Candidature wade- « Pour moi, il est plus simple de saisir l’Assemblée pour clarifier la Constitution » (Omar Sarr Pds)

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Même s’il dit ne pas douter de la « légalité » de la candidature de Wade, le chargé des élections du Pds martèle que pour lui, l’Assemblée doit être saisie pour « clarifier » la Constitution, du moment que le débat a quitté le terrain du Droit pour celui de la politique. Omar Sarr qui assure que Idrissa Seck a sa place dans le dispositif pour la « victoire » de la Coalition libérale, martèle aussi que Aminata Tall a le droit de refuser un poste qu’on lui propose, même si, selon lui, sa place se trouve dans le Pds. Entretien avec un homme qui ne met pas de gants.

L’As : Lors de la dernière conférence de presse de la coalition Alliance Sopi pour Toujours, vous avez proposé de modifier la constitution pour faire valider la candidature de Wade…

Omar Sarr : C’est un peu plus complexe. Il s’agissait d’un déjeuner de presse centré sur le fichier électoral.

Une candidature qui peut amener votre coalition à saisir l’Assemblée…

Ecoutez, j’ai expliqué que pour moi, la candidature de Wade est recevable. Il ne faut pas faire du juridisme. Certains spécialistes du droit nous ont expliqué qu’il ne s’agit même pas d’une question constitutionnelle, mais d’une technique utilisée par le droit en général pour régler les conflits des lois dans le temps. C’est vrai que la manière dont la Constitution est présentée dans le site du gouvernement pose problème, puisqu’il ne s’agit pas de la Constitution adoptée en 2001 puis des lois successives ayant consacré ses modifications. Les modifications sont directement opérées dans la loi initiale, ce qui fait qu’il est difficile de voir la Constitution, telle qu’elle a vécu dans le temps. Je peux même dire que la Constitution, telle que présentée par le site gouvernemental, n’est pas la Constitution ; et partir de là, pour faire des extrapolations serait une lourde erreur.

Maintenant, en partant de principes simples de droit traitant de la loi et du temps, notamment le fait que les lois ne peuvent traiter que pour le futur, qu’elles ont un effet immédiat et qu’elles ne peuvent avoir d’effet rétroactif, des juristes renommés nous ont expliqué que la candidature de Wade, du point de vue du droit, est forcément recevable.

D’autres experts ont abouti à des résultats opposés…

Vous savez, il ne faut pas forcément être juriste pour comprendre un raisonnement logique qui traite de principes de droit. Le fait nouveau est que ces problèmes de droit ont été transformés en questions politiques. La candidature de Wade n’est plus une question de droit, mais une question politique et une question politique doit être traitée politiquement. Nous pouvons attendre jusqu’au dépôt des candidatures et nous sommes sûrs que le Conseil constitutionnel va dire le droit. Comme c’est devenu une question politique, les politiciens ne vont pas l’écouter. Si le Conseil constitutionnel valide la candidature, ces gens de l’opposition vont tous dire que c’est un Conseil constitutionnel à la Gbagbo, à la solde du pouvoir. Ils vont tous l’attaquer, saisir l’international, faire du bruit et essayer de discréditer nos élections. Ils savent qu’ils seront battus avec Me Wade ; ce qui leur reste, c’est jeter du discrédit sur sa candidature. Nous devons aujourd’hui anticiper et régler politiquement cette question.

En modifiant la Constitution ?

En utilisant les instruments à notre disposition. Le Gouvernement peut saisir l’Assemblée nationale, pour lui demander de clarifier la loi qu’elle a votée, c’est ce qu’on appelle une loi interprétative, comme les députés peuvent modifier la loi pour la clarifier définitivement.

De manière plus pratique, l’Assemblée nationale sera-t-elle saisie pour « clarifier » la Constitution ?

Je vous ai donné ma position. Pour moi, il est plus simple de saisir l’Assemblée nationale. Il revient au président de la République de prendre la décision finale. Encore une fois, je n’ai aucun doute sur la position finale du Conseil constitutionnel, mais l’opposition nous attend là-bas pour essayer de disqualifier nos institutions et nos élections. Ils n’ont plus le fichier. Il ne leur reste plus que la candidature.

Vous ne pensez pas que cette question va envenimer la situation politique ?

L’opposition essaie d’envenimer la situation à propos de tout et de rien. C’est parfois lamentable. Et dire que ces gens-là ont géré le pays et modifié la Constitution quand ils voulaient, comme ils voulaient, malgré les « consensus » obtenus avec l’opposition de l’époque. Combien de fois ont-ils modifié la Constitution ? Je me rappelle, peut-être qu’eux l’ont oublié, la modification des articles 21 et 28 de la Constitution de l’époque, en fin 1998. La modification de l’article 21 permettait au Président du Ps, au cas où il serait élu en 2000, de briguer un nouveau mandat de 2007 à 2014 ! Il serait amusant de lire les arguments de la majorité de l’époque et les comparer à leurs propos d’aujourd’hui.

