AFRICAIN de l’ANNEE 2017: Akufu-Addo haut la main (par Adama Gaye)

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En ces temps de récompenses des personnes ayant marqué l’année qui se ferme, 2017, et de manière positive, c’est donc un Prince, puisque son nom Nana, en langue Ashanti, désigne ses racines princières, qui raffle la mise en tenant devant un jeune et arrogant mini-Macron, Président de France, le discours que toute l’Afrique digne attendait d’entendre. Oui l’Afrique est un continent riche et elle ne doit pas compter sur les surplus budgétaires d‘autres régions du monde, comme l’Europe, pour résoudre ses defis dans divers domaines, notamment ceux de la santé ou de l’éducation.Et il est inacceptable qu’elle continue de faire moins bien que l’Asie ou des pays qui rivalisent avec les meilleurs au monde etaient moins bien lotis que ceux d’Afrique, il y a 60 ans, à l’aube des indépendances africaines.
Je ne suis pas surpris mais ébloui par la puissance, la pertinence et la portee du discours tenu par Akudu-Addo devant un Macron passablement écrasé, remis à sa place. Quiconque a visité la capitale Ghaneenne, Accra, n’a pu manquer de voir cette statue géante projetant cina figures, dont celle, bien sûr, de Nkwameh Nkrumah, mais aussi celle du père de lactuel President Ghaneen. La statue domine l’une des plus fréquentées artères de la ville.
C’est dire que nul ne doit être étonné du culot, du courage et dé la clarté du propos de cet avocat capable de s’exprimer dans un français aussi chatie qu’il maîtrise le Queen’s English, et dont les plaidoiries de Paris à Londres, Accra et ailleurs ont fait tonner sa voix de barriton, voix de stentor captivante et convaincante.
Quand je l’ai vu s’exprimer avec détermination le jour de sa prise de fonctions il y a à peine quelques-mois, je savais qu’une étoile était nee. Articulant sa vision progressiste et developpementale, il ne craignit pas d’être proche de la suffocation au point qu’on dut lui amèner un verre d’eau qu’il ingurgita pour aussitôt continuer malgré ses toussotements.
Il avait, il est vrai, longtemps attendu avant d’être la à ce podium, à 72ans, à un âge où la retraite a longtemps frappe à la porte.
Taille courte, les yeux cerclés d’eternelles lunettes, fines, visage carre, comme ses épaules, sur un corps noiratre comme celui de ses parents du même groupe ethnique, les Akan, qui se retrouvent de Kumasi, au Ghana, jusqu‘a Yamoussoukro, en Cote d’Ivoire, il a le meme titre princier Nana que celui qu’on affublait naguère au défunt Houphouet-Boigny, légendaire President de la Cote d’Ivoire.
Avant qu’il ne finisse par accéder à la magistrature suprême, en battant en décembre dernier, sous la bannière du parti patriotique national (npp), le président sortant, John Dramani Mahama du congrès national démocratique (ndc), peu étaient ceux qui pensaient qu’il deviendrait un jour ce lointain successeur de son père qu’il est maintenant.
Cest la le signe que nous avons affaire à un homme déterminé, sachant ce qu’il veut.
L’Afrique, orpheline de leadership qualitatif, vient, elle , de trouver l’avocat credible, competent, conscient et courageux qu’elle cherchait en vain. Il ne reste qu’à partager les termes de références et à aligner les énergies jusqu’ici laissées en somnolence sinon jetées dans les routes de l’aventure: Le temps de l’Afrique est venu. Le moment pour les vrais leaders, qui ne sont pas des vendus, rapaces financiers, acolytes des impérialistes, de se faire voir. Car à l’ère de la techtonique des plaques, nul ne peut plus éteindre les valeurs sûres. Macron en était réduit à soupirer, un tantinet dépassé: voilà je vous l’avais dit les nouveaux leaders arrivent en Afrique.
Il n’a encore rien vu: c’est sur tous les fronts que la vraie Afrique va surprendre le monde. Quand elle s’éveille, le monde a intérêt à prendre note.
Medawassi, merci en langue ghanéenne, Preaident Akufu-Addo, celui que, pour ma part, je désigne personnalite africaine de l’annee 2017 ! Au moins parce qu’il fait renaître l’espoir perdu d’un leadership qualitatif, charismatique, transactionnel et transformationnel sur un continent, le notre, qui en a si besoin au moment où les cieux lui offrent tous les clignotants positifs pour son affirmation sur la scene mondiale. Nous veillerons à ce qu’en vos paroles soient en concordance avec vos actions : pour qu’un leadership éclate, projetant des talents provenant de tous les secteurs, fassent aussi leur apparition pour tenir haut le drapeau du renouveau africain.
Ps: J’ai fait la connaissance de Akufu-Addo lors d’une conference à Chatham-House à Londres, il y a plus de dix ans. Posant une question au président d’alors du Ghana, John Kufuor, qui m’interpella par un bruyant “mi pachoo”, mon ami, je fus surpris de voir cet homme en costume 3 pièces à l’ancienne, présent dans la salle, me souffler a l’oreille: c’est vous Adama. C’était Akufu-Addo. Son surgissement au firmament de l’Afrique me fait d’autant plus plaisir que je sais qu’il y a la du gravitas, de la substance. La preuve, vous avez été si nombreux à saluer son discours quand je l’ai posté hier. Même de grands patrons de l’Union européenne, des diplomates africains de haut vol, des universitaires, des amis de toutes classes n’ayant jamais réagi à un post ont tenu à le faire cette fois-ci. Un tsunami.

