Encore quelques heures à patienter avant de connaître le classement du Ballon d’Or France Football 2019. Ce vendredi, Didier Drogba était la star d’une «masterclass» consacrée au BO.
Le grand moment approche. La révélation du Ballon d’Or France Football 2019, ainsi que du Ballon d’Or féminin, du Trophée Kopa et du Trophée Yachine, c’est lundi prochain, au Théâtre du Châtelet. Une journée et une cérémonie à suivre tout ce 2 décembre sur les différents supports de France Football.
Une preuve de cette excitation qui va crescendo ? La masterclass organisée ce vendredi matin dans les locaux de la maison de la radio à Paris. Au menu ? Didier Drogba, ambassadeur du Ballon d’Or France Football, et Pascal Ferré, rédacteur en chef de FF, pour évoquer toute l’histoire du Ballon d’Or. Mais pas que. Et à écouter les nombreuses questions, les nombreuses curiosités, le BO est l’objet de toutes les convoitises. L’assistance du jour : des élèves de la section football du collège Henri-Wallon de Savigny-le-Temple (77) et des fidèles abonnés de France Football. «Le Ballon d’Or, c’est la récompense d’une année complète, d’un travail acharné, souligne Didier Drogba, co-présentateur de la cérémonie de lundi prochain. Un trophée individuel, mais on ne peut l’obtenir qu’avec l’aide du collectif.» Morceaux choisis d’un échange passionné.
Sur la méthode de désignation de la liste des 30
Pascal Ferré : «La dizaine de journalistes qui travaille sur la liste regarde un millier de matches. Ça ne veut pas dire que rien ne nous échappe, mais on a une vision panoramique, on regarde partout. Ce n’est pas une addition de statistiques. Ce n’est pas forcément le meilleur buteur. Depuis 2014, le gagnant du Ballon d’Or a toujours gagné la Ligue des champions.»
Sur l’importance du Ballon d’Or pour les clubs
Pascal Ferré : «Tous les grands clubs sont très fiers de ressortir chaque année leur Ballon d’Or. Par exemple, le Real Madrid et le FC Barcelone sont très fiers de leurs récompenses. L’endroit le plus fréquenté du musée du Barça, c’est là où sont placés les Ballons d’Or de Lionel Messi.»
«Il y a une foire aux rumeurs. Ça fait partie du folklore. Ça ne nous dérange pas.»
Sur la confidentialité des résultats
Pascal Ferré : «À partir de là mi-novembre jusqu’à la veille de la révélation, soient les joueurs, soient les clubs, soient les entourages viennent aux nouvelles. Le principe c’est : aucune révélation avant l’officialisation. C’est de la curiosité. Voir des clubs comme le Real Madrid, la Juventus, le FC Barcelone, Manchester City venir aux nouvelles veut dire que c’est un trophée qui compte énormément. Depuis une dizaine de jours, il y a une foire aux rumeurs. Ça fait partie du folklore. Ça ne nous dérange pas. Actuellement, il y a très très peu de personnes au courant des résultats. Didier (Drogba) qui va présenter la cérémonie n’est pas au courant des lauréats.»
Sur une possible lassitude passée lors des sacres de Cristiano Ronaldo et de Lionel Messi
Pascal Ferré : «Oui, à partir du moment où ces deux joueurs extraordinaires ont trusté le palmarès, c’était compliqué de faire vivre ce feuilleton. Ces deux extraterrestres n’ont pas volé leurs trophées. La lassitude installée était un peu légitime. (Luka) Modric (vainqueur en 2018) est venu briser cette série, un formidable lauréat.»
Sur Cristiano Ronaldo et Lionel Messi
Didier Drogba : «Tu ne peux que les respecter. J’ai joué face aux deux : vous avez une machine de guerre, un compétiteur acharné ; de l’autre, un génie… C’est n’importe quoi (Il sourit.) ! Ce sont deux gars qui ont porté le football mondial pendant toutes ces années. Ils n’ont fait que challenger les autres à être plus forts, plus compétitifs. C’est pour ça, aussi, que Luka Modric a beaucoup de mérite.»
George Weah, premier Ballon d’Or non-européen en 1995
Didier Drogba : «George Weah, je m’en souviens très bien, c’était une idole. Je faisais tout comme lui. C’était son style, son efficacité, sa classe, il dégageait quelque chose.»
Sur l’Afrique et le Ballon d’Or
Pascal Ferré : «Il y a cinq Africains, première fois depuis de nombreuses années. Didier avait les moyens (de le gagner) mais il n’est pas allé au bout. (Samuel) Eto’o aussi avait le niveau. Mais avec l’avenir immédiat et un peu plus lointain, une génération est en train de s’installer. (Sadio) Mané, (Mohamed) Salah ont le niveau pour gagner. Ils sont les deux représentants du continent africain.»
Sur des clubs en campagne pour leur joueur
Pascal Ferré : «Le Real Madrid se range derrière un joueur. Du temps de Cristiano Ronaldo, le club militait pour un seul joueur, ça leur évitait d’avoir des votes dispersés. CR7 est d’ailleurs convaincu que s’il était resté au Real, il aurait eu le Ballon d’Or l’année dernière, en 2018.»
Sur le Ballon d’Or 2007 et la 4e place de Didier Drogba
Didier Drogba : «C’est le rêve de tout joueur donc c’est une déception… Mais je me dis que je suis quand même pas mal. Je suis chez moi quand j’apprends le résultat. Quand quelqu’un est remplaçant au Mans sept ans plus tôt et qu’il se retrouve 4e…»
Pascal Ferré : «Il m’envoyait entre 10 et 15 SMS par jour pour connaître le résultat. Je ne pouvais pas lui donner. Je lui répondais par devinette.»
