Ce N’est Pas Le Chemin ! par Vieux Savane

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Mercredi dernier, il flottait comme un étrange parfum de veillée d’armes dans le carré de la Place de l’Indépendance interdit à toute circulation, rappelant étrangement les périodes de braise qui ont rythmé la dernière période post électorale et que l’on croyait désormais jetées aux orties. Les désagréments causés aux hommes et aux femmes qui vaquaient à leurs occupations du fait des embouteillages monstres ainsi occasionnés avaient pour cause quelque chose de paradoxal, à savoir la mairie de Dakar ferraillant contre le ministère du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie, à propos de l’aménagement de cet espace. Ils sont pourtant nombreux les chantiers à gérer pour que chacune des deux entités puisse y trouver son compte en adéquation avec ses prérogatives.

Le cadre de vie reste en effet à améliorer, ne serait-ce qu’en corrigeant l’absence de parcs et de jardins publics, la façade maritime agressée par le béton qui enferme les alizés. Dakar assommée par la pollution des voitures aux pots d’échappement dégageant de la fumée âcre doit s’attaquer aux embouteillages infernaux accentués par l’indiscipline des gens et rendus possible par l’insuffisance de transports en commun performants. Un terme doit aussi être mis au spectacle insupportable d’enfants à l’avenir confisqué, jetés dans la rue et réduits à tendre la sébile.

Il demeure tellement de problèmes urgents à solutionner et qui incombent à l’Etat qu’on a du mal à comprendre que le ministère du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre bâti puisse prêter le flanc de cette façon, , en donnant l’impression de vouloir contrecarrer Khalifa Sall dont le péché mignon serait, même si son parti est membre de la coalition au pouvoir, de nourrir ou de se voir prêter des ambitions présidentielles. Aussi, ce qui ressemble à une bataille de positionnement pour s’attribuer la paternité de telle ou telle réalisation semble perdre de vue que ce qui emporte l’adhésion ou non des populations à un projet est avant tout sous tendue à une vision adossée à une manière de faire. Prenons la victoire engrangée par Khalifa Sall aux dernières élections locales.

Pour nombre d’observateurs à l’origine de cette victoire, on retrouve la fermeté et le désintéressement prêtés à l’actuel maire de Dakar. Voilà quelqu’un qui a su dire à ses mandants que quoi cela puisse lui coûter; même une réélection, il ferait ce que qu’il a à faire pour leur rendre la vie plus agréable. Alliant l’acte à la parole, il n’a pas faibli avec les marchands ambulants et a continué à désencombrer les trottoirs de Dakar pour les restituer aux piétons. Une attitude qui n’était pas pour déplaire car, ce que les Sénégalais attendent de leurs dirigeants, qu’ils soient à la tête de l’Etat ou des collectivités locales, c’est qu’ils soient concentrés sur la résolution des problèmes qui les taraudent. En somme, un pouvoir fort qui ne caresse pas dans le sens du poil et qui s’adosse à des principes rigoureux de lutte sans merci contre la corruption, le chômage, refuse le désordre, la chienlit.

Déjà, en mars 2000, suite à la première alternance démocratique issue des urnes, il était entendu que, dans leur grande majorité, les populations étaient prêtes à remettre le pays sur les rails afin que soit mis un frein à la corruption et la concussion. Mais que n’ont-elles été surprises d’entendre que le premier acte posé par le nouveau promu aura été un ravissement extraordinaire en murmurant à l’oreille de son plus proche collaborateur de l’époque : “désormais tous nos problèmes d’argent sont terminés”. Cette posture était annonciatrice des dérives et pratiques corruptrices à venir, notamment celles ayant ponctué les douze années de règne wadien. On pouvait toutefois relever le décalage avec cette nostalgie de l’excellence qui sourdait dans les attentes exprimées par les populations et qui est toujours d’actualité.

Il se retrouve en effet non point dans une recomposition autour de la même quête captive des ressources mais dans un changement de paradigmes susceptible de promouvoir une alternative dans la façon de faire de la politique. En somme, s’inscrire dans la posture de serviteur acharné de l’Etat et des populations. Voilà ce qui peut permettre au gouvernement et aux collectivités locales de travailler en bonne intelligence dans le champ de leurs prérogatives respectives. Aussi, devraient-elles garder à l’esprit que l‘électeur sénégalais qui a fait montre d’une grande maturité ces dernières années et que n’ont pu corrompre ni les “ndigël” ni l’argent distribué par les acheteurs de consciences saura, le moment venu, faire preuve d’une indépendance et d’un discernement qui sanctionnent positivement ou négativement les différentes offres qui lui seront proposées. Les batailles de positionnement à relents politiciens sont par conséquent bien loin d’indiquer les chemins de l’excellence auxquels aspirent une grande majorité de Sénégalais et d’Africains. A l’évidence, le gagnant de cette bataille qui se livre autour de la Place de l’Indépendance devrait être le Dakarois et non ceux qui veulent profiter de la capitale du Sénégal et chef lieu de région comme un instrument au service de leurs ambitions égoïstes et personnelles.

Vieux Savane
sudonline.sn

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