureau de Mossack Fonseca à Hong Kong en 1996.

    Dans les registres on peut constater plusieurs mouvements dans l’actionnariat de Castle Europa où les parts ont migré vers Albion Holdings via une autre société dénommée Castle Partners à partir de 1997.

    Les fichiers de MF, consultés par Ouestaf News, renseigne aussi sur des liens entre Timis et le controversé homme d’affaires anglais, Chris Hudson. Ce dernier est le promoteur d’une fondation (Yarrow Foundation) secrètement placée au Panama par le cabinet MF. Il fait lui aussi face à des accusations d’évasion fiscale dans son pays.

    Joint par des confrères roumains, membres de ICIJ, Timis a reconnu avoir travaillé avec Mossack Fonseca, soulignant toutefois qu’il n’ya rien d’illégal dans sa collaboration avec le cabinet panaméen.

    Timis, un passé récent mais trouble

    Dans son pays d’origine, la réputation de Timis reste entachée par quelques « affaires ». Les confrères roumains membres de ICIJ rappellent son implication dans l’affaire de la mine d’or de Rosia Montana en Transylvanie (centre ouest de la Roumanie). Les 300 tonnes d’or que Timis et ses associés canadiens entendaient exploiter via un procédé axé sur l’usage de 12.000 tonnes de cyanure (connu pour ses effets néfastes sur l’environnement et la santé) s’est heurté à un refus populaire qui a précipité des milliers de Roumains dans les rues, à plusieurs reprises au cours de l’année 2013, des manifestations que certains médias ont qualifié de « plus importantes » depuis la chute du communisme.

    C’est cet homme d’affaires atypique, au passé trouble, qui va donner une opportunité à Aliou Sall, alors en poste à l’ambassade du Sénégal en Chine, de définitivement opter pour le privé.

    Présenté comme un « magnat » des mines, l’Australo-roumain, selon le magazine américain Forbes était en 2011 crédité d’une fortune d’un milliard de dollars.

    Depuis l’éclatement de l’affaire dit des Panama Papers, Timis et ses multiples affaires suscitent un regain d’intérêt. D’aucuns rappellent ses condamnations par deux fois en Australie pour détention d’héroïne.

    Aliou Sall connaissait-il le passé de cet homme au moment d’entrer en relations d’affaires avec lui. Interrogé par Ouestaf News dans le cadre de cette investigation, l’intéressé n’a pas voulu répondre.

    « L’homme (Frank Timis) sait nouer les bonnes alliances et annoncer les bonnes nouvelles dans un seul but : le profit », dit de lui, le magazine spécialisé en informations économiques et financières, Financial Afrik. Les faits lui donnent raison : en dehors d’Aliou Sall, Timis, pour conduire ses affaires au Liberia, s’est aussi lié au fils d’Ellen Johnson Sirleaf, Alvin Sirleaf, souvent mêlé dans des histoires de corruption.

    Au Sénégal, si Aliou Sall ne fait l’objet d’aucun procès, diverses sources rapportent qu’il a été auditionné par l’Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption (Ofnac), tellement les supputations ne manquent pas sur son dos. Surtout à propos de l’affaire Petro-Tim. D’ailleurs on ne peut manquer de s’interroger si le départ précipité de Mme Nafi Ngom Keita (qui occupait le poste de présidente de l’Ofnac) n’est pas lié à cette audition.

    Le départ inattendu de la dame a eu lieu au moment où les médias évoquaient le début des auditions sur l’affaire Pétro-Tim, après notamment le passage d’un membre du Forum civil, M. Birahim Seck.

    De toute évidence, l’enquête promise sur ce dossier par l’Ofnac (institution mise en place par le président Sall pour, disait-il, promouvoir une gouvernance « sobre et vertueuse »), tarde à aboutir.

    Petro Tim, conflit d’intérêts ou délit d’initiés ?

    Si le passé de Timis entache si sérieusement la réputation de son « associé » sénégalais Aliou Sall, c’est surtout en raison de Petro-Tim qui formellement établit le lien entre les deux et qui suscite moult interrogations au Sénégal.