7 Commentaires

  1. Je conviens avec vous que le discours tenu par le Président ghanéen devant Macron est de haute portée, mais pour autant, cela ne pourrait pas lui permettre de remporter, « haut la main », la distinction de l’année. Il vient d’arriver au pouvoir et il est prometteur, mais n’a aucune réalisation significative ayant un impact sur les populations ghanéennes et africaines. S’il y avait une distinction à faire, personnellement, je la décernerais aux jeunes africains, sans moyens ni soutiens publics, qui sont en train d’apprivoiser les NTI pour favoriser l’amélioration du sort de leurs compatriotes notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation. Si cette distinction devrait être décernée cette année dans le domaine politique, incontestablement, ce prix irait aux Magistrats de la Cour Suprême kenyane qui se sont illustrés par leur indépendance, leur courage et la fidélité à leur serment en annulant l’élection d’un Président sortant sur la base d’une plainte d’un ses opposants. Les effets de cette décision dépasse largement le Kenya et augure une perspective plus positive pour les démocraties africaines en montrant aux autres magistrats la voie à suivre surtout aux nôtres qui sont inféodés au pouvoir actuel.
    Ibrahima Sadikh NDour

  2. Discours du 30 Juin 1960

    Congolais et Congolaises,

    Combattants de l’Indépendance aujourd’hui victorieux, Je vous salue au nom du gouvernement congolais.

    A vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffablement gravée dans vos coeurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté.

    Car cette Indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise (applaudissements), une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang.

    Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force.

    Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions le chasser de notre mémoire. Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers.

    Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. Qui oubliera qu’à un Noir on disait « tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls Blancs ?

    Nous avons connu que nos terres furent spoliées au nom de textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort. Nous avons connu que la loi était jamais la même selon qu’il s’agissait d’un Blanc ou d’un Noir : accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. Nous avons connu les souffrances atroces de relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses ; exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même. Nous avons connu qu’il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les Blancs et des paillotes croulantes pour les Noirs ; qu’un Noir n’était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits européens ; qu’un Noir voyageait à même la coque des péniches, aux pieds du Blanc dans sa cabine de luxe.

    Qui oubliera enfin les fusillades dont périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’une justice d’oppression et d’exploitation ? (Applaudissements.)

    Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert.

    Mais tout cela aussi, nous que le vote de vos représentants élus a agréés pour diriger notre cher pays, « Nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre coeur de l’oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut, tout cela est désormais fini. »

    La République du Congo a été proclamée et notre cher pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants.

    Ensemble, mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur.

    Nous allons établir ensemble la Justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail. (Applaudissements).

    Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir quand il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique tout entière.

    Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.

    Nous allons mettre fin à l’oppression de la pensée libre et faire en sorte que tous les citoyens puissent jouir pleinement des libertés fondamentales prévues dans la déclaration des Droits de l’Homme. (Applaudissements.)

    Nous allons supprimer efficacement toute discrimination quelle qu’elle soit et donner à chacun la juste place que lui vaudra sa dignité humaine, son travail et son dévouement au pays.

    Nous allons faire régner, non pas la paix des fusils et des baïonnettes, mais la paix des cœurs et des bonnes volontés. (Applaudissements.)

    Et pour tout cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter, non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l’assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque jour qu’elle sera loyale et ne cherchera pas à nous imposer une politique, quelle qu’elle soit. (Applaudissements.)

    Dans ce domaine, la Belgique qui, comprenant enfin le sens de l’histoire, n’a pas essayé de s’opposer à notre indépendance est prête à nous accorder son aide et son amitié, et un traité vient d’être signé dans ce sens entre nos deux pays égaux et indépendants. Cette coopération, j’en suis sûr, sera profitable aux deux pays. De notre côté, tout en restant vigilants, nous saurons respecter les engagements librement consentis.

