Arrestation de Khalifa Sall. Une erreur politique qui engendre l’indécence citoyenne. Par Abdoulaye Mbodji

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Le Maire de Dakar, Khalifa Sall, est en mandat de dépôt depuis quelques jours. Accusé de détournement de deniers publics, même si pour l’heure la présomption d’innocence, qui du reste semble oubliée par certains, doit prévaloir en attendant que la justice fasse son travail. Cette arrestation qui émeut, à tort ou à raison, bon nombre de sénégalais de l’intérieur comme de l’extérieur est une véritable erreur politique qui elle-même est entrain d’engendrer une indécence citoyenne, conséquence, nous l’avons dit de l’incompréhension des sénégalais. L’erreur politique. Khalifa Sall est dans une pente politique ascendante qui fait de lui une menace réelle du président Macky Sall perturbé dans son sommeil tranquille d’une réélection assurée où l’opposition était presqu’inexistante. Surpris par le surgissement de cet homme, Khalifa Sall, qui gagne inexorablement du terrain le camp Macky Sall est désemparé. Sur un autre registre, au sein du parti socialiste, Khalifa Sall est devenu un opposant farouche du secrétaire général du parti en l’occurrence Ousmane Tanor Dieng. Son rejet en bloc de la ligne du choix d’alliance avec l’APR prônée par ce dernier a suscité d’autant de l’étonnement que le secrétaire général pensait pouvoir circonscrire la rébellion Khalifa au sein du parti pour tout simplement l’étouffer dans l’œuf. Contre toute attente des partisans de Tanor Dieng ce qui leur paraissait comme une rébellion isolée et isolable a pris de l’ampleur et a induit une division irrémédiable chez les militants. Qui, profondément divisés entre ces deux lignes penchent majoritairement pour celle de Khalifa Sall. Du coup ce dernier représente ici aussi une réelle menace pour le secrétaire général du PS qui il faut le dire, très largement contesté, vit des heures sombres de son mandat de patron, disons fictif, du parti. L’ouverture de ces deux fronts politiques, menace concrète contre la réélection de Macky Sall en raison de sa montée fulgurante  en puissance, caporalisation implicite du parti faisant de lui un secrétaire général qui ne dit pas son nom, ont fait de Khalifa Sall l’homme à abattre. C’est une évidence. Devenu logiquement aux yeux de ses deux détracteurs une équation insoluble khalifa Sall est le centre d’intérêt des débats dans l’intimité de certaines réunions à la présidence et dans le cercle fermé des dinosaures de l’APR tout comme dans celle de celles d’Ousmane Tanor Dieng avec le très peu qu’il lui reste encore de fidèles partisans. La volonté farouche de faire taire Khalifa Sall est tenace chez Macky Sall et Ousmane Tanor Dieng. Alors l’heure est évidemment à l’élaboration de stratégies pour contrecarrer et éradiquer la menace Khalifa. Et la solution qui arrange les deux camps des détracteurs semble toute trouvée: Arrêter Khalifa Sall. Tant pis pour la raiso, qui en pareille circonstance devait éviter au gouvernement de commettre une telle grave erreur politique, et tant mieux pour l’irrationnel de cette arrestation qui au moins permettra de neutraliser le danger. Mais est-il -le danger- neutralisé ? La réponse est NON. L’irrationnel ayant guidé cette arrestation du Maire de Dakar une très large frange de la population du pays qui elle est très lucide n’a pas caché son incompréhension. Et il il y a de quoi s’interroger dans cette arrestation. D’abord le moment. Khalifa Sall est arrêté au moment où sa courbe de notoriété politique est en pleine ascension aussi bien au sein de son parti que dans l’opposition contre le régime en place. L’arrestation s’est effectuée dans une totale précipitation qui en dit long de l’intrusion du politique dans le judiciaire voire sa caporalisation tout simplement. Ensuite sur les raisons. Détournements des deniers publics. En soi une enquête sur la gestion des deniers publics est normale. Bien sûr. Seulement c’est le côté singulier et exclusif qui interroge. Pourquoi une telle enquête n’est-elle pas diligentée dans toutes les mairies des grandes villes du pays ?. Pourquoi le choix de la mairie de Dakar ? et j’en passe. Nous disions que cette arrestation a engendré une indécence citoyenne. Depuis l’arrestation de Khalifa nous assistons à une véritable déferlante de propos injurieux, c’est un euphémisme, à l’encontre du président de la république dans les réseaux sociaux et dans certaines émissions radio. La tendance s’amplifie de jour en jour. Même si ce comportement de plusieurs de nos concitoyens est inacceptable nous devons tout de même à la vérité de reconnaître que cette arrestation est une erreur politique.
Abdoulaye Mbodji
Journaliste.
Promotion 2005/ Ecole Supérieure de Journalisme de Paris.

6 Commentaires

  1. J’ai comme l’impression qu’Abdoulaye Mbodji se réveille.
    A sa décharge, je rappelle que « seuls les imbéciles ne changent jamais ».
    Depuis 2012, je répète que concernant Macky Sall, tout sénégalais qui ne comprend pas par son esprit comprendra forcément par son corps, lorsque cela fera mal.
    Et cette vérité là, je dis: « néekhalouma thi kénneu ».

  2. Tout a fait d’accord sur cette analyse ,ce qui me pousse a dire que vraiment le président Macky est un grand peureux comme on dit dans notre langage tapette bou mak la comme son nom .

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