Ahmet Khalifa NIASSE, leader du fap : « Personne ne doit influencer le Conseil constitutionnel »

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Le leader du Front des alliances patriotiques (Fap), Ahmet Khalifa Niasse, juge « indécent » le débat sur la recevabilité de la candidature du président Wade en 2012. Il estime que seul le Conseil constitutionnel est habilité à statuer sur cette question. Le leader du Fap est également d’avis que les chefs de religieux doivent pleinement participer à la vie politique du pays, même s’il suggère à ces guides de ne pas donner des consignes de vote.

 

A quelques mois de l’élection présidentielle, comment votre parti entend-il participer à cette compétition?

 

Mon parti est en train de créer un groupe de contact. Nous écouterons tous les candidats qui voudront venir nous présenter leur programme de gouvernement.  Certainement nous soutiendrons un candidat.  Nous soutiendrons le candidat qui aura déjà franchi le seuil du Conseil constitutionnel. Nous allons écouter les candidats et prendre des options, mais nous ne prendrons de décision qu’au lendemain de celle du Conseil constitutionnel. Je ne serai pas étonné de voir le Conseil constitutionnel rejeter plusieurs candidatures.

 

Pourquoi ?

 

Je connais des candidats qui ne sont pas exclusivement de nationalité sénégalaise.  La loi interdit le cumul de nationalités pour les candidats à la Présidence de la République.

 

L’opposition et des Constitutionnalistes estiment que la candidature de Wade n’est pas recevable. Quelle est votre position ?

 

Même si c’est mon ami personnel, je ne suis pas tendre avec Wade. Mais je dois dire que le débat sur la recevabilité de sa candidature est indécent. Le Conseil constitutionnel est un tribunal. Lorsque qu’un dossier est pendant devant le tribunal, personne ne doit l’influencer. Personne ne doit créer un débat pour influencer la décision du Conseil constitutionnel. Un tribunal n’a qu’une direction à prendre. La liberté de juger des juges du Conseil constitutionnel ne doit pas être entravée. Des gens promettent un débat violent. Cela est antirépublicain.  Je n’ai rien contre ceux qui s’opposent à la candidature de Wade, parce que j’entretiens de bons rapports avec eux, mais je trouve ce débat indécent.

 

Certains estiment que le Conseil constitutionnel ne peut donner une décision autre que l’invalidation de la candidature de Wade. Qu’en pensez-vous ?

 

Ces gens n’ont qu’à prononcer le verdict à la place du Conseil constitutionnel. Je dis que le verdict ne peut être prononcé que par le Conseil constitutionnel. Les gens qui disent que le Conseil ne peut qu’invalider la candidature de Wade ne sont pas des républicains. Ceux qui veulent mettre le pays à feu et à sang ne sont pas républicains. Personne ne doit menacer ceux qui disent le droit.

 

Soutenez-vous la candidature de Wade ?

 

J’ai un dilemme. La personne de Wade me rassure, mais son âge m’inquiète. J’ai été à côté de Wade à la création du Pds. J’ai toujours accompagné le président Wade. Nous sommes avec Wade, mais notre parti n’a jamais eu à bénéficier d’un poste dans le gouvernement ou dans les instances électives. Aucun de nos membres n’a été promu. J’ai un dilemme et j’espère que nos compatriotes nous aideront à prendre une bonne décision (rires).

 

La caution à la présidentielle a été portée à 65 millions. Quelle lecture faites-vous de cette décision ?

 

Même si la caution passe à un milliard, il y aura des candidats. Il y a des gens qui se présentent  pour le trafic de visas. Vous avez des gens qui sont prêts à payer la caution pour un candidat. La contrepartie est que ce candidat le met dans son comité électoral pour des visas lors de  la campagne électorale à l’étranger. C’est cette voie de l’émigration clandestine qui entraîne la multiplication des candidatures.

 

Que faut-il faire pour arrêter la floraison des candidatures ?