    Cette société a été officiellement créée le 7 juillet 2012 par Aliou Sall, comme une « société anonyme unipersonnelle », selon des informations disponibles sur le site du Bureau d’appui à la Création d’Entreprise (BCE), qui dépend de l’Apix (Agence chargée de la Promotion des Investissements et des grands travaux).

    Détail intéressant, Petro-Tim a été officiellement créé quelques mois seulement après l’arrivé de M. Macky Sall au pouvoir !

    Au Sénégal Petro Tim a été attributaire de deux permis de recherche pétrolière (sur les blocs de Cayar offshore et de Saint-Louis offshore profond), accordé par décrets N° 2012-596 et N°2012-597 signés par le président Macky Sall lui-même, en juin 2012, à peine trois mois après son accession au pouvoir.

    Par la suite Petro-Tim avait signé, un contrat de partage de production d’hydrocarbures avec l’Etat du Sénégal (qui détient 10% dans l’affaire contre 90% pour l’entité de Frank Timis).

    Deux ans plus tard, soit en juillet 2014, Petro-Tim a revendu 60% de ses parts à la compagnie américaine Kosmos Energy (qui a annoncé des découvertes de gaz et de pétrole au Sénégal) à hauteur de 200 milliards FCFA, selon un montant régulièrement avancé dans la presse locale et internationale.

    Dans cette transaction, font remarquer les experts, l’Etat du Sénégal via notamment, la Société des Pétroles du Sénégal (Petrosen), n’a pas fait prévaloir son « droit de préemption ». Pourquoi ?

    Les dernières révélations de l’inspecteur des impôts Ousmane Sonko, souligne aussi un autre problème lié à la nébuleuse Petro Tim : le fisc sénégalais aurait dû recouvrer dans cette transaction quelque 90 milliards FCFA qui n’ont jamais été déclarés.

    Toutes ces transactions ont fini de faire du dossier Petro-Tim une saga médiatico-financière inextricable, que même les experts ont du mal à démêler. Plusieurs non-dits entourent l’affaire, poussant quelques acteurs de la société civile à parler de « nébuleuse » et à réclamer des comptes. Il ne se passe presque pas de semaine sans que des Sénégalais protestent via les médias où les réseaux sociaux contre le « bradage » des ressources pétrolières et gazières du pays au profit du frère du président.

    Curieusement le gouvernement n’a encore jamais éclairé l’opinion publique de manière convaincante pour faite taire ses accusations. Une seule fois le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dione, lors d’une conférence de presse en décembre 2014, a tenté de blanchir Aliou Sall, à qui l’ex-président Abdoulaye Wade prête d’être le détenteur des 30 % encore détenus par Petro-Tim après la transaction avec Kosmos Energy.

    Officiellement, et selon le site du BCE, Petro-Tim est une « Société Anonyme Unipersonnelle » au capital de 10.000.000 FCFA, dont le gérant est M. Aliou Sall !

    En dehors de la controverse sur les transactions, l’implication de M. Sall dans la création de Petro-Tim pose un autre problème.

    C’est alors qu’il était fonctionnaire à l’ambassade de Chine qu’Aliou Sall rencontre Frank Timis qui lui dit qu’il cherche un « représentant » au Sénégal pour ses affaires. Aliou Sall se propose volontaire !

    Question : un fonctionnaire ou un diplomate envoyé par son pays pour le représenter peut-il conclure des relations d’affaires sans qu’il n’y ait conflit d’intérêt? En poussant un peu plus loin, on peut s’interroger sur l’existence potentielle d’un délit d’initié. Seule la loi peut en juger. Pourvu encore que l’affaire soit portée en justice ou fasse l’objet d’une enquête indépendante. Ce qui n’est pas le cas pour le moment.

    Au ministère des Affaires étrangères, difficile de délier les langues. Le plus coopératif parmi les agents du ministère se contente d’évoquer des principes : « Il est formellement interdit de faire des affaires quant on est fonctionnaire, Nous sommes tous régis par le code des fonctionnaires, que vous soyez diplomate de carrière ou titulaire d’un contrat spécial ».