    Ainsi, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, le Congo nouveau, notre chère République que mon gouvernement va créer, sera un pays riche, libre et prospère. Mais pour que nous arrivions sans retard à ce but, vous tous, législateurs et citoyens congolais, je vous demande de m’aider de toutes vos forces.

    Je vous demande à tous d’oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l’étranger.

    Je demande à la minorité parlementaire d’aider mon gouvernement par une opposition constructive et de rester strictement dans les voies légales et démocratiques.

    Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise.

    Je vous demande enfin de respecter inconditionnellement la vie et les biens de vos concitoyens et des étrangers établis dans notre pays. Si la conduite de ces étrangers laisse à désirer, notre justice sera prompte à les expulser du territoire de la République ; si par contre leur conduite est bonne, il faut les laisser en paix, car eux aussi travaillent à la prospérité de notre pays.

    L’Indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent Africain. (Applaudissements.)

    Voilà, Sire, Excellences, Mesdames, Messieurs, mes chers compatriotes, mes frères de race, mes frères de lutte, ce que j’ai voulu vous dire au nom du gouvernement en ce jour magnifique de notre Indépendance complète et souveraine. (Applaudissements.)

    Notre gouvernement, fort, national, populaire sera le salut de ce pays. J’invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants, à se mettre résolument au travail en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique.

    Hommage aux combattants de la liberté nationale !

    Vive l’Indépendance de l’Unité Africaine !

    Vive le Congo indépendant et souverain !

  3. Cher Sadikh, je conviens avec vous que la décision des juges Kenyans de la Cour Suprême mérite autant le titre pour célébrer leur historique acte. Si je plaide pour Akufu-Addo, c’est que ce qu’il a fait c’est démolir l’argumentaire des paternalistes, impérialistes, comme Macron, qui en est la version soft, mais surtout de montrer aux Lepen et autres xenophobes Trumpistes et co que l’Afrique n’est pas une terra nullius, incognita, sans ressources ni ressorts.
    Même s’il faut veiller étroitement à ce qu’il applique ce qu’il prêche force est de constater qu’en Akufu-Addo, nous tenons un leader capable d’articuler un narratif africain crédible.
    Voyez même ses 110 ministres, qui ont fait rire, procédait d’une approche plus intelligente. Comme dans les grandes banque américaines où tout le monde porte un titre de Vice President, cela banalise les fonctions et ramène l’essentiel au travail à faire. Imaginez un grand nombre de ministres modestement payés, dont certains seraient réduits à aller dans les cérémonies sociales, ça peut aider à concentrer l’action des plus utiles sur les tâches prioritaires !
    Au lieu de ça, portes sur le psytacisme, la pâle copie, nous avons des acteurs publics refusant de voir au delà de leur zone de confort. Et qui sont tenaillés par le fétichisme des chiffres, genre il faut 25ministres.
    Sedikh, je lis toujours avec intérêt vos écrits, mais n’oubliez pas sur le cas Kenyan que malgré la posture des juges de la Cour Suprême, Uhuru Kenyatta est reste, in fine, President. Alors que le message de Akufu-Addo devant Macron, c’est un éclair dans le ciel, une libération verbale, comme Sékou Toure disant à De Gaulle: “nous préférons la pauvreté dans la liberté à l’opulence dans l’asservissement”.
    Akufu-Addo est mon héros, mon homme de l’année. Qu’il aille au bout de son discours, dans ses actes. L’histoire et nous le surveillons…

  4. Macky Sall a déjà répondu à Nana Akufo Ado: « Nous devons rendre hommage à la France sans complexe ». Un degré de larbinisme jamais atteint par un africain.

    • Pas surprenant. C’est la nature intrinsèque de l’homme. On se souvient tous de sa déclaration d’alors lorsqu’il était pm: je dois mon honorabilité et ma fortune qu’à la bonté et générosité des Wades. Pas à lui-même. Pas à ses parents. Pas à Dieu.
      Quelle est donc la différence entre cette ancienne déclaration et la nouvelle?: nous devons rendre un hommage à la France sans complexe. Pas à l’Afrique. Pas à ses illustres fils qui ont combattu pour arracher l’indépendance. Comment rendre hommage à quelqu’un qui a fait de toi un esclave pendant des siècles et ensuite t’a colonisé pendant 2 siècles? Qu’attendre d’un tel prototype de « dirigeant »?

  5. Le negre et les discours et les Medailles aussi(Decoration).!!!!! Adams Tang khol Gaye.Mister il sait(President Macky)je sais,si je parle….Parle waay has been.

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