La modification de l’article 28 permettait de supprimer le quart bloquant, ce qui permettrait à Abdou Diouf de se faire élire, même s’il obtenait en voix moins du quart des électeurs inscrits sur les listes électorales. Consensus ou pas, accord ou pas, le Ps de l’époque modifiait comme il voulait la Constitution et les lois. Et aujourd’hui, ils veulent se présenter comme des bébés politiques avec des principes en or. Amusant ! Quand on est dans l’opposition, il est normal de s’opposer à des lois qui peuvent allonger la durée des mandats de la majorité. Mais tout le monde sait que ce ne sont pas les lois, qui gagnent une élection. Malgré les lois et la Constitution moult fois modifiées, nous avons battu le régime Ps.

L’Assemblée nationale peut légiférer, à tout moment. Même la Cedeao, que beaucoup de personnes citent, recommande de ne pas modifier six mois avant les élections et nous sommes à plus d’un an de la Présidentielle. D’ailleurs, il faut en profiter pour régler toutes les autres questions liées à la chose électorale.

Vous voulez dire qu’il y a d’autres questions constitutionnelles à toucher ?

Pas forcément constitutionnelles. L’audit du fichier a proposé des recommandations qu’il faudra transformer en actes légaux ou règlementaires. Il y a des questions, sur lesquelles nous sommes d’accord avec l’opposition.

Est-ce qu’il y en a d’autres ?

Personnellement, je pense qu’il faudra revoir la question des candidatures à l’élection présidentielle, par exemple. Est-ce que tout le monde peut se lever, créer un Parti et se présenter à l’élection présidentielle ? En France, par exemple, il faut un certain nombre de parrainages d’élus. Dans d’autres pays, il faut d’abord avoir des élus au Parlement ou avoir eu un pourcentage minimum à une élection antérieure. Pour moi, la caution ne doit pas être la seule pré condition pour la candidature à la Présidentielle. Les conditions actuelles me semblent insuffisantes. Il faut pouvoir limiter les candidatures à l’élection présidentielle.

Pouvez-vous être plus précis dans vos propositions ?

Je crois que ce n’est pas utile à ce stade mais les politiques sont obligés de réfléchir à cette situation. Si tous les 166 Partis existants présentaient une candidature à la Présidentielle, la tenue du scrutin serait matériellement impossible. Il faut anticiper. Il faut permettre la tenue des élections, quel que soit le cas de figure.

Pour en venir au « climat libéral », avez-vous parlé à Idrissa Seck, depuis qu’il a pris ses distances avec le Pds ? Pourquoi on n’a plus reparlé de son exclusion ?

Ma position sur ce problème est sans ambiguïté. Je pense que nous avons besoin de tout le monde pour gagner largement en 2012. Idrissa Seck a sa place dans notre dispositif pour la victoire. Il a eu sa position sur la candidature. Pour moi, il n’avait pas le droit de vilipender le Comité directeur ou d’attaquer avec une violence verbale inouïe le secrétaire général national. Un parti, c’est d’abord la discipline. S’il revient à de meilleurs sentiments, je pense que nous ne devons pas lui fermer la porte du Parti.

Aminata Tall a refusé un poste de ministre et est en pleine dissidence. N’est-ce pas mauvais signe pour le Parti ? Que répondez-vous à ceux qui soutiennent que les « Pds authentiques » sont sacrifiés au profit de transhumants ?

Aminata est une sœur. Je ne pense pas qu’elle soit en dissidence. Elle a le droit d’accepter ou de refuser un poste qu’on lui propose. Je ne pense pas qu’elle puisse aller en rébellion, pour cette raison. Elle est un des meilleurs cadres du Parti. Je ne crois pas qu’elle puisse avoir une place ailleurs que dans le Pds et dans des attelages du Parti. De manière générale, je ne pense pas qu’il y ait dans le Parti une différence entre les militants qui ont adhéré avant l’alternance et ceux qui ont adhéré après. Nous avons tous pour mission de renforcer le Parti, et cela ne peut se faire sans de nouveaux militants.

Toute l’intelligence politique est de garder les anciens, de recruter les nouveaux et de faire en sorte qu’anciens et nouveaux se retrouvent égaux en droits et devoirs dans le Parti et bâtissent ensemble celui-ci. Je ne pense pas que les adhérents d’après alternance aient aujourd’hui plus de droits que les anciens. Je n’aime pas le terme transhumant.

Des rumeurs font état de la volonté du Président de mettre en place un Gouvernement d’union nationale. Les confirmez-vous ?