    Comme déjà indiqué, l’intéressé n’a pas voulu répondre à nos questions dans le cadre de cette investigation. Par contre, dans ses réponses à la presse sénégalaise, il a indirectement voulu faire croire que c’est sous le magistère de l’ex-président Abdoulaye Wade que les blocs pétroliers ont été attribués définitivement à Petro-Tim. Nos investigations révèlent le contraire.

    Les décrets 2012-596 et 2012-597 ainsi que les documents portant création de l’entreprise attestent que c’est bien son frère Macky Sall, qui a signé le décret attribuant les deux blocs pétroliers !

    Autre curiosité dans cette affaire : Petro-Tim Sénégal (crée le 04 juillet 2012 à Dakar) est « née » avant sa « maison mère » Petro-Asia, une société offshore, incorporée le 11 juillet 2012 aux Iles Caïmans comme on pouvait le lire dans un document tiré du site web de Petro-Asia. (A noter que l’accès au site de cette entreprise a été rendu inaccessible depuis la publication de la première série d’articles sur les Panama Papers en avril 2016!) Qu’avait Petro-Asia à cacher ?

    Alberto Cortina et la Banque de Dakar

    Au-delà du très controversé Frank Timis, le petit frère du chef de l’Etat sénégalais, est aussi lié à Alberto Cortina, un homme d’affaires espagnol, également cité dans les Panama Papers avec son cousin Alberto Alcocer.

    Ce duo d’hommes d’affaires que les Espagnols surnomment « Los Albertos » sont présents dans les fichiers de Mossack Fonseca comme gestionnaires de plusieurs sociétés off-shore dont Swiss shipping Inc, basé dans les Iles Vierges entre 2005 et 2014 et aussi Northcroft Trading.

    En Espagne, les deux banquiers traînent une réputation de délinquants financiers notoires. Leurs noms sont étroitement liés à l’affaire « Urbanor » qui remonte à 1987 et que d’aucuns considèrent comme la plus grande fraude immobilière jamais connue en Espagne. Dans cette affaire qui n’a connu son épilogue qu’en 2014, les deux cousins furent finalement condamnés par la Cour suprême à payer 10 millions d’euros aux autres actionnaires d’Urbanor. Tandis qu’un premier jugement les avait condamnés pénalement à trois ans de prison ferme.

    En 1987, Los Albertos alors actionnaires majoritaires, cédaient des terrains (acquis dans le passé par Urbanor à 8 millions d’euros) au K.I.O (Kuwait Investment Office) pour la somme de 160 millions d’euros, cachant le montant réel de la vente aux autres actionnaires.

    Cette affaire qui a fortement entaché leur honorabilité a poussé les deux cousins à s’écarter de la direction de la Banca Zaragozano, en vendant leurs actions au britannique Barclays.

    C’est ce monsieur au passé trouble qui, à Dakar, est l’actionnaire de référence de la Banque de Dakar (BDK). Cet établissement, ouvert en avril 2015 ouvert dans la capitale sénégalaise, est géré par le holding Dakar Financial Group.

    Comme avec Petro-Tim, on prête à Aliou Sall d’avoir été au centre de l’installation de la BDK dans la capitale sénégalaise. Le petit frère du président est d’ailleurs simplement présenté comme un des actionnaires de la BDK, ce qu’il continue de nier en affirmant n’avoir qu’un poste « d’administrateur indépendant » dans l’établissement.

    « Administrateur » à quel titre et contre quoi ? M. Sall n’ayant pas voulu répondre à nos questions, des sources proches de lui affirment qu’on lui promettait une part du capital de la société avant qu’il ne soit dissuadé de l’accepter par son grand frère. Vérité ou simple tentative de manipulation pour se donner bonne image? A quoi bon accepter les peines d’un poste d’administrateur déjà présenté comme « suspect », qui ruine une réputation, et en refuser les avantages ?

    Aliou Sall, du fonctionnaire à l’homme d’affaires

    Aliou Sall, c’est un journaliste qui a travaillé dans divers organes de presse privée ou publique du pays.

