Approche pédagogique, excès de zèle ou bouffonnerie ?(Par Dr BA)

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La vidéo du professeur de philosophie esquissant des pas de danse devant un parterre d’élèves a secoué la toile et mis en transe les réseaux sociaux. Certains qualifient ce comportement d’anormal, tandis que pour d’autres, c’est une atteinte à l’image des professeurs officiant dans cette discipline et des enseignants en général. A analyser la vidéo, ce professeur était entrain d’illustrer une leçon en partant d’une pratique culturelle: la danse. La façon d’exécuter le geste accompagné de vociférations est à la fois trop zélée et peu pudique. Voilà l’impression du plus grand nombre pour qui l’enseignant est celui-là qui inspire respect et considération, malgré toutes les tentatives pour ternir son image. Pour ceux-là, l’image peut heurter la sensibilité. Et pourtant, chanter et danser en classe n’a rien de dégradant pour l’enseignant animé du seul désir de dispenser du savoir à ses élèves. C’est manière de joindre l’acte à la parole. Cette pratique pédagogique est aussi vieille que le monde. A l’école primaire, les instituteurs sont obligés d’accompagner ou d’étayer leurs cours avec des pratiques similaires. Au collège et lycée, le cours sur le conte est accompagné de chants, de danses. Le professeur conteur est obligé d’incarner le rôle des personnages à travers le gestuel, la voix et la mimique. Dans le programme de français, la Commission nationale à inscrit ce volet fondamental dans son rapport de mai 1995 sur la réforme du français. A la page 20 dans les supports à utiliser, on peut noter: Extraits tirades, chansons, musique: rap, jazz, bakk, kassaks…Ce faisant, la Commission nationale prend en compte les trois compétences complémentaires et solidaires que la loi d’orientation à assignées à l’enseignement du français à savoir la compétence linguistique, communicationnelle et culturelle. Cette dernière considère que l’élève doit pouvoir se situer dans son univers culturel tout en intégrant ses valeurs culturelles dans l’expression de sa personnalité. Dites, comment intégrer alors ces genres oraux traditionnels comme le « baak », le « taassu »
ou le « rap » sans que l’enseignant ne sache chanter ou danser avec une certaine dextérité et une virtuosité remarquable? En tout cas, notre cher professeur de philosophie est un AS dans ce domaine.
Bref, en intégrant ces genres sociaux, la Commission nationale de français avait le souci de mettre l’apprenant au centre de la situation d’enseignement, rompant ainsi avec la pédagogie de l’entrée par les contenus-matière où la connaissance se transmettait de celui qui sait tout à celui qui ne sais rien. Aussi, parle-t-on aujourd’hui d’une nouvelle méthode pédagogique appelée LA PÉDAGOGIE DE L’INTERET, consistant à rejoindre l’apprenant dans ce qu’il aime, pour lui inculquer le savoir en douceur. Cependant, le danger de cette pratique du professeur de philosophie zélé et dont la performance est trop éloignée du contenu à enseigner est le suivant : l’apprenant est tellement attiré par la bouffonnerie de l’enseignant que le savoir risque d’être prostitué par l’extravagance et le folklore. Dès lors, la situation d’enseignement n’est plus centrée sur l’élève mais sur le professeur.
Dr. Ba. Lycée Taïba I.C.S de Mboro.

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