 

Il faut limiter le nombre de partis politiques. Il faut revenir à 4 partis politiques au maximum. Les gens doivent se regrouper en coalition.

 

Les imams ont appelé à des élections apaisées en 2012. Vos commentaires ?

 

Les religieux sont les parents pauvres de la démocratie.  C’est comme si les chefs religieux étaient des citoyens de seconde zone. Toute la classe politique est d’accord sur une chose : il faut écarter les marabouts, parce qu’ils n’ont pas le droit de gouverner le pays. Pourtant, des puissances atomiques sont gérées par des marabouts. C’est le cas de l’Iran et du Pakistan. Le Maroc est dirigé par un chérif. Ecarter les marabouts du pouvoir est antidémocratique. Les marabouts sont écartés, mais personne ne pourra gouverner  le Sénégal sans leur soutien. Les marabouts  ont le droit et le devoir de participer à la vie politique du pays.

 

Pensez-vous qu’une consigne de vote pourrait profiter à un candidat à la présidentielle ?

 

Le « ndigël » (consigne de vote) aura toujours ses effets au Sénégal. Mais je ne pense pas qu’un marabout puisse commettre l’erreur de donner un « ndigël »  pour un candidat qui va l’exclure une fois élu. Les marabouts ne doivent pas donner de « ndigël ».

 

Quel regard portez-vous sur la crise en Libye ?

 

Je resterai fidèle à mon amitié avec Kadhafi. Mais, en dehors de cela, j’avais émis des réserves  sur le voyage du président Wade à Benghazi. Les Occidentaux et les autres pays qui soutiennent les rebelles se sont engagés avec des gens qu’ils ne connaissent pas. Les Américains  ont fait un rapport  pour dire que des membres d’Al Qaïda font partie des gens qui dirigent le Cnt.  La partie Al Qaïda demande déjà à certains membres du Cnt de démissionner, parce que ce sont des résidus du régime  de Kadhafi. Il y a une inquiétude qui se justifie en Libye.

 

Est-ce que Kadhafi a fait des réalisations en Afrique qui lui permettent d’avoir des soutiens dans le continent ?

 

Il ne m’appartient pas de juger l’action de Kadhafi. J’aimerais bien que ceux qui disent qu’il n’a rien fait en Afrique fassent la comparaison avec d’autres pays d’Afrique et démontrent ce que ces Etats ont fait plus que la Libye. Je vois le problème d’une autre manière. La stabilité de la Libye est très importante. Est-ce qu’une Libye paisible est une Libye dont les Occidentaux soupçonnent d’avoir des dirigeants qui sont des membres d’Al Qaïda ?

 

Etes-vous optimiste sur la capacité des amis de la Libye à faire revenir la paix ?

 

Personne n’est optimiste. Les grandes puissances sont inquiètes. Est-ce que nous n’avons pas raison d’être inquiets ? D’autre part, Khadafi n’est pas fini.  Nous avons vu ce qui s’est passé avec les Talibans qui ont fait un repli tactique en laissant les Américains pénétrer dans leur territoire  pour ensuite se défendre. Aujourd’hui, les Occidentaux sont malmenés en Afghanistan. Kadhafi a fait le même repli tactique. Le Cnt est soutenu par l’Otan. S’il gagne la guerre, il lui restera à gouverner, ce qui est une autre paire de manche.  L’armée de Kadhafi est un peu partout dans le pays, mais ses éléments  sont en civil et attendent le moment opportun. J’ai le sentiment que la bataille de Tripoli n’a pas encore eu lieu.

 

Pensez-vous que les Libyens sont prêts à adopter des institutions démocratiques ?

 

On ne peut pas parler d’Al Qaïda et parler d’institutions démocratiques. Le commandant militaire  de Tripoli avait été arrêté par la Cia qui l’a livré au régime de Kadhafi. Il était accusé d’être un membre d’Al Qaïda. C’est lui qui dirige aujourd’hui la Libye.

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