Visé dans l’opération « biens mal acquis » version sénégalaise, le fils d’Abdoulaye Wade a dû s’expliquer durant quatre heures sur l’origine de ses biens. La Lettre du Continent reprise par Leral livre en exclusivité le contenu des auditions !
Muni de ses dossiers et de sa – toute première – convocation, délivrée en mains propres le 2 juillet, à 9H15 pétantes, à son domicile privé du Point E à Dakar, Karim Wade a été entendu les 3 et 5 juillet à la Section de recherches de la gendarmerie nationale par trois enquêteurs conduits par le capitaine Ibrahima Mbow. Selon les auditions de deux heures chacune réalisées à la caserne Samba Diéry Diallo, l’ancien ministre d’Etat, fils d’Abdoulaye Wade, a été notamment entendu sur ses biens immobiliers au Sénégal et en France, évalués à quelque 700 millions F CFA (1,1 million €). Sont concernées trois maisons bâties à Dakar dont l’une, acquise après l’accession du président Wade au pouvoir en 2000, se trouve à la Rue 10. Les deux autres sont situées au Point E, dans le prolongement immédiat de la maison familiale.
Ce patrimoine comprend par ailleurs un appartement à Paris, rue de la Faisanderie, dans le très huppé 16e arrondissement. Documents à l’appui, Karim Wade affirme avoir acquis ce bien grâce à un prêt contracté auprès de la Société générale des Banques du Sénégal (SGBS). Il dispose également de deux propriétés nues (non bâties) sises respectivement à Kébémer (fief d’origine du président Wade) et dans la ville sainte de Touba, cette dernière ayant été offerte à l’intéressé par le khalife général des Mourides.
Concernant la rumeur récurrente selon laquelle il aurait acquis un jet privé pour ses déplacements à l’étranger, l’ancien « super ministre » a répondu qu’il s’agissait, en réalité, d’appareils prêtés « soit par des Etats, soit par des amis arabes ou européens ». Figurerait le Falcon 50 du patron du groupe agroalimentaire Advens, le Franco-Libano-Sénégalais Abbas Jaber. Karim Wade a par ailleurs reconnu avoir utilisé à plusieurs reprises l’avion présidentiel sénégalais pour ses déplacements professionnels, mais « comme plusieurs personnalités de l’ancien et du nouveau régime ».
Enfin, à propos de son parc automobile, évalué à neuf véhicules, le fils de l’ancien président sénégalais a confié avoir reçu des grosses cylindrées de certains « amis » du Golfe arabo-persique et d’oligarques russes connus lorsqu’il était directeur associé à la banque UBS Warburg, dans les années 90 à Londres. Il a révélé avoir, dans ses anciennes fonctions, traité de délicats dossiers pétroliers, mais aussi conseillé et aidé à la restructuration de dettes en Angola, en Afrique du Sud, en Russie, en Guinée équatoriale, ainsi qu’au Qatar et, en retour, avoir été « cadeauté » par des « pays reconnus pour leur extrême générosité ». Karim Wade a, enfin, admis posséder deux comptes bancaires à Dakar, un compte à Paris et un autre à Londres.
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