Casamance – Enquête sur les opérations de ratissage au Nord Sindian : Des indignés de l’Armée se confient: c’est le flop !

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C’est l’histoire d’une équipe enthousiaste de Diambars qui avaient embarqué de Thiès pour la Casamance. Armes aux poings, l’honneur en bandoulière, pour une opération de ratissage. Avec des garanties de la hiérarchie, pour un renforcement de leurs munitions. Ces Diambars étaient si près de réussir leur mission quand tout a basculé, une erreur d’appréciation a fait couler leur sang, leur stock de munitions était épuisé, pis leurs blessés ont attendu plus de douze heures pour être évacués sur Dakar. Récit d’une déception de soldats couverts par l’anonymat.

Début janvier 2012, la base des Commandos sise à Thiès est en état d’alerte. Le commandement de ba­taillon a fait dans l’anticipation. Mot d’ordre ? «Que personne ne demande une permission pour aller au ma­gal de Touba. Il se pourrait qu’on soit déployé en Casa­man­ce pour une o­pération de ratissage.» L’heure était aux derniers réglages entre le chef de corps Abasse Fall et l’état-major. Pendant la soirée du jour du magal de Touba (13 janvier dernier), les unités prenaient leurs packages. Dès le lendemain, elles ont embarqué pour Bignona. Le moment de l’action n’est plus loin.

A la base de Bignona, il y avait déjà une compagnie de Commandos et des parachutistes prêts à intervenir. Les Commandos venus de Thiès ont passé une semaine dans la ville avant d’être déployés sur le terrain. Les unités arrivent à Sindian. Le ratissage démarre. La stratégie s’appuie sur les piliers commandos et parachutistes. Elle a consisté à tenailler les rebelles par deux feux. Les Commandos de­vaient d’abord sécuriser l’axe menant à Djokado (30Km de Sindian). Là-bas, il existe une position militaire dont le ravitaillement en denrées alimentaires a été compromis depuis des mois par les rebelles. La frontière gambienne est à quelques encablures. «Cette première mission a été accomplie», s’enorgueillit un des hommes qui étaient sur le terrain.

Le Lieutenant-colonel, Abasse Fall, de progresser avec ses hommes vers les bases rebelles de Kassanne et Karoo, deux villages frontaliers à la Gambie et abandonnés par les populations. Quant aux parachutistes, ils ont quitté le village d’Oulampane pour atteindre la base rebelle de Bassène Mandiora, tout aussi proche de la ligne frontalière.

ET LE PIRE COMMENCE
Mais il a fallu trois semaines d’opérations, selon un parachutiste, pour que le pire commence. Le 13 février passé, se désole-t-il, une erreur d’appréciation d’un Diambar a fait couler le sang de ses frères d’armes. «Un tir de mortier de 120mm sur une section des Commandos. Neuf soldats sont tombés et trois sont décédés sur le champ», regrette notre interlocuteur. Ce dernier de préciser que l’usage des armes lourdes étaient «pour faciliter la progression des Com­man­dos situés en première ligne». Ainsi, la priorité devient l’évacuation des blessés. L’unité de secours a su déterrer une vingtaine de mines. Néanmoins, un soldat en a été victime. Aussitôt  les blessés évacués, le ratissage se poursuit.

Le 14 février, l’Armée intensifie ses tirs et multiplient les accrochages avec les rebelles. On est à moins d’un kilomètre des bases rebelles. «On apercevait les chaumières rebelles. Mieux, on se défiait verbalement», raconte un soldat. Mais les Com­man­dos enregistrent de nouvelles pertes en vies humaines et des blessés dont certains étaient trop graves. Et il fallait les évacuer sur Ziguinchor, puis sur Dakar. Il faisait 15h environ, se rappellent nos interlocuteurs. Mais à ce moment-là, le candidat Abdoulaye Wade a mobilisé l’avion de l’Armée pour les besoins de son meeting prévu à Matam. Un officier en mission en zone sud renseigne que ces trois blessés sont arrivés à l’hôpital de Ziguinchor vers 3h du matin. Sur place, raconte-t-il, le commandement  n’avait aucun moyen d’urgence pour rallier Dakar.

LA PRESENCE DE MERCENAIRES SUSPECTEE
Le 15 février à 8h, l’aéronef militaire mobilisé la veille par le chef de l’Etat arrive enfin puis décolle de l’aéroport de Ziguinchor pour Da-kar. Sur le terrain, les opérations sont suspendues pour défaut de munitions, «alors qu’on était si près du but». «Ceci a duré des jours», déplore un soldat. Les parachutistes étaient contraints d’abandonner leurs positions avancées pour se replier à Djokado. Là, ils retrouvent un chef de corps des Commandos exaspéré par la rupture du stock de munitions. Mais la colère du  Lieutenant-colonel, Abasse Fall, a été exacerbée par l’inexistence d’appui aérien pour faciliter la progression de ses hommes. «On n’a bénéficié ni des frappes de l’avion ni de celles des hélicoptères. Tout le monde se posait des questions sur leur inaction, alors qu’on était sur le point de prendre les bases rebelles. Personne n’a compris cette attitude du commandement», fustige un autre soldat. Ce Diambar d’ajouter que la tâ­che deviendra plus compliquée dans les jours à venir. Dans la mesure où, dit-il, les rebelles peuvent profiter du moment pour miner le secteur.

Toutefois, l’Armée a infligé d’énormes pertes à l’ennemi. Mais parmi les victimes rebelles, les Diambars ont remarqué des hommes en tenue militaires avec gilet pare-balles. On sus­pecte une présence de combattants étrangers en Casamance. «Des informations provenant de la Gambie font état de mercenaires d’origine gam­bienne et d’autres venus de la Cô­te d’Ivoire», évoque un soldat. D’ail­leurs, poursuit-il, des radios gambiennes font des échos perceptibles à partir du théâtre des opérations.

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