Annulation de l’attribution provisoire du lot 1 du marché du Train Express : Eiffage, un déraillement sur 329,4 milliards de FCfa

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Sueurs froides pour Eiffage. Selon les informations de Libération, l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) vient d’annuler tout simplement l’attribution provisoire du marché de 329,4 milliards de F Cfa qui lui avait été attribué dans le cadre du projet du Traine Express Dakar/Aibd. L’instance a demandé la réévaluation des offres en incluant celle de China Railway Construction Corporation Limited qui est moins disante de 154 milliards de FCfa. Eiffage doit d’autant être plus inquiète que, dans un premier temps, l’Apix avait porté son choix sur les Chinois.

A ne croire le journal, l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) a purement et simplement annulé l’attribution provisoire du lot 1 du marché pour la conception du Train express Dakar Aibd qui avait été attribué à Eiffage pour 329,4 milliards de FCfa. En effet, l’instance avait suspendu provisoirement l’attribution provisoire, le temps de regarder l’affaire dans le fond. Aussi, par décision numéro 262/16/armp/ Crd du 24août, l’Armp a-t-elle cassé le marché donnant, ainsi, raison à China Railway Construction Corporation limited (CRCC) qui avait introduit un recours.

Eiffage doit désormais croiser les doigts parce que la société chinoise a toutes les chances de rafler le marché. Non seulement son offre est moins disante de 154 milliards de FCfa mais, dans un premier temps, l’Agence nationale pour la promotion de l’investissement et des grands travaux
(Apix) avait porté son choix sur elle avant que la Direction centrale des marchés publics (DCMP) et le cabinet Systra ne changent la donne.

L’APIX avait pourtant choisi les Chinois moins chers de 154 milliards de Fcfa… En effet, au terme de l’évaluation des offres, la commission des marchés de l’APIx avait proposé l’attribution du lot 1 à CRCC pour un montant de 174 milliards de FCfa Ht/Hd et a présenté à la DCMP le rapport d’analyse ainsi
que la proposition d’attribution provisoire du marché pour avis. Mais, par lettre numéro 3974 /Mefp/ Dcmp/16 du 11 juillet 2016 adressée à l’Apix, la Dcmp a relevé que, par rapport à l’examen de la conformité certains critères ne sont pas satisfaits par Crcc dont l’offre ne serait pas conforme pour l’essentiel. Pour répondre aux observations de la Dcmp, la commission des marchés de l’Apix a invité le comité technique d’évaluation à consulter le cabinet conseil d’ingénierie Systra qui a élaboré le cahier des charges en relation avec le comité technique, à procéder au réexamen de la conformité des offres des candidats. Au terme de cette évaluation, le cabinet Systra a considéré que l’offre du lot 1 du cabinet Crcc n’était pas conforme et a confirmé la position de la Dcmp. Ainsi, la commission d’évaluation se basant sur le rapport du comité technique a proposé d’attribuer le marché à Eiffage qui avait proposé le même service pour 329,499 milliards de F Cfa. Ayant reçu l’avis de non objection de la Dcmp, l’Apix a fait procéder
à la publication de l’attribution provisoire du lot 1 dans «Le Soleil » du 22 juillet 2016 au profit de Eiffage. Après un recours gracieux, Crcc a saisi l’Armp.

La Dcmp et le cabinet Systra désavoués. L’entreprise chinoise s’est offusquée d’avoir été écartée au profit de Eiffage alors qu’elle a proposé une offre qui satisfait à tous les critères du dossier d’appel d’offres, en plus d’être moins onéreuse que celle de l’attributaire provisoire. Un argument largement
partagé par l’Armp. En effet, les juges des marchés publics ont été catégoriques en rendant leur décision : « (…) au regard du principe d’économie, il
n’est pas admissible, avec un différentiel de prix de prés de prés de 154 milliards de FCfa Ht/Hd, d’écarter l’offre d’un soumissionnaire pour des critères de type F1 non éliminatoires ». Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le seul grief brandi par le cabinet pour écarter Crcc est que l’entreprise chinoise a proposé un architecte qui n’a pas une… renommée internationale. Tout ça pour ça ? Pourtant, il ressort de l’examen de l’offre de Crcc qu’elle proposé, pour satisfaire aux exigences de ce critère, le Cv de Luo Hanbin, un architecte ayant participé aux études architecturales du Tgv Beijing Shangai, de la ligne complexe dans les montagnes Yi- chang-Wanbzhou et de la ligne inter-villes Guangzhou-Zhuhai. L’Armp de s’étrangler de colère : « Il ressort du rapport d’évaluation que la commission technique a estimé que ce critère n’était pas rempli par le requérant au motif que l’architecte proposé n’est pas de renommé internationale puisque tous toutes les infrastructures réalisées se limitent à son pays d’origine, la Chine. (…)
L’examen du Cv de l’architecte proposé fait référence des infrastructures de grandes en envergures telles que les études de faisabilité du Tgv Beijing-Shangai, la ligne Wuhan-Guangzhou, la ligne inter-villes Guangzhou-Zhuai, justifiant de la capacité de ce dernier à établir les plans architecturaux pour le marché litigieux mais également à exécuter les autres activités attendues de lui.(…) Sous ce rapport, la décision de la commission des marchés de considérer l’offre du requérant non conforme sur le fondement de ce critère ne milite pas en faveur de l’efficacité de la commande publique au regard du différentiel de prix de 154 milliards de Fcfa entre l’offre de l’attributaire provisoire du marché et l’offre de Crcc ». Ainsi, l’instance de régulation a ordonné l’annulation de l’attribution provisoire et la reprise de l’évaluation après que l’Apix a demandé des informations complémentaires sur la gestion des interfaces à Crcc. Pour le lot 2, les Turcs ont trébuché sur la garantie bancaire. Si la société chinoise a été confortée par l’Armp, ce n’est pas le cas pour les Turcs de Yenigun qui avaient introduit un recours concernant le lot 2 du même marché. Nos confrères de rappeler que la société Yenigun a été désavouée par l’Armp. Dans leur décision, les juges des marchés publics estiment que dans son offre, Yenigun n’a ni fourni la matrice de conformité ni chiffré les options, encore moins répondu à certaines exigences éliminatoires.

4 Commentaires

  1. attendez, qui dit train, dit sécurité. Honnêtement même s ils sont plus chers, je ferais plus confiance aux français qu’aux chinois. cela n’engage que moi nak. Mais mann dé un train low cost fait par les chinois pour les africains, j’eviterai d’y entrer

    • Je vous le dis respectueusement (et m’excuse d’avance si je vous offense) : votre opinion tient davantage de l’ignorance que de la méfiance.

      En effet, les Chinois ont soumissionné sur la base d’un cahier des charges qu’ils sont censés respecter dans ses moindres détails et pour l’ensemble de l’infrastructure et du système ferroviaire à mettre en place, dont ils n’ont pas défini les caractéristiques techniques et fonctionnelles. Au surplus, l’autorité contractante (APIX) se fait assister par un bureau d’études spécialisé (SYSTRA) qui est un cabinet français !

      Il s’agira donc – et simplement – de vérifier si le produit livré – par les Chinois ou par d’autres – est conforme à ce qui était demandé. Il s’agit d’un appel d’offres avec un cahier des charges technique préalablement défini par le client lui-même.

      Alors, si les Chinois nous livrent un train low cost, le seul responsable sera l’autorité contractante qui a rédigé (ou s’est fait rédiger) le cahier des charges et qui a choisi un assistant technique qu’il juge être à la hauteur. Puisque l’assistant au maître d’ouvrage est français, je présume – subjectivent – qu’il ne fera pas de cadeau aux Chinois si, à la fin du processus, ils sont attributaires du marché.

      En tout état de cause, si les contrats (de travaux et d’assistance technique) sont bien ficelés par l’autorité contractante, elle aura la possibilité, en cas de non conformité, de se retourner soit contre les Chinois ou contre son assistant technique selon leurs responsabilités respectives.

      Un autre argument qui contrarie votre opinion : dans les produits chinois, il y a du « haut de gamme » (plusieurs produits de luxe sont fabriqués en Chine) et du « bas de gamme ». Cela dépend de votre niveau d’exigence (qualité) et du prix que vous êtes prêt à payer. Mes hommages donc aux Chinois qui ont, d’une certaine façon, « démocratisé » la consommation des biens et services !

      Cordialement !

  2. Je suis sidéré par la paresse proverbiale de nos sites d’infos, et Xalima ne fait guère exception !

    Vous n’avez pas besoin de reprendre Libération pour parler de cette affaire. Allez sur le site de l’ARMP et téléchargez la décision rendue par le Comité de règlement des différends (CRD). Vous aurez ainsi des informations de première main au même titre que Libération.

    Vous coûte-t-il tant de faire quelques clics et vous passer d’infos de seconde main ?

    http://armp.sn/images/decisions_2016/DECISIONS_N_262-16-ARMP-CRD_DU_24_AOUT_2016.pdf

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