Babacar Justin Ndiaye: « Il y a eu érosion de la popularité de Macky Sall »

Date:

Invité à l’émission-phare de Walf Tv « Opinion » animé par notre confrère Pierre Edouard Faye, le journaliste et politologue Babacar Justin Ndiaye a été égal à lui-même ce dimanche après-midi.

Indépendant d’esprit, percutant et lumineux, il a été pédagogue avec ce bon sens de la répartie et de la formule. L’invité du jour s’est longuement épanché sur le dossier casamançais pour dénoncer ce qu’il appelle « l’imposture de la communauté San’ Edigio » de Rome, pourtant partie prenante aux efforts de paix. Il l’a même qualifiée de « petite Onu des pauvres », non sans oublier d’aborder les questions d’actualité nationale

Revenant sur la motion de censure des Libéraux contre le Premier ministre Abdoul Mbaye, le politologue reconnaît que de colossales sommes d’argent et de biens ont été soustraits des banques tchadiennes par Hissène Habré, dictateur déchu, vivant au Sénégal depuis 22 ans. Il révèle que l’ancien homme fort de Ndjamena a débarqué à Dakar en passant par Yaoundé avec un avion cargo Hercule 530 bourré d’argent et avec même une Mercédès 600.

« La fortune de Hissène Habré est une fortune étagée. C’était aussi un preneur d’otages, la France avait payé une forte rançon. Cet argent pose un problème moral et licite ». Et de prévenir : « le procès de Habré sera une bombe à fragmentation. Avec des fragmentations incendiaires… Des pans entiers de l’histoire du Tchad et d’illustres personnalités disparues ne seront pas épargnés. Même la France en prendra pour son garde ». Voilà qui est bien dit. Mais, déplore-t-il, « le Sénégal ne gagne pas grand chose en organisant ce procès. Mon souhait est de voir l’ancien président Abdou Diouf écrire ses mémoires. Si le procès est encadré il n’y aura pas de débordements. Mais il est difficile d’encadrer un procès ».

Sur la justice version Macky Sall, il pose un principe: « Les audits, les auditions sont des impératifs de bonne gouvernance. Même les libéraux admettent la nécessité des audits. Cela dit, il y a une toile de fonds politiques avec les procédures enclenchées par le nouveau pouvoir ». Il note qu’avec la forte demande sociale et la flambée des denrées de première nécessité, « il y a une érosion de la popularité de Macky Sall. Pendant ce temps, il y a une opposition qui a de l’argent. Pour la première fois au Sénégal, nous avons une opposition riche. Il faut donc désarmer financièrement les adversaires politiques. On doit respecter des droits de l’homme y compris des droits de l’opposition ».

 

Délit d’offense au chef de l’Etat

Un chef de l’Etat sénégalais doit cesser d’être Secrétaire général de parti. D’où les confusions. Sur l’affaire El Hadj Amadou Sall, le Président Macky Sall a fait des mises en garde dans une instance partisane devant les jeunes de son parti, l’Apr. Or « la démocratie ni muette ni silencieuse ». Sur la loi du 10 août 1977 relative au délit d’offense au chef de l’Etat, le célèbre journaliste invite Macky Sall à aller plus loin que ses prédécesseurs, Senghor, Diouf et Wade. Il souhaite sa suppression pure et simple. « La démocratie n’est pas seulement un décor électoral, un armada de textes juridiques. C’est aussi un gentleman agreement. Il faut ici franchir le pas et faire un bon qualitatif ». Il se désole que les présidents Diouf et Wade n’aient pas abrogé cette loi: « Elle est liberticide et « démocraticide« . Il faut donc l’abroger ». Il en va de même pour la Cour de répression de l’Enrichissement illicite. Il faut aller jusqu’au bout de la logique démocratique.

Pour terminer, l’événement le plus marquant aux yeux du politologue a été incontestablement l’élection présidentielle du 25 mars 2012. « Nous avons été au carrefour du précipice et de l’âge d’or de la démocratie ». Finalement c’est la démocratie qui l’a emportée. « Un souvenir impérissable ».

Lesenegalais.net

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE