Affrontements à Keur Mbaye Fall : Ce qui s’est réellement passé

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Le bilan du week-end macabre de Keur Mbaye Fall s’alourdit, après la mort le vendredi 30 septembre du jeune Pape Malick Dieng, tabassé par un groupe d’assaillants. En effet, le dimanche 2 octobre, un autre jeune de la localité nommé boy Peul avait aussi perdu la vie suite à des blessures. Deux morts qui ont fini d’installer la tension dans la localité. Sur place, deux groupes semblent s’affronter. Le comité de gestion de la sécurité et des jeunes qui sont accusés d’être des malfaiteurs se font face et se regardent en chiens de faïence. Ce qui a plongé la localité dans une peur profonde. D’ailleurs, hier lundi vers 20 heures, les rues sombres de Keur Mbaye Fall qui, d’habitude, sont bondées de monde, étaient assez vides. Les rares personnes assises devant les maisons chuchotaient leurs paroles, comme s’ils avaient peur d’être entendues. Dans ces rues, il n’est pas sûr de s’y engouffrer sans connaitre la localité.

Les parents d’une des victimes parlent
Chez la famille du défunt Pape Malick Dieng, l’une des victimes, une bâche est installée pour accueillir ceux qui viennent présenter leurs condoléances. Le père du défunt, Déthié Dieng, ancien chauffeur, qui se déplace difficilement à l’aide d’une béquille en bois, se rappelle son fils. «Pape Malick Dieng, c’était l’aîné de mes fils. C’était un brave garçon qui s’occupait bien de ses parents et de sa famille. Je ne sais plus combien coûte le kilo de riz. C’est lui qui faisait tout dans cette maison. Et maintenant ils nous l’ont pris», dit-il, désespéré. Le seul regret du vieux Déthié, c’est la façon dont son fils a été tué. «Moi ce qui me fait mal, c’est la façon dont est mort mon enfant. Ils l’ont roué de coups comme un rat avec des machettes, des couteaux et des coupe-coupe», lance le vieil homme.
Quant à Anna Faye, la mère de Pape Malick Dieng, drapée d’un boubou léger de couleur rose et noir, son visage cache mal sa tristesse. Très posée, elle affirme : «Pape n’a jamais fait de mal dans ce quartier. Que ceux qui l’ont tué me disent ce qu’il a fait ? Ce sont eux les bandits, car quand ils l’ont attaqué, ils ont pris sur lui son argent, son portable et ses habits». Elle poursuit : «Il existe une justice dans ce pays, donc personne ne doit se faire justice. Si Pape avait fait du mal, ils devaient l’amener devant la justice». Cette mère de famille qui habite le quartier depuis 1968 demande la vérité : «Je sais que j’ai perdu mon fils, mais je demande que la lumière soit faite sur cette affaire. Il faut que les gens me disent qu’est-ce qu’ils ont contre mon fils».

Réaction d’un membre du Comité de vigilance 
Du côté de l’autre camp, c’est-à-dire le Comité de gestion de la sécurité, un des membres qui ne veut pas révéler son nom accepte de se confier à nos capteurs. Il commence par rappeler l’origine de ce comité. «Vous savez ici même qu’on appelle communément ‘boutique tigo’, c’était leur lieu de fréquentation. Ils y vendaient de la drogue et agressaient les populations à tel point que personne n’osait passer par là la nuit et même le jour. Les populations avaient peur d’eux. C’est ainsi que les notables, nous ont saisis pour mettre sur pied ce comité», dit-il. Un comité qui pour lui est bien légal, car «les notables qui nous ont saisis disent en avoir parlé au procureur, au préfet, à la gendarmerie et au maire de la commune».
Revenant sur les événements du week-end, il jure la main sur le cœur que le comité ne s’est pas attaqué à ses deux jeunes qui ont perdu la vie. «Je déplore ce qui s’est passé. Car nous ne sommes pas ni de près ni de loin mêlés à cette agression. Nous, celui que nous avons pris avec du chanvre indien nous l’avons amené à la gendarmerie», assure-t-il. Interpellé aussi sur la possibilité d’une plainte contre eux, il dit garder son calme, car n’ayant rien fait de ce que les gens disent : «Je reste serein parce que nous n’avons rien fait contre ces jeunes. S’il y a une plainte, attendons l’enquête. Tout le monde saura que nous ne sommes pas là pour nuire à la population, mais pour leur apporter plus de sécurité». Poursuivant son propos il revient sur les attentes de la population pour plus de sécurité. «Nous demandons que la localité soit dotée d’un poste de police ou d’une brigade de gendarmerie comme c’était prévu. Il y a aussi la forêt qui sert de refuge aux malfaiteurs», ajoute-t-il.

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