Cheikh Hamidou Kane revient sur son aventure

Date:

Contrairement à ce que certains pensent, Samba Diallo, n’a pas perdu la foi en Dieu, encore moins la vie dans « L’aventure ambiguë ». Invité du Café littéraire par la Commission littérature du Festival mondial des arts nègres (Fesman) hier mardi 28 décembre 2010,  son auteur, Cheikh Hamidou Kane, est revenu sur ce personnage central et sur son autre bouquin « Le Gardien des Temples » considéré comme la suite logique du premier, mais également sur les relations entre le Président Senghor et Mamadou Dia dont il était à la fois témoin, mais aussi acteur.

Qui n’a pas été marqué par « L’Aventure ambiguë » de Cheikh Hamidou Kane ? Elèves, étudiants, enseignants ont tous été émerveillés par ce grand classique de littérature africaine publié en 1961.

Invité du Café littéraire par la commission littérature du festival mondial des arts nègres hier mardi 28 décembre 2010 à la Biscuiterie de la Médina, l’ancien ministre est revenu sur ce récit autobiographique.

« Contrairement à ce que certains pensent, confie l’enfant de Matam, Samba Diallo le personnage central du livre est loin d’avoir rendu l’âme encore moins perdu sa foi en Dieu à cause de son contact avec l’école française ».

Appelé à s’expliquer sur les contradictions entre la tradition Hal Pulaar d’alors et l’Occident, Cheih Hamidou Kane a confié qu’il était loin d’être le seul instruit dans sa famille à l’époque. « Mes oncles étaient à l’école.  Mais mon père n’y était pas. Il était un juge musulman (cadi). Il a voulu que ses enfants suivent le même chemin. C’est ainsi qu’un de mes oncles est venu le voir pour lui demander de me laisser aller à l’école avec argument à l’appui. Il lui avait dit : est-ce que le fait que je suis allé à l’école à altéré ma foi et mon identité culturelles Hal Pulaar ? ». Mon père a répondu : « Non ! ».

Toutefois, s’empresse-t-il de préciser, « même s’il n’y avait pas une incompatibilité apparente entre la culture africaine et la culture européenne, l’autonomie n’était pas absolue ». Il faut cependant comprendre, ajoute-t-il,  les « inquiétudes et les soucis » des parents quand il fallait envoyer les enfants à l’école.

Il cite le recrutement des tirailleurs sénégalais, les travaux forcés dans les cultures des champs par les colons. « Tout ceci, indique Cheikh Hamidou Kane, pouvait expliquer les réticences des populations à envoyer les enfants à l’école ».

Pis, ajoute-t-il, « elle était vue comme une substitution des langues locales, aux histoires locales par des valeurs étrangères ». A cela, s’ajoute la crainte de la religion chrétienne véhiculée dans l’école française même si à cette époque, les Républiques s’étaient détachées de l’Eglise. Samba Diallo était ainsi confronté à ces difficultés.

Mais, confie-t-il, « la synthèse n’était pas vraie, c’est pourquoi, j’ai écrit le Grand des Temples ». Ce rendez-vous est une occasion pour l’écrivain de ressasser les évènements de 1962.

Evénements de 1962 : « J’ai dit à Senghor…. »

La rencontre entre Cheikh Hamidou Kane et les journalistes n’a pas seulement tourné autour de la littérature, de « L’Aventure ambiguë » et du « Gardien des Temples ». L’homme de culture est aussi un homme politique qui a occupé des fonctions ministérielles au Sénégal.  Témoin de l’histoire, il confie n’avoir pas été d’accord avec Senghor quand ce dernier a voulu emprisonner Mamadou Dia en l’accusant d’avoir fomenté un coup d’état. « J’ai dit à Senghor, s’il (Dia, Ndlr) a voulu utiliser la force, considère que c’est une faute. Mais ne l’envoie pas en prison. Senghor m’a dit qu’il a compris que l’Afrique n’est pas prête pour le régime parlementaire. Et qu’il va modifier la constitution. Pour lui, quand une amitié, un compagnonnage de 17 ans se termine ainsi, c’est parce que le régime parlementaire n’était pas bon ». « J’ai démissionné son gouvernement trois mois après qu’il ait mis Dia en prison. Heureusement que je suis allé travailler à l’Unesco », dira-t-il.

Enfin, Cheikh Hamidou Kane a lancé un appel aux différents dirigeants africains en leur conseillant de penser à l’avenir de la jeunesse, aux ressources naturelles du continent, au lieu de rester divisés en 53 états voire bientôt 54 si le Soudan du Sud prend son indépendance.

SUDONLINE;SN

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Afrique : de fortes pluies « liées au phénomène El Niño » font beaucoup de morts en Tanzanie et au Kenya

XALIMANEWS-Plusieurs pays d'Afrique de l'Est sont frappés ces dernières...

Accord : La Gambie suspend l’augmentation des droits de douane sur le ciment sénégalais

XALIMANEWS-La Gambie a décidé de suspendre une augmentation des...

Afrique-Kenya/Changement climatique : des scientifiques ont développé des haricots résistants à la sécheresse et aux maladies

XALIMANEWS-Alors que le changement climatique frappe rigoureusement le continent...

Kolda : Arrestation d’un couple pour sévices infligés à une fillette âgée de 4 ans

XALIMANEWS-La Police de Kolda a appréhendé un couple originaire...