Au Niger, l’opposant historique en tête de la présidentielle

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La cinquième tentative sera peut-être la bonne pour « Zaki », (le lion, en langue haoussa). Mahamadou Issoufou (59 ans), candidat à toutes les élections depuis l’instauration du pluralisme au Niger, en 1992, est en effet arrivé en tête au premier tour de la présidentielle du 31 janvier, selon les résultats publiés jeudi soir. Son slogan de campagne – « l’espoir est arrivé avec le temps » – trahit d’ailleurs la patience dont cet homme politique a su faire preuve. Mais, au-delà de cette trajectoire personnelle, ce scrutin se soldera surtout le 12 mars, au soir du second tour, par le retour des civils au pouvoir à Niamey. Comme l’avait promis le général Salou Djibo, chef du Conseil pour la restauration de la démocratie (CSRD), la junte militaire qui renversa, en février 2010, le président Mamadou Tandja pour l’empêcher de confisquer le pouvoir.

LE JEU RESTE OUVERT

Opposant pendant dix ans à Mamadou Tandja, à sa dérive autocratique et népotique, « Zaki » s’est déjà frotté à la gestion des affaires publiques. Premier ministre de 1994 à 1995, le président du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) a aussi occupé brièvement le perchoir de l’Assemblée nationale jusqu’à la prise de pouvoir d’Ibrahim Baré Mainassara, en janvier 1996.

Les 43 % des voix qu’il a obtenus au premier tour de l’élection du 31 janvier le placent donc en bonne position. Mais le jeu reste ouvert. Il trouvera sur sa route un autre ex-premier ministre, Seini Oumarou (39 % des voix). Agé de 60 ans, le chef du Mouvement national pour la société du développement (MNSD) espère pouvoir attirer les électeurs du candidat arrivé en troisième position, Hama Amadou.

En attendant le combat final, le score du MNSD montre d’ores et déjà que le parti de l’ancien président Mamadou Tandja dispose d’un solide enracinement national qui a pu résister à la mise à l’écart de sa figure de proue. L’ex-chef de l’Etat et plusieurs autres personnalités de premier plan du parti sont accusés de détournements de fonds publics et dorment en prison.

LA DISPARITION DES MILITAIRES, UNE ILLUSION

Preuve d’une démocratie encore hésitante, les électeurs semblent aussi avoir oublié que le MNSD avait soutenu les initiatives du président Tandja lorsque celui-ci suspendait les institutions démocratiques pour forcer sa voie vers une nouvelle décennie à la tête du pays.

A la veille du premier tour de la présidentielle, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) s’était félicitée de ce que « la junte militaire a réussi à faire adopter une nouvelle constitution [le 25 novembre 2010], des nouvelles institutions et à organiser des élections générales ». Mais à la FIDH comme dans d’autres organisations de défense des droits de l’homme, on espère, en cas de victoire du candidat du MNSD, que cela ne sonnera pas le retour des anciennes pratiques anticonstitutionnelles.

L’armée, quant à elle, devrait se retirer du gouvernement sur un bilan plutôt positif. Mais à Niamey, on ne se fait guère d’illusion : les militaires continueront de peser sur la vie politique nigérienne, même depuis leurs casernes.

Christophe Châtelot

Le monde

 

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