    S’il fait aujourd’hui parler de lui, c’est en raison de son ascension fulgurante dans le milieu des affaires, qui en moins de dix ans, a fait du journaliste un homme d’affaires qu’on retrouve au cœur du secteur pétrolier et gazier sénégalais, et au conseil d’administration d’une banque, grâce à ces solides liens avec des hommes d’affaires comme Timis ou Cortina.

    Ancien pensionnaire du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) entre 1993-1996, Aliou Sall a ensuite fait un passage à l’Ecole Nationale d’Administration de Paris (ENA), selon le site officiel de la Mairie de Guédiawaye.

    A son retour au Sénégal il intègre aussitôt la fonction publique au sein du ministère de l’Economie et des finances, selon ses anciens promotionnaires. A la même époque son frère Macky Sall (actuel président du Sénégal) est au cœur du régime d’Abdoulaye Wade où il gravit vite les échelons pour se retrouver au sommet de l’Etat. Suivra l’affectation du jeune frère à l’ambassade du Sénégal en Chine.

    Entrée dans les affaires et conflits d’intérêts

    Sa carrière comme fonctionnaire de l’Etat sénégalais prend fin avec l’arrivée de son frère au pouvoir.

    Juste avant Petro-Tim (créée en juillet 2012), il a aussi créée le 15 mai de la même année une autre entité : African Stratégie Lamtoro. Il s’agit d’un cabinet spécialisé dans « l’ingénierie de projets », « la coopération internationale », « la stratégie d’investissement et de communication », « la gestion de portefeuilles », selon le site de la BCE. Cette Société anonyme a été mise en place un mois et demi après la prise de fonction de Macky Sall à la tête de l’Etat sénégalais. Même s’il a soutenu avoir « démissionné » de la fonction publique avant de s’engager dans les affaires, les dates de création des entreprises qui ont fait de lui un homme du secteur privé disent le contraire.

    Toute dernière curiosité dans cette affaire: entre le moment où Ouestaf News a envoyé ses questions à M. Aliou Sall et à la date de publication de cet article, certaines données (non du gérant, notamment ) ont comme par miracle « disparu » du site de la BCE. Comme ce fut le cas pour le site de Petro-Asia, après la première série des Panama Papers! Que veut-on cacher à travers ces manipulations de données déjà rendues publiques ? L’avenir nous le dira.

    Mardi 16 Août 2016

    Ouestaf News

  7. Voici le document publié par le premier ministre, suite à sa promesse de publier tous les contrats sur pétrole.

    http://www.gouv.sn/IMG/pdf/CRPP_St-_Louis_Profond-2.pdf

    A noter que seuls ceux qui auront lu le document pourront comprendre les faussetés que je vais souligner.

    I- Le Contrat publié par le PM est un projet.

    1/ Dans le texte du contrat, dit signé par Karim Wade, il y a un article 35 alinéa 5 (article 35.5) qui dit:
    « La date d’effet sera la date du décret d’approbation du présent contrat ».
    Avec « sera », on comprend qu’au moment de la signature le décret n’existe pas encore. Et par cet article 35.5, le contrat lui même dit qu’il n’a aucune valeur parce que ne pouvant avoir d’effet que si le décret qui l’approuve est signé par le président Wade.
    Or, depuis Mathusalem, que l’armée de Macky s’échine à nous faire croire que c’est Wade qui a signé pour Aliou Sall, elle a tout publié sauf un décret signé par Wade et prouvant leurs dires.
    2/ Et c’est pas tout. Remontons aux articles 4.8 et 4.9 du présent contrat. Dans ces deux articles nous comprendrons l’importance de la date d’effet, c’est à dire la date de signature du décret présidentiel d’approbation de ce contrat. A l’article 4.8, le contrat oblige le contractant à ouvrir un bureau au Sénégal, mais seulement dans les 3 mois à partir de la date d’effet. Dans l’article 4.9, le contrat oblige le contractant à soumettre au ministre pour approbation le partenaire qu’elle aura choisie comme « opérateur dans la conduite des opérations pétrolières », et là encore dans les 30 jours seulement à partir de la date d’effet.
    Or, même en occultant la définition que le contrat lui même donne à la date d’effet, et qu’on la considère comme étant la date de signature du présent contrat, 30 jours après, ce serait le 17 février 2012 (en pleine campagne électorale), 3 mois après, ce serait le 17 Avril 2016 (sous la présidence de Macky. Sauf à défendre que tous ces délais ne se sont pas écoulés, et que les obligations du contractant ont été rapidement honorés, que le ministre, Karim Wade a approuvé le choix du contractant porté sur Aliou Sall, l’impossibilité s’affiche de façon flagrante.
    A défaut de fournir le décret d’approbation de ce présent contrat, il est nul et de nul effet, c’est le contrat lui même qui le dit. Il n’était qu’un projet intercepté et transformé.