Je ne suis pas au courant d’une telle initiative du Président. Si nous devons aller aux élections en 2012, je ne vois pas l’intérêt d’un Gouvernement d’union nationale ; mais j’avoue que je ne suis pas au courant.

Ne pensez-vous pas que la mise en orbite de Karim Wade est un facteur déstabilisant pour le Pds ?

Est-ce que Karim est vraiment mis en orbite ? Il est incontestable que Karim est un cadre de haut niveau et qu’il fait bien son travail aux côtés du Président. Il ne doit pas subir des préjudices du fait qu’il est le fils de Président. Notre candidat pour 2012 est Me Wade. Tout le monde le comprend et l’accepte. J’ai combattu les propositions des Assises de l’opposition, et notamment leur proposition constitutionnelle qui disait : « A la fin de son mandat, un membre de la famille du président de la République au premier degré (conjoint, ascendant, descendant, collatéraux) ne pourra pas lui succéder ». J’avais, à l’époque, dit que c’est une des propositions les plus réactionnaires de notre histoire politique. Logiquement, ils devaient étendre cette proposition aux maires, présidents de Conseil rural, présidents de Conseil régional etc.

C’est même une atteinte aux droits les plus élémentaires de la personne, une vision réductrice et réactionnaire de la cellule familiale. Je crois que Karim, comme tous les Sénégalais, a le droit de prétendre à être un jour président du Sénégal. Je ne sais pas s’il le veut car aujourd’hui rien ne l’indique. Il travaille à renforcer le parti à travers son mouvement. Ces temps-ci, je le vois beaucoup plus en train de régler des problèmes de Gouvernement qu’à se positionner politiquement. Il faut respecter son droit. De toute façon, il faut fonctionner par étape. Il faut, de toutes nos forces et avec tous nos moyens, nous mobiliser et l’emporter en 2012. C’est le combat de l’heure, le seul combat qui vaille, pour nous.

Des observateurs estiment que c’est le règlement de la question énergétique qui risque de faire perdre votre régime. Etes-vous de cet avis ?

C’est assurément une des questions que nous devons résoudre. Le Gouvernement est sur la bonne voie. Il y a d’autres questions : le niveau de vie, les inondations, l’agriculture etc. Nous devons nous hâter, mais je crois que, dans l’ensemble, nous avons la maîtrise de la situation politique, économique et sociale. Nous avons tellement fait pour le pays et notre peuple. Nous devrons mieux expliquer, aller vers le peuple, expliquer et convaincre. Il n’y a pas d’autres recettes pour notre victoire du 26 Février 2012.

Pour revenir sur le fichier électoral, certains vous avaient accusé de l’avoir manipulé et d’avoir vous-même dormi des jours durant au ministère de l’Intérieur pour pouvoir faire des tripatouillages…

Nul doute que les résultats de l’audit sont un succès pour toute la Nation. Ils mettent fin à une controverse créée depuis les élections de 2007. Il a été démontré que le fichier électoral est fiable et crédible. Pour nous qui avions pratiqué ces élections, pour le Gouvernement qui l’a mis en œuvre et pour le président de la République qui en a été l’initiateur, il s’agit d’une victoire. Ce que les experts indépendants ont démontré, c’est ce que nous avons toujours dit, c’est ce que l’opposition a toujours contesté. C’est, pour nous, la fin d’un débat.

L’opposition relativise les résultats, en partant des recommandations…

Avant les recommandations, il y a le diagnostic. Il est sans complaisance : le fichier est crédible. Quand on parle de fichier ici, on parle des données magnétiques ayant permis la capture des informations sur les électeurs comme de tout le processus électoral. Les auditeurs ont écrit et dit que le système électoral sénégalais est crédible. Toutes les personnes de bonne foi savaient que nous allions aboutir à ce résultat. Je ne vous divulgue pas un secret, en vous disant que l’audit de l’opposition, bien qu’incomplet, avait abouti aux mêmes résultats mais elle n’avait pas osé le publier. Nous rions tous sous cape, quand leurs experts disaient qu’ils ont transmis leurs résultats à leurs leaders et qu’il revenait à ceux-ci de communiquer ou pas. Triste !

Entretien réalisé par Cheikh Mbacké GUISSE

lasquotidien.info

4 Commentaires

  1. Cet homme ne nous surprend plus. Aux parents de Omar Sarr, coffrez-le chez vous sinon sa boulimie du pouvoir risque de conduire vers la démence. Comment demander à une Assemblée nationale de s’occuper d’une question qui ne peut être réglée que par le Conseil constitutionnel ou un référendum? Chers parents d’Omar Sarr, faites vite! Coffrez-le chez vous le temps qu’il retrouve ses esprits!

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