Alerte ! Bientôt la rentrée des classes

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La grève des enseignants a fait l’actualité ces derniers temps, en cristallisant tous les sujets de discussion et en tenant en haleine tout un Peuple. Au terme de plusieurs semaines de perturbations de l’école, la hantise d’une année blanche s’est enfin émoussée, suite à la suspension du mot d’ordre de grève du Grand cadre des syndicats de l’enseignement, un soir d’un 30 avril 2015, à l’issue d’un accord scellé entre toutes les organisations syndicales qui le composaient et la délégation gouvernementale conduite par le Premier ministre sous les yeux bienveillants des facilitateurs.

Les élèves n’ont pas manqué de faire éclater leur joie à l’annonce de cette bonne nouvelle dissipant toute crainte de voir leur labeur passer par pertes et profits. Les parents d’élèves également ne pouvaient pas s’empêcher de se frotter les mains, parce que n’ayant pas à regretter d’avoir déboursé inutilement de l’argent pour payer la scolarité de leur progéniture. L’Etat du Sénégal, sans doute le plus heureux, se verra éviter de perdre beaucoup d’argent investi dans le système scolaire et estimé à des centaines de milliards. Quant aux enseignants, ils ne pouvaient pas être mieux servis pour avoir comptabilisé dans leur escarcelle dix points de satisfaction sur les onze de leur plateforme revendicative.
C’est dire que même si la grève a assez duré et ne manquerait pas à coup sûr de laisser des séquelles pour longtemps, il n’en demeure pas moins que sa suspension, quoique intervenue tardivement et diversement appréciée, était accueillie par la communauté comme une délivrance.
Cependant, bon nombre d’enseignants à la base n’étaient pas pour autant satisfaits de la manière avec laquelle la lutte a été abandonnée par les responsables syndicaux au sommet, accusés même de trahison pour n’avoir pas recueilli au préalable leur avis. Pour dire vrai, à un certain moment, la lutte avait revêtu une autre tournure. En réalité pour ces enseignants, l’enjeu n’était plus d’obtenir gain de cause de leurs revendications, mais d’attendre plutôt la mise à exécution de la menace de couper les salaires pour ensuite durcir le ton et contredire les propos choquants du ministre de l’Education, laissant croire à une frilosité des enseignants qui ne se feront pas prier pour reprendre les cours si jamais les coupures étaient effectives. Ironie du sort, la suspension de la grève venait comme pour corroborer les dires du ministre de l’Education et satisfaire les mauvaises langues qui présageaient déjà une reculade des enseignants pour s’offrir une occasion de se moquer d’eux. Sous l’effet de la colère, les enseignants à la base ont perdu le contrôle et manqué naturellement de lucidité pour se convaincre des avancées notoires, capitalisées au cours des négociations avec l’autorité, justifiant la suspension du mot d’ordre de grève. Il faut reconnaître et rappeler dans la foulée qu’à aucun moment de la lutte, la base n’a failli dans son engagement et sa mobilisation. Mieux, les enseignants ont gardé leur dignité en mettant même en garde les responsables du Grand cadre de ne jamais évoquer la restitution des coupures de salaire durant les négociations. Si maintenant le baromètre de la réussite d’une lutte syndicale se mesure à l’aune des acquis, les lignes que les responsables du Grand cadre ont fait bouger en termes de gain pour le travailleur n’autorisaient pas de jeter à la poubelle ce qui était réclamé pendant des années et obtenu avec beaucoup de peine et de sacrifice.

Autrement, refuser de signer le procès-verbal aurait ssignifié :
Dire non à la validation des années de volontariat et de contractualisation pour les fonctionnaires, toujours revendiquée, mais jamais satisfaite auparavant.
Laisser les enseignants continuer à souffrir des lenteurs et des lourdeurs administratives. Etre en phase avec le ministre de l’Educa­tion dans sa logique de remettre en cause la formation diplômante des instituteurs-adjoints.Etre insensible au sort des reclassés à tort comme décisionnaires, sans promotion depuis leur intégration. Ignorer le calvaire des reclassés de 2006 qui peinent à rentrer dans leurs fonds. Ne pas soutenir les familles des contractuels décédés sans indemnisation. Ne pas se solidariser avec les enseignants en attente de la régularisation de leurs terrains. Ne pas se soucier de l’amélioration de la condition des arabophones. Donc, le seul point de discorde sur l’indemnité de logement suffisait-il pour cracher sur les acquis ? Certainement pas.
Cependant, c’est une bonne chose de signer des accords. Il reste maintenant de se dresser en sentinelle pour veiller scrupuleusement à leur mise en œuvre. Une tâche qui incombe à ceux qui ont eu à offrir leurs services, en leur temps, pour que les syndicats et les autorités prennent langue et à tous ceux qui sont soucieux de la stabilité de l’école. La crise scolaire de l’année dernière est encore fraîche dans les mémoires pour être oubliée de sitôt. Conscients de cela et voulant mettre en garde contre toute imputabilité des risques de perturbations à venir, les responsables syndicaux ont très tôt tiré sur la sonnette d’alarme pour appeler à un renouement des fils du dialogue et à un suivi des accords. A ce jour, seule la formation diplômante des instituteurs adjoints peut être brandie comme point d’accord réalisé. La plupart des engagements pris n’ont pas encore connu de règlement définitif, même s’il faut se féliciter du début d’exécution de certains. Sur la validation des années de volontariat et de contractualisation, qui occupe une place de choix dans la plateforme revendicative des enseignants, et sans la réalisation de laquelle inutile de parler d’accord, l’échéance du rappel divise encore. Le cri du cœur de tous les partenaires pour mettre à profit les vacances afin d’arrondir les angles et d’éviter l’effectivité du slogan «oubi tey grève tey», n’est pas entendu. Ce serait dommage du fait de l’irresponsabilité de certaines autorités qu’une énième crise de l’école se dessine. L’année dernière, l’implication de grandes personnalités du pays qui sont parvenues à amener les syndicats et les autorités à s’asseoir autour d’une table pour discuter, l’engagement pris par une plus haute autorité de ce pays qu’est le Premier ministre qui se porte garant des accords et la décision risquée des dirigeants syndicaux de suspendre le mot d’ordre de grève pourtant contestée par sa base ne constituent-ils pas des ingrédients et arguments suffisants pour installer définitivement la paix dans l’espace scolaire ? Sinon qui se donnerait la peine ultérieurement de se lever pour des conciliations ? Quel crédit donnerait-on à la parole d’une quelconque autorité de ce pays si la parole du Premier ministre ne vaut pas grand-chose ?
Quel responsable syndical prendrait-il le risque de défier sa base, au risque de se mordre après les doigts ? Devant une telle situation, quelle serait la pertinence du slogan «oubi tey jang tey» ?
Quelle est l’utilité de tenir des Assises de l’éducation ?
Quelle est l’opportunité de mettre en place des organes pour la prévention et la résolution des crises ?
Enfin peut-on parler d’émergence avec une école en perpétuelle crise ?

Aly MAR
2ieme secrétaire général national adjoint du Sels/Authentique

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