    II- Le contrat brandi par le PM dément la défense soutenue par le même PM.

    Dans le même contrat, il y a l’article 5.1, et les suivants). Cet article dit:
    « La période initiale de recherche relative à la Zone Contractuelle sera de deux (2) Années Contractuelles »
    Entendons-nous bien. « Initiale » veut bien dire début, commencement. J’espère que le fanatisme ne va pas aller jusqu’à le nier. Une période initiale qui doit donc courir (en poussant le nihilisme jusqu’à faire de la date du contrat la date du décret inexistant) du 17 Janvier 2012 au 17 Janvier 2014. Si, avant expiration de cette période initiale (dont l’existence concrète est à prouver), si Macky Sall signe le 23 Août 2013 un décret, ce dernier peut-il être appelé « décret portant extension de la période initiale » ? Il faudra qu’on s’entende, sérieusement, sur le sens des mots. Il faudra que ce décret situe ce qu’il étend, à partir d’un hypothétique période initiale. Pour faire simple, on ne peut faire courir un délai de 2 ans dans une durée d’un an. Surtout que la cette période initiale a une dimension d’essai, de test, ce que tous les aliénas de l’article 5 prouvent.Or il n’y a pas eu d’épreuve du contractant entraînant une satisfaction qui fonde une extension de zone contractuelle.

    III- Autres observations
    1/ Quatre personnes sont sensées avoir signé le contrat avec Karim Wade. Or il est de règle, que quand on signe, en dernière page, un document de plusieurs pages, de parapher chaque page avant de signer la dernière. dans le document publié par le PM, deux des personnes seulement ont paraphé toutes les pages. Ce qui, en règle habituelle, sous entend que deux des personnes ont signé sans avoir prouvé avoir lu toutes les pages.
    2/ C’est bizarre que dans la page de signature il n’y ait pas le cachet de Wade. C’est quand même sidérant de découvrir que nous étions dirigé par un président qui n’avait pas de cachet (de tampon comme disent mes parents). Et pourtant les écoles actuelles, envoyant les carnets de relevés de notes des élèves à leurs parents ou tuteurs, exigent que ces derniers retournent eux mêmes les carnets après signature. Pourquoi ? Simplement parce qu’il est loisible pour tout élève faussaire, et ayant de mauvaises notes, d’imiter la signature de son père (mère ou tuteur) et de retourner le carnet. Les écoles ont donc compris que la simple signature (sans cachet) ne prouve pas son auteur.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Sénégal / 6e édition Festival du Film Femmes Afrique 2024 : Une célébration engagée pour l’Environnement et la Paix

XALIMANEWS-La sixième édition du festival ‘’Film femmes Afrique” (FFA)...

Kolda : 5 milliards F CFA en billets noirs saisis par la Douane

XALIMANEWS-Le Poste des Douanes de Tanaff, dans la région...

Canicule au Sénégal : Les températures pourraient atteindre jusqu’à 46 °C, selon l’ANACIM

XALIMANEWS-La canicule devrait persister au Sénégal en raison d'une...

Marché Petersen : saisie de 26 tonnes de produits impropres à la consommation estimées à près de 8 millions

XALIMANEWS-Une importante opération de contrôle sanitaire a été lancée...