Alioune Tine : «Pour qu’une déclaration de patrimoine ait un sens, il faut que le Président fasse une reddition des comptes en fin de mandat»

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Alioune Tine, en mission présentement au Nigeria pour le procès Raddho/Etat du Sénégal au niveau de la Haute cour de justice de la Cedeao, colle aussi l’actualité nationale. Le président de la Rencontre africaine des droits de l’Homme (Raddho) et Coordonnateur du M23, tient aussi à la publication du patrimoine du chef de l’Etat. Pour lui, la transparence exige aussi la reddition des comptes à la fin de chaque régime. Ce qui n’est pas le cas de Abdoulaye Wade. Il espère que Macky Sall va corriger cette anomalie démocratique.

La déclaration de patrimoine du chef de l’Etat n’a pas été encore publiée. Qu’en pensez-vous ?

La déclaration de patrimoine, autant que faire se peut, doit être effectivement publiée qu’on sache qu’est-ce qu’il a et qu’est-ce qu’il n’a pas. Pour que cela ait un sens, si un président fait une déclaration de patrimoine, bien sûr quand il termine son mandat, il faut effectivement qu’on fasse une reddition des comptes. En fin de compte qu’est-ce qu’il a, on ne le sait pas. Abdoulaye Wade a quitté le pouvoir, sans faire de reddition. Quand il arrivait au pouvoir, on savait qu’est-ce qu’il a eu en arrivant. Quand il a quitté le pouvoir, on a beaucoup spéculé sur sa fortune et la fortune de sa famille, de ses enfants. On n’a même pas fini d’en parler. Je pense que cela doit ne pas être la même chose pour Macky Sall. Il faut que cela soit clair pour n’importe quel autre président de la République au Sénégal. Quand on arrive, on fait l’inventaire de ses biens et on le publie. Effectivement, c’est tout le sens de la transparence.

Selon-vous, Macky Sall suit toujours la voie tracée par le M 23 en ce sens ?

Nous avons dit, enfin personnellement j’attends cent jours. Parce qu’en réalité, ils viennent de s’installer il y a à peine un mois. On les regarde et puis au bout de cette période, on évaluera ce qu’ils ont fait : ce qu’il y a de positif et ce qui ne l’est pas. Mais, pour le moment, c’est une espèce de round d’observation.

Est-ce que ce moment de grâce n’est pas synonyme de laisser-aller ?

Pour le moment, le M23 observe. Je pense que nous sommes en train de regarder. D’ici 100 jours, on pourra évaluer secteur par secteur. Qu’est-ce qu’il a fait, ce qui a été bien et ce qui ne l’est pas. C’est bon effectivement, chaque fois qu’il y a une nécessité d’alerter : de dire attention ! Je pense, à partir du moment où, on a passé le mandat sous le signe de ce qu’on appelle la gouvernance vertueuse, il est évident que tous les actes qu’on pose, doivent être aussi vertueux. Et dans tous les domaines.

Au fond, vous lui donnez une période de grâce de 100 jours ?

En fait c’est un délai de cent jours. Il y a un délai où on regarde les gens travailler. Et au bout de ces cent jours on va dire bon : qu’est-ce que vous avez fait dans le domaine économique, dans le domaine de la bonne gouvernance, dans le domaine de l’impunité. Parce qu’effectivement, il faut prendre le discours inaugural qu’il a fait le 3 Avril, et voir ce qu’il a fait comme promesse et quel bilan il faut en tirer. Je ne sais pas si vous connaissez le livre vert de Akamy, le Président Ghanéen. Il a terminé son mandat, il sort un livre pour dire voilà toutes les promesses que j’avais faites, voilà ce que j’ai réalisé, voilà ce que je n’ai pas réalisé et voilà pourquoi. Il s’agit d’une véritable reddition des comptes. Je pense que c’est un bon exemple pour tous les présidents sortants. Il me semble même pour le président sortant, si on veut éviter ce qui s’est passé, il faudra bien faire le bilan de Abdoulaye Wade. Il faut sortir sa fortune actuelle, la fortune de sa famille et également dire qu’est-ce qu’on va prendre comme décision en ce sens. Sinon effectivement, on risque de con­naître ce qui se passe dans tous les pays africains qu’on regarde. Les gens vont au pouvoir et nous assistons à une espèce de patrimonialisation de l’Etat. Et ensuite, à la prédation. Aujourd’hui la prédation reste des chiffres inimaginables. Après avoir quitté le pouvoir, rien ne vous arrive pour des raisons pacifiques. Parce qu’il n’y a pas de reddition de compte. Il me semble qu’il faut être absolument vigilant dans le contexte actuel. Le processus qu’on a eu a été populaire, citoyen, une véritable révolution citoyenne. Les raisons pour lesquelles on a enclenché cette révolution, c’est effectivement pour avoir une gouvernance vertueuse, dans la transparence de la gestion publique, dans le respect des droits humains et la lutte contre l’impunité. Il va falloir examiner ces questions de façon minutieuse. Qu’est-ce qui a marché et qu’est-ce qui n’a pas marché ? Concernant la transparence, le premier jalon à poser reste la publication des biens du nouveau chef de l’Etat. Afin qu’on puisse faire une comparaison de biens quand il quittera le pouvoir. Ce qui permettra d’avoir une traçabilité de l’origine de ses biens.

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