Sur Franck Ribéry et sa troisième place en 2013
Didier Drogba : «Je connais Franck. Il était venu faire un essai à Guingamp. Il avait été refusé. J’avais insisté pour qu’il soit pris… Je sais comment il a travaillé. Un jour, j’étais en vacances à Ibiza. Je rentre chez moi, et je vois un mec en train de faire un footing à une de ces allures… C’était Franck. Un vrai bosseur. Sa déception avait été à la hauteur de son implication.»
Pascal Ferré : «Ribéry ne s’en est jamais vraiment remis. On n’a plus assisté à une saison aussi grandiose. À l’époque, le Ballon d’Or était en co-organisation avec la FIFA. Avec trois collèges de votants : les journalistes avaient porté Ribéry à la première place.»
Sur le Trophée Kopa
Pascal Ferré : «Il nous semblait cohérent et important d’instaurer une espèce de passerelle entre les anciens et la nouvelle et future génération de « ballondorisable ». Un trophée après lequel les jeunes commencent à courir. L’année dernière, Kylian (Mbappé) avait le sentiment que c’était un trophée qui avait été créé pour le consoler de ne pas avoir le Ballon d’Or. Il était presque convaincu qu’il avait de grandes chances. Il recevait le Trophée Kopa comme un lot de consolation. Mais, depuis, c’est un trophée qu’il chérit puisque cela a été son image de fond d’écran sur son téléphone pendant un moment.»
Sur la nécessité d’un Ballon d’Or féminin, créé en 2018 par FF
Pascal Ferré : «On y a réfléchi très en amont. Le foot féminin est une discipline qui s’est internationalisée depuis très peu de temps. Avant, cela concernait plutôt l’Europe du Nord, les États-Unis, et ça n’allait guère au-delà. Il n’y avait pas assez de concurrentes possibles. Depuis, le foot féminin s’implante un peu partout. Il était éligible à ce genre de trophées. C’est devenu une vraie compétition.»
Sur la possibilité de la création, par exemple, d’un trophée pour les défenseurs
Pascal Ferré : «Il ne faut pas se lancer dans cette diversité et une multiplication de prix. Ça n’aurait plus de sens. Au cours des quinze à vingt dernières années, on a eu peu de joueurs avec le charisme et la classe de (Franz) Beckenbauer (NDLR : Ballon d’Or 1972 et 1976). Varane septième en 2018 ? Effectivement, ça peut surprendre. C’est aussi la preuve que le Ballon d’Or n’est pas la conséquence d’une addition de trophées (NDLR : Varane avait remporté la Ligue des champions et la Coupe du monde en 2018). Peut-être qu’il lui manquait ce petit quelque chose. Il n’en était pas si loin.»
Suite à cette heure de conférence, les spectateurs ont pu poser certaines questions directement à Didier Drogba. L’occasion de revenir sur sa carrière de joueur.
Sur l’éloignement familial d’un joueur de foot
«Je suis parti à six ans (de Côte d’Ivoire). J’ai pris l’avion tout seul. J’ai pleuré tout le trajet. Quand tu te concentres sur ton objectif, il faut s’accrocher, se battre pour toi, pour ta famille.»
Sur son envie de faire bouger les choses en Afrique
«C’est l’envie de voir des Fédérations, des clubs structurés et organisés comme des clubs en Europe. En s’impliquant avec la CAF, la FIFA. On peut faire partie de ce changement-là.»
Sur sa volonté de devenir président de la Fédération ivoirienne
«J’ai envie de m’impliquer dans le quotidien du foot ivoirien. Beaucoup de jeunes rêvent d’être les prochains Yaya Touré, Samuel Eto’o, Riyad Mahrez…»
«Je suis quelqu’un de passionné» (Didier Drogba)
Sur la défaite qu’il n’a jamais su digérer dans sa carrière
«Il y en a quelques-unes. J’ai perdu pas mal de finales. Une avec Marseille (NDLR : En 2004, la finale de la Coupe de l’UEFA face à Valence, 0-2). Quand tu joues dans ton club préféré, tu as envie de gagner pour l’histoire. Et quand tu perds cette finale de l’UEFA, tu es très triste… J’ai eu du mal à me remettre des deux finales de Coupe d’Afrique des nations (2006, 2012). Il y a aussi la demi-finale face au Barça (NDLR : 2009 et le but d’Andrés Iniesta au bout du temps réglementaire dans une rencontre qui avait fait beaucoup parler). Je suis quelqu’un de passionné, de très expressif. Ce match-là, je l’ai senti comme une injustice. Mais tous les trophées que j’ai pu remporter, et le fait d’avoir eu l’occasion de jouer trois Coupes du monde, ça contrebalance un peu.»
Sur l’Olympique de Marseille
«Marseille, ça a été très, très fort. J’ai essayé plusieurs fois de revenir. Malheureusement, ça n’a pas pu se faire. Ce que je regrette sur mon départ pour Chelsea, c’est qu’on m’ait poussé à partir. J’aurais voulu rester plus longtemps à Marseille.»
Sur son plus beau but
«Difficile d’en citer un… Je vais dire celui contre Newcastle avec Marseille (NDLR : en demi-finale de la Coupe de l’UEFA en 2004). Ce but-là, je l’ai programmé le matin du match. À la fin de la séance que je faisais le matin, je me suis dit »Tiens, ce soir, je vais faire ce geste ».»
Après de nombreuses photos autour du Ballon d’Or et d’un Didier Drogba plus que convoité par les fans de football présents, les abonnés de France Football se réunissaient autour de Pascal Ferré pour de nouvelles discussions intenses autour du Ballon d’Or France Football.
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Ballon d’Or France Football 2019 : Tout savoir sur la «masterclass» de Didier Drogba et Pascal Ferré ce vendredi
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