Bouffonnerie et idiotie propagandiste dans l’inauguration des œuvres étatiques (Par Pathe Gueye)

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Ahhhh saaaa nous sommes dans pain! Soyons tous prêts pour assister à l’inauguration du prochain alizé continental l’harmattan, ce vent chaud et sec qui va bientôt souffler sur ce Sénégal dit de l’émergence. Dorénavant, avec un petit et ancien président de la République comme lui tout est devenu inaugurable dans le pays!

Il inaugure un mur, il inaugure un cœur, il inaugure un trou, il inaugure une passerelle, il inaugure une arène, il inaugure un transhumant, il inaugure… mais oui, messieurs-dames, distinguons il y a tant de nos chers compatriotes sénégalais qui ont vite fait de tout confondre! Malheureusement, ils ne font pas souvent la distinction entre le pouvoir conçu comme une jouissance et le pouvoir conçu comme un service. Ils sont dans les profondeurs insondables de la démagogie politique, de la dictature de l’apparence et à la merci des déclarations putrescibles, des promesses fallacieuses formulées par les boulimiques du pouvoir sans vergogne. Chez la majorité d’entre eux, il existe une tendance à ne pas prendre ni conscience ni au sérieux, par-delà des imposants événements et faits immédiats et spécifiques, des significations, des forces, des principes et des puissances qui gouvernent l’immédiat, le singulier, le vu, le pensé, le raisonné et le senti… Le psittacisme politique ambiant s’obstine avec regret et les emporte au point qu’ils n’entendent même pas Pierre Gaxotte rappeler que «quand un nouveau régime s’installe, il commence par inaugurer les ponts, les gares, les aérodromes que son prédécesseur a mis en chantier, puis il dénonce l’impéritie de celui-ci».  

 

En effet, depuis son accession à la «souveraineté dépendante», le Sénégal troué presque partout vit au rythme de chantiers de plusieurs sortes et de grotesques cérémonies de propagandes politiques les entourant. Ici et là, la gouvernance fondée sur l’UTILITÉ prend largement le dessus sur celle reposant exclusivement sur la PRIORITÉ alors que ce qui est utile n’est pas forcément prioritaire. Ainsi, des infrastructures même celles non achevées sont précipitamment mises en service à tour de rôle par les politiciens professionnels afin d’obtenir du crédit politique. Ils ne laissent rien en rade pour arriver à «conduire ailleurs» des citoyens pris en otage en longueur de temps pour un prix dérisoire et décevante comme incitatif financier.   

 

Aussi, l’organisation ainsi que le fonctionnement normal de l’État sont perturbés par les absences parfois injustifiées de gouvernants et de fonctionnaires choisissant remplir les estrades des scènes de liesse populaire qui font entrer en wathiathia-wathiathia ininterrompues de dogmatiques militants fascinés, conquis et complètement assujettis à l’air frais du pouvoir. Durant ces tristes moments, les imposteurs politiques de la République adulés, jubilent, savourent et se détournent de leur serment de conduire dignement les Citoyens à la pratique saine et salutaire des vertus nécessaires pour un devenir vivant, viable et honorable de la Nation. En inaugurant ainsi les œuvres de l’État sous le label «Les aventures de Bamboula», tels des adeptes du mouvement intellectuel surréaliste, les bluffeurs de la République cherchent à vendre aux populations un couteau sans lame qui aurait perdu son manche. Pour eux, les activités d’inauguration des œuvres étatiques reposant sur des éléments affectifs et émotionnels, sont un support pour une véritable «mystique de l’État» qui s’octroie la fausse prétention d’avoir bien saisi et réalisé les priorités, les besoins et les aspirations des citoyens.

 

Par ailleurs, on ne peut pas être contre les bonnes choses ni contre la vertu! Dire autrement, conformément à nos priorités et à nos réelles capacités économiques, la réalisation d’œuvres étatiques qui mobilise des ressources bien allouées visant à favoriser ou à soutenir le développement économique d’un pays comme le Sénégal est à la fois un vœu exaltant et un impératif sincère qui ne cesseront jamais de nous animer. Malgré tant de désillusion, de vexation, d’avilissement, notre cœur entretient encore sa détermination et des espérances pour l’avenir radieux du Sénégal, ce pays, en reprenant le président Abdoul Mbaye de l’ACT, que nous mettons au dessus de tout et auquel nous devons tout. Ce pays que nous n’imaginons que grand et fort.

C’est pour cela que nous croyons avec conviction qu’inaugurer la réalisation des œuvres étatiques devrait plutôt être une occasion grave et solennel pour tout gouvernant consciencieux et qui se met résolument au service de l’essentiel de s’accorder un court moment de répit pour poser ces trois principaux actes:

 

D’abord, saisir le temps de l’inauguration pour un retour sur le sens et la portée du projet, sur les étapes phares de réalisation, sur les partenaires ainsi que les ressources mobilisés, sur les défis rencontrés et surmontés;

Ensuite, profiter du temps de l’inauguration pour reconnaitre et valoriser, par les Ordres Nationaux en vigueur, la participation active dans le projet des citoyens, des partenaires, des collaborateurs, des organisations;

Enfin, s’appuyer sur le temps de l’inauguration pour faire de l’éducation populaire dans le but de favoriser l’implication et l’engagement citoyen des populations pour la sauvegarde et l’entretien de l’infrastructure réalisée.  

 

Au total, dans ce contexte où l’apathie politique gagne de plus en plus du terrain au Sénégal et où on pense avoir déjà vidé tout le contenu de la « boite magique» des astuces de propagande politique que se ravivent les politiciens professionnels, encore mes chers compatriotes sénégalais « apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute»!

 

Pathé Guèye-Montréal

 

2 Commentaires

  1. Tu te crois intelligent avec ton baratin P. Guèye ? On réalise des ouvrages qui changent la vie des populations et on ne doit pas les inaugurer ? Les vrais fous ne sont pas à Fann…

    • Il est aisé de balayer d’un revers de main une réalité concrète, comme la cécité feinte de celui qui ne veut pas voir le soleil à midi sous les tropiques. Mais il est tout autant difficile pour un baudet qui porte des œillères, de faire preuve de largesse d’esprit. Alors mon cher Lemzo, pour dire vrai c’est toi qui, vraisemblablement, n’es pas assez intelligent pour saisir l’ampleur et la profondeur de la réflexion de Pathé. Comme quoi, il y a aussi des gens sains d’esprit au pavillon des fous à Fann: les psychiatres pardi!

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