Blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest : 36 500 milliards salissent l’espace Cedeao chaque année

Date:

Le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’ouest (Giaba) qui a lancé hier, une session interactive avec les responsables des médias d’Afrique de l’ouest, veut combiner ses efforts avec ceux de la presse pour faire face au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme. Ces phénomènes constituent une véritable menace économique. Plus de 36 000 milliards de francs Cfa circulent de manière illégale en Afrique de l’ouest chaque année. Cette énorme masse, qui dépasse de loin le budget de plusieurs pays, menace gravement la stabilité des pays, ainsi que le bien-être des populations de la région.

Moustapha Guirassy, le ministre de la Communication, des Télécom­munications et des Tic qui présidait hier, la cérémonie d’ouverture de la deuxième session interactive du Giaba à l’intention des responsables des médias des pays d’Afrique de l’ouest, a indiqué que «dans le rapport du Giaba (Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’ouest. Ndlr) sur l’évaluation de la menace du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme en Afrique de l’ouest, on estime à environ 73 milliards de dollars, les flux annuels des capitaux illicites dans 7 juridictions en Afrique de l’ouest». Si l’on estime le dollar américain à 500 francs Cfa, cela représente 36 500 milliards de francs Cfa. Ce qui dépasse le budget de tous les pays de l’Uemoa mis ensemble.

Moustapha Guirassy a ajouté que «les fonds blanchis proviennent d’une série de sources différentes dont les plus importantes sont l’évasion fiscale estimée à 43 milliards de dollars et la corruption, 20 milliards de dollars». Le porte-parole du gouvernement sénégalais a aussi noté que, «même si l’on ignore la valeur de la revente de la drogue qui transite par l’Afrique de l’ouest, l’argent de ce trafic dans cette zone peut s’élever à hauteur de 2 milliards de dollars. A cela s’ajoutent la fraude dans le secteur privé qui s’élève par an, à 612 millions de dollars et le trafic d’êtres humains, qui draine environ 280 millions de dollars dans l’économie souterraine». Ces différentes sources et statistiques selon M. Guirassy, «ne sont que la partie visible de l’iceberg du blanchiment d’argent ou du financement du terrorisme qui, tel un cancer, ronge insidieusement le corps social et économique de notre région».

C’est pourquoi a soutenu le Direc­teur général du Giaba, le Dr Ab­dullahi Shehu, «le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme compromettent gravement le développement durable par l’érosion du capital social et humain. Le phénomène menace la stabilité sociale et politique et cause un déséquilibre dans la conduite des affaires. Ce qui entrave l’investissement». Dr Abdul­lahi Shehu a expliqué que «les produits de la corruption alimentent le crime. Et cela facilite la perpétration de crimes et sape la primauté du droit. Le résultat de l’insuffisance de l’Etat de droit est un sentiment général d’insécurité, qui rend l’Etat incapable d’attirer suffisamment d’investissements étrangers directs».

Reconnaissant l’impact négatif de ces crimes économiques et financiers, le Giaba entre autres organismes, ne ménage aucun effort pour relever le défi. Mais seule, l’institution intergouvernementale ne ré­sou­dra pas le problème. Dr Abdul­lahi Shehu et ses collaborateurs veulent intensifier leurs efforts pour assurer la participation de toutes les parties prenantes dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Le Giaba a donc organisé hier la deuxième session interactive avec les responsables des médias de la sous-région, pour sensibiliser les gestionnaires de l’information sur leurs responsabilités et obligations dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. L’objectif est de favoriser et de renforcer le partenariat entre l’organisme et les médias, dans la lutte contre la criminalité transcontinentale organisée, en particulier le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

En mars 2010 à Lagos, le Nigéria avait accueilli la première édition de cette session interactive.
[email protected]

 

lequotidien.sn

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE