Assemblée nationale: ces femmes qui se débrouillent comme elles peuvent !

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Dans la nouvelle Assemblée nationale, pour éplucher les textes de lois et autres documents techniques, il y a les forts en thème, les moyens, les débrouillards, etc. En raison du poids d’un certain analphabétisme, certains parlementaires éprouvent d’énormes difficultés à s’insérer dans les débats, notamment en commissions. Deux députées, Khady Mané et Thiané Sakho, en sont des exemples types. Mais elles ne sont pas les moins engagées de l’hémicycle. Reportage.

«Je me débrouille avec les documents que nous recevons. Je lis et si je rencontre des difficultés, je m’informe auprès de mes collègues députés beaucoup plus futés que moi et plus expérimentés.» (Khady Mané)

Pour sa première expérience parlementaire, la députée Khady Mané ne se débrouille pas mal. Cette vieille militante du Parti socialiste de Sédhiou n’a certes pas de longues études derrière elle – juste le niveau du CM2 – mais elle tente malgré tout de mériter la confiance que les populations portent en elle. Le casse-tête des textes de lois qui circulent dans l’hémicycle, elle s’y confronte chaque jour que Dieu fait, condamnée à se tortiller les méninges, se débrouiller en l’absence d’assistant parlementaire pour l’aider. «Je me débrouille avec les documents que nous recevons, dit-elle. Je lis et si je rencontre des difficultés, je m’informe auprès de mes collègues députés beaucoup plus futés que moi et plus expérimentés.» Mais pas auprès de n’importe qui. «Je préfère me rapprocher de quelqu’un avec qui j’ai au moins des atomes crochus pour avoir des éclaircissements et des conseils», indique Khady Mané.

Sa collègue Thiané Sakho juge plus prudent de s’en ouvrir à sa famille, elle qui n’a pas eu la chance de fréquenter l’école française. Pur produit du «Daara», ce membre du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY) a néanmoins fait des montagnes d’efforts pour être à peu près alphabétisée en français. Les rudiments de la langue officielle du Sénégal acquis lui permettent aujourd’hui de bredouiller avec les documents. «Quand je reçois un texte, parfois je comprends, d’autres fois je n’y pige absolument rien», avoue-t-elle sans complexe. Et en cas de vrai blocage, dit-elle, «je soumets le document soit à mon fils, soit à quelqu’un d’autre de ma famille pour qu’ils m’expliquent davantage».

Responsable historique de l’Alliance des forces de progrès (AFP) à Kaolack, Thiané Sakho refuse que ses collègues femmes soient caricaturées. C’est pourquoi elle demeure optimiste face au rôle que doivent jouer les femmes parlementaires de la 12e législature. «Nous ne sommes pas à l’Assemblée pour défendre les intérêts des femmes, mais ceux des populations en général. Ce que j’ai vu au début me rassure», confie-t-elle à EnQuête. A l’Afp depuis sa création en 1999, elle fait partie de ceux et celles qui avaient «choisi l’espoir» avec Moustapha Niasse au moment de la rupture avec le Parti socialiste. «C’est grâce à lui, Niasse, que je suis sortie de l’anonymat dans mon Saloum natal», dit-elle en guise reconnaissance.

Un optimisme partagé par sa collègue du Parti socialiste, Khady Mané, qui se réjouit «particulièrement de la parité» intervenue à l’Hémicycle. Mariée et maman de «plusieurs enfants», elle a été contrainte par ses parents de quitter l’école après qu’elle a décroché son Certificat d’études primaires (CEP) en 1952. Volontariste, donc peu soucieuse d’en rester à ce stade, elle s’investit alors dans le créneau du développement social et participe à la création de la Fédération des associations féminines du Sénégal (FAFS) dont elle devient présidente.

«Quand je reçois un texte, parfois je comprends, d’autres fois je n’y pige absolument rien.»

(Thiané Sakho)

Arrivé au Ps en 1962, Khady Mané dit n’avoir jamais accepté de troquer ses convictions contre des sinécures, en dépit de la traversée du désert suite à la défaite d’Abdou Diouf en 2000. «Je crois au destin. J’ai fait 50 ans de militantisme. Je préfère laisser les choses venir d’elles-mêmes. Je suis entrée au PS de mon propre chef. Et je suis fière d’être socialiste», clame-t-elle. La transhumance ? Ce n’est pas sa tasse de thé. «Les gens sont différents, dit-elle. Si je transhume, je n’aurai pas la conscience tranquille. Vous ne pouvez pas traiter une personne de tous les noms d’oiseaux un jour, et vouloir le présenter comme un saint le lendemain». Pour elle, la ligne de démarcation est nette. «Même si je n’avais aucune responsabilité dans le Ps, je serais restée socialiste.» enqueteplus.com

DAOUDA GBAYA

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