Blocage de l’emprunt obligataire – Les projets « mort-nés » de Khalifa Sall

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La ville de Dakar peine à voir certains de ses projets se réaliser depuis un an à cause du blocage de l’emprunt obligataire qui s’élève à 20 milliards.

Khalifa Sall a profité de la clôture des travaux du Forum des obligations municipales africain pour déplorer le blocage par les autorités étatiques de l’emprunt obligataire émis par la Ville de Dakar pour le financement de certains de ses projets. L’édile de Dakar a en effet fustigé les lenteurs notées dans le traitement du dossier juridique depuis presque une année devant la Cour suprême.

En 2014, le Conseil municipal de Dakar avait autorisé à la mairie d’émettre un emprunt obligataire de 20 milliards sur le marché de l’Union économique Ouest Africain (Uemoa). Mais pour des raisons techniques, l’Etat du Sénégal s’est désisté à deux jours du lancement de l’emprunt obligataire. Un changement qui fait tomber à l’eau plusieurs projets de la municipalité. Selon Babacar Aba Mbaye de « Dakar municipal finance », il était prévu avec cet emprunt, de venir à la rescousse de la population dakaroise à travers des projets sociaux.

« Des démarches étaient entreprises pour aider les ambulants à acquérir à moindre coût un pôle commercial que nous voulions faire à Petersen », explique M. Mbaye. Le collaborateur de Khalifa Sall renseigne que cet emprunt devait servir à achever une grande partie des projets de la municipalité. « Quand nous sommes arrivés, nous avions un déficit d’investissement à Dakar. En 2009, il n’y avait pas de feux rouges, il fallait emprunter 2 milliards pour réaliser ce projet en urgence. Le seul projet sur lequel nous avions avancé, c’était l’éclairage public parce qu’il y avait un prêt concessionnel. Nous avons trouvé des financements dans le circuit bancaire pour faire le centre commercial du marché Kermel et celui de Félix Eboué qui a été inauguré récemment.

Nous avons trouvé un prêt de 9 milliards auprès de la Boad (Banque Ouest africaine de développement) pour faire la voirie à Dakar’’, déclare Babacar Aba Mbaye. L’emprunt concernait ainsi le pôle commercial qui s’élevait à 20 milliards et devait couvrir « l’acquisition du foncier, la construction du centre commercial et les projets structurants qui allaient être autour. Il était même prévu des zones de stationnement et des voies qui devaient connecter ce pôle commerce de Petersen avec le centre commercial Félix Eboué ».

Ce site, selon ce collaborateur du maire de Dakar, devait abriter un espace de commerce destiné à caser non seulement des tabliers mais également les grandes enseignes. Ceci afin de désengorger les ruelles de la capitale et permettre aux Dakarois d’acquérir un meilleur cadre de vie. Aujourd’hui, le membre de ‘’Dakar municipal finance’’ semble regretter la tournure des événements car notre capitale devait servir de phase test pour permettre à la fondation Bill et Melinda Gates d’étaler les investissements aux autres capitales africaines.

« Ce projet a eu un double effet négatif. L’initiative de la Fondation qui l’a accompagné est de dupliquer le projet sur plusieurs pays africains. C’est une structure spécialisée dans la santé et qui avait mis en place une petite unité qui s’appelle « spéciale initiative » pour tester d’autres moyens d’accompagner d’autres projets à monter pour impacter les politiques de développement en Afrique. Après Dakar, la Fondation devait accompagner d’autres collectivités locales africaines pour cette problématique du financement », explique-t-il. Pour M. Mbaye, la municipalité de Dakar voulait rompre avec l’emprunt des banques et pour la première fois se lancer directement sur le marché financier qui polarise chaque année 150 milliards de financement.

« Ce n’est que de la politique »

Mais aujourd’hui, il n’arrive toujours pas à comprendre l’attitude de l’Etat qui jusque-là avait accompagné l’emprunt avec des avis de non-objection signé par le ministre de l’Economie et des Finances. « Il n’y avait aucune raison pour que le projet échoue. On avait déjà une garantie de 50% de l’Usaid, on avait mis en place un fonds de réserve, un compte séquestre. Pourquoi partir sur des schémas négatifs ? C’est une entité du Sénégal qui emprunte 20 milliards, qu’on investit dans la capitale sénégalaise », rouspète M. Mbaye. Avant de poursuivre : « L’une des grandes conséquences de l’emprunt obligataire est que les bailleurs se frustrent alors qu’ils étaient intéressés par ce qui se passe à Dakar qui est une ville qui a de l’audace, qui innove, qui va chercher et ne se fixe pas de limite. »

Babacar Aba Mbaye invite ainsi l’Etat et les collectivités locales à mutualiser leurs moyens pour permettre de booster l’économie du pays. « Nous sommes appelés à travailler ensemble et penser le contraire, c’est une faute historique. 90% de nos ressources viennent de la patente qui est payée par nos entreprises. Mais ce sont ces mêmes entreprises qui payent à l’Etat ses impôts. Il n’y a pas une ligne de facture où les collectivités ont leurs propres ressources avec leurs propres contribuables et l’Etat avec ses propres ressources et ses propres contribuables », dit-il. Moins diplomatique, un conseiller à la mairie de Dakar qui a requis l’anonymat, lie cette attitude de l’Etat à des raisons purement politiques. Il considère que toutes les procédures ont été bouclées avant que l’Etat ne revienne sur sa décision. « Tous les partenaires de la Ville ont reconnu qu’elle avait un dossier technique bien ficelé. L’Etat avait joué le jeu jusqu’aux derniers moments pour nous tourner le dos. Ce n’est que de la politique », a fustigé notre interlocuteur.

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