Appel au dialogue autour des réformes constitutionnelles – Macky et l’opposition, en mode défiance!

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Les dès seraient-ils pipés dans la main tendue de Macky Sall vers l’opposition pour un dialogue autour du projet de révision constitutionnelle ? En tout cas, bien d’indices tendent à montrer que le consensus voulu autour des réformes  devant être soumises au référendum paraît de plus en plus comme un vœu pieux. En raison notamment des conditionnalités posées par une large frange de la société civile qui milite ouvertement pour le report du scrutin du 20 mars, tout en prenant position pour le NON, du refus de dialoguer des places fortes de l’opposition (Pds, Rewmi…), voire de la posture u chef de l’État qui a déjà adopté la mouture définitive de son projet de révision, sans l’aval de ceux qui ont été sollicités pour dialoguer.  Après la société civile, Sud quotidien donne la parole aux acteurs de la vie politique dans cette esquisse de dialogue politique faussé depuis longtemps, en route vers l’impasse.

MAEL THIAM, ADMINISTRATEUR DE L’APR : «Le Président a fini de faire preuve d’un esprit inclusif…»

Le président de la République a mis en place, dès son accession au pouvoir, la Cnri et lui a donné un cahier de charge. La Cnri a parcouru le territoire national pour recueillir les avis et les points de vue des citoyens sénégalais. Elle a également travaillé avec des organisations socio professionnelles pour recueillir leurs avis et leurs impressions sur les réformes requises pour renforcer la démocratie et également consolider nos institutions. La Cnri a terminé son travail et a fait son rapport qu’il a livré au Président de la République.  Idem avec les Assises nationales. Macky Sall a puisé des points du rapport des réformes et des Assises nationales et de la Cnri et également de sa propre vision parce que c’est le président de la République qui sera évalué. Donc il a fini de faire preuve d’un esprit inclusif et d’un esprit de  concertation. Après avoir pris les fruits  de cette concertation et proposer les 15 points de la réforme, il s’est avéré  que des malentendus subsistent mais également que des malentendus ont été volontairement promus par une bonne frange de la société civile mais également par l’opposition.

Globalement, en ce qui concerne la laïcité, les droits aux citoyens, l’applicabilité de la mesure sur les deux mandats consécutifs au mandat en cours, pas de la durée du mandat, amenant même certains à dire que le président de la République veut faire 3 mandats. Il y a également des zones d’ombre en ce qui concerne le mode d’élection du président de la République en disant que Macky Sall veut supprimer le second tour. Nonobstant la démarche inclusive qui a donné ces points qu’il a consignés dans le projet de référendum, il est tout à fait normal que les parties prenantes qui étaient à l’origine de ces réformes se retrouvent et se concertent.
L’appel tient donc toujours. On est en face d’une situation où il y a des zones d’ombre. Il revient au Président d’éclairer la lanterne des Sénégalais et en premier lieu, celle de l’opposition. Je comprends pourquoi l’opposition ne veut pas répondre à l’appel. Parce que ça ne l’arrange pas. Ces partis veulent que ces zones d’ombres-là persistent. Ils ne sont pas du tout intéressés à ce que la véritable quintessence des points consignés dans le projet de réforme  soient mises à nu. Mais, même s’ils ne viennent pas à la concertation, nous nous devons d’expliquer aux Sénégalais parce que ce sont eux qui décident… Cet appel à la concertation était simplement motivé par la création d’un cadre d’explication de la quintessence des points sur les réformes d’une part, et d’autre part aider l’opposition à bien mener campagne parce que les Sénégalais ne sont pas amnésiques. Quand on leur raconte des histoires, ils voudront en un moment donné que la preuve soit établie sur ce qui est dit.

ABDOULAYE WILANE, PORTE-PAROLE DU PS : «Que les acteurs politiques fassent un effort d’élévation, d’oubli de soi…»

Les prédispositions, la volonté sincère de dialoguer, de formaliser ce dialogue, n’exclut en rien l’impérieux devoir que le président de la République et son gouvernement ont de formaliser tout ce qui procède du processus de révision de la Constitution. Autant, il doit continuer de manière pédagogique et avec humilité, à se faire comprendre pour que tous ceux qui peuvent y contribuer l’aident à dialoguer avec la classe politique de manière formelle, autant il doit formaliser tout ce qui doit l’être dans la construction, l’élaboration, la mise en forme et la mise en cohérence du projet portant projet révision de la constitution. De la même manière, son gouvernement doit travailler comme si de rien n’était et que le rendez-vous électoral et les étapes successifs qui doivent être franchis, soient rigoureusement et strictement respectés.
Ce que je souhaite, c’est que les acteurs politiques tous ensemble fassent un effort d’élévation, d’oubli de soi même et de leur petit personne ou de leurs ambitions particulières, sectaires, individuelles et partisanes pour voir le devenir du Sénégal à partir du présent. Je ne vois rien de mal. Le président, au delà de sa responsabilité de gouvernance, a une responsabilité pédagogique pour préserver la paix et la cohésion au Sénégal, mais également apaiser les esprits et élucider les débats.
Aujourd’hui et en direction du 20 mars, pour nous les contemporains, il s’agit de choisir pour le futur et l’avenir dès maintenant à partir des enseignements de nos équipes. J’encourage le gouvernement à faire ce qu’il doit faire. Je félicite le président de la République pour son courage politique, sa lucidité et la sérénité dont il fait montre.

BABACAR GAYE, PORTE-PAROLE DU PDS : «Si Macky doit discuter, ce sera autour des conditions de son départ»

Le Parti démocratique sénégalais n’a pas reçu une invitation du Président Macky Sall pour dialoguer. Si on doit dialoguer, ce serait autour de quoi ? Parce que le texte référendaire n’était pas connu. Parce qu’il n’a pas été officiellement publié au niveau du Journal officiel. Il ne nous a pas été notifié. Donc, on dialoguera autour de quoi ? Et d’ailleurs, pourquoi dialoguer ?  Aujourd’hui, le Parti démocratique sénégalais (Pds) est avec l’opposition et la société civile pour participer au référendum, juste pour voter massivement NON et tirer les conséquences de la défaite du pouvoir. Si Macky Sall doit discuter, ce sera certainement autour des conditions de son départ du pouvoir, après avoir été désavoué par son peuple, le 20 mars. Et c’est presque probable.

MOMAR SEYNI NDIAYE, JOURNALISTE ANALISTE POLITIQUE : «Macky n’est pas un grand partisan du dialogue»

Je crois personnellement qu’il y a un certain paradoxe dans l’attitude du chef de l’Etat qui appelle au dialogue et en même temps prend de manière quasi-unilatérale une décision de figer définitivement les principales mesures qu’il a prises dans le projet qui sera présenté aux Sénégalais, lors du référendum. Je pense que le Président devait donner toutes les chances au dialogue pour optimiser les possibilités de voir enfin les acteurs réaliser un consensus sur ce qui nous parait fondamental à ce stade actuel. La démarche consensuelle était essentielle à privilégier. Mais apparemment, le président de la République, peut-être devant la réticence des principales forces de l’opposition, a voulu prendre les devants, pour arrêter définitivement le texte qui sera soumis en référendum. Je ne pense pas que ce soit la meilleure manière de sauver le dialogue.
De l’autre coté aussi, je crois que l’opposition a aussi une démarche que je dirais infantile. On ne peut pas, parce que le président s’est rétracté, jeter le bébé avec l’eau du bain. Je pense que l’opposition aurait du accepter la main tendue par le chef de l’Etat et en conséquence établir maintenant les conditionnalités, dire exactement ce qu’elle veut voir figurer dans le projet final. De ce point de vue-là, on aurait vraiment un bon consensus et peut être la chance de voir les Sénégalais dans leur grande majorité voter le projet de référendum. Mais là, les dés sont vraiment jetés. Je pense qu’il faut constater que le dialogue politique n’a pas eu lieu. Il faut toutefois dire que le chef de l’Etat n’est pas un grand partisan du dialogue. On ne l’a pas vu très souvent, pendant son mandat, inviter sincèrement, franchement, clairement et fermement les acteurs politiques autour d’un dialogue politique fructueux et fécondant. Evidement, cela a mis l’opposition dans un état de frustration.

Je pense que le chef de l’Etat aurait du y mettre les formes. Si le Président avait adressé une lettre à tous les partis politiques, il faut dire qu’ils sont à 250, sans oublier les organisations de la société civile, au moins une bonne vingtaine, cela allait probablement prendre assez de temps. Mais, ce n’est pas ça l’essentiel. Je pense que si l’opposition avait manifesté ouvertement sa volonté à répondre au dialogue que le président de la République propose, probablement, en un laps de temps, on leur aurait fait parvenir un courrier…

Mais je pense que déjà, l’opposition posait un principe que le chef de l’Etat ne voulait pas accepter. C’est le renvoi du référendum. Ça, c’est un principe que le chef de l’Etat ne pouvait pas accepter. Les conditions du dialogue n’étaient pas réunies dans tous les cas. Dans un climat aussi délétère, marqué par le reniement de la promesse du chef de l’Etat, et la frustration que cela a créé dans la classe politique, dans les organisations de la société civile, il était difficile d’instaurer un dialogue qui devrait déboucher sur un consensus.

Sud Quotidien

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