Célébration du cinquantenaire des indépendances à Washington : Obama snobe Wade et compagnie et déroule le tapis rouge à la société civile

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Me Wade et ses pairs africains qui rêvaient d’une audience avec Obama à l’occasion de la célébration du cinquantenaire à Washington, vont devoir déchanter. En lieu et place des chefs d’Etat, le président le plus puissant du monde a préféré recevoir les leaders de la société civile au mois d’août prochain. Une preuve selon Mamadou Mbodj du Forum civil que l’avenir de l’Afrique n’est pas incarné par ses chefs d’Etat.

Le président Obama a finalement décidé de ne pas suivre les pas de son homologues français pour célébrer le cinquantenaire. En lieu et place d’une forte délégation de chefs d’Etat africains pour prendre part à la célébration du cinquantenaire à Washington, Barack Obama a choisi d’inviter les leaders de la société civile africaine. Une occasion ratée pour certains chefs d’Etat qui rêvaient jusque-là de rencontrer le président de la première puissance mondiale. Qu’importe, rétorque le porte-parole du Pds Babacar Gaye. ‘Il n’y a pas à demander des explications sur ce choix qui relève plutôt de la diplomatie’, minimise le ministre d’Etat, chargé des questions politiques auprès du président de la République. Mieux, selon lui, ‘la question des invitations est du domaine de la diplomatie. Et, les Etats-Unis étant un pays souverain, sont libres d’inviter qui ils veulent. On ne peut donc rien leur reprocher’.

Cependant, pour Mouhamadou Mbodj, patron du Forum civil, un des leaders de la société civile au Sénégal, ‘ce choix du président américain nous conforte dans nos convictions que l’un des rares lieux d’expression de la défense de l’intérêt général en Afrique reste la société civile. Aujourd’hui, il est largement prouvé que la société civile en Afrique est à la pointe de tous les combats : que ce soit la lutte contre la corruption, la mal gouvernance, la détérioration des termes de l’échange, la fraude électorale, etc.’. Selon toujours M. Mbodji, ‘le combat pour l’avenir de l’Afrique est mené par la société civile et cela, les Etats-Unis le savent. Cette grande puissance n’ignore pas, non plus, que les dirigeants africains ne sont là que pour leurs propres intérêts. On change les Constitutions pour se maintenir au pouvoir, on fraude aux élections, on pille les ressources. Et le seul exemple de Tandja du Niger est assez édifiant : voilà quelqu’un qui a signé 159 contrats miniers en 2009. Et c’est celle-là l’attitude de tous les dirigeants africains’. Face à cette situation, poursuit le patron du Forum civil, ‘les Etats-Unis semblent avoir compris que, pour la pérennisation de l’Afrique, il faut chercher des acteurs qui la portent et c’est la société civile’.

Analysant la présence d’une forte délégation aux côtés du président français à la fête du 14 juillet, Mamadou Mbodj souligne, pour le dénoncer, que ‘cela rappelle l’Exposition universelle, quand, au temps colonial, les Blancs exposaient des Nègres sur les lieux publics comme trophées de guerre’. De l’avis de ce leader de la société civile sénégalaise, la France regarde toujours l’Afrique comme un ancien maître regarde son esclave. ‘L’Amérique n’est pas dans cette posture. Elle défend des principes universels’, souligne-t-il. C’est pourquoi, M. Mbodj estime que ceux qui sont allés en France à l’occasion de ce 14 juillet, sont ‘le frein du développement de l’Afrique, pour ne pas dire le prolongement des intérêts de la France en Afrique ; pas un seul parmi les chefs d’Etat africains qui ne possède pas un pied en France, pas un seul d’entre eux qui ne possède pas un compte bancaire en France. Tout le contraire de l’Amérique qui n’entretient pas ces liens avec les dirigeants africains. Cela explique qu’elle estime plus utile de se tourner vers la société civile qui incarne l’avenir de ce continent’.

Cette option de Barack Obama sonne donc comme la mise en pratique de son fameux discours d’Accra. ‘En ce XXIe siècle, des institutions capables, fiables et transparentes sont la clé du succès – des parlements puissants et des forces de police honnêtes ; des juges et des journalistes indépendants ; un secteur privé et une société civile florissants, ainsi qu’une presse indépendante. Tels sont les éléments qui donnent vie à la démocratie, parce que c’est ce qui compte dans la vie quotidienne des gens’, avait déclaré Obama lors de son premier voyage en Afrique en tant que président des Etats-Unis. Non sans affirmer qu’il ‘ne s’agit pas seulement d’organiser des élections – il faut voir ce qui se passe entre les scrutins.

La répression revêt de nombreuses formes et trop de pays, même ceux qui tiennent des élections, sont en proie à des problèmes qui condamnent leur peuple à la pauvreté. Aucun pays ne peut créer de richesse si ses dirigeants exploitent l’économie pour s’enrichir personnellement, ou si des policiers peuvent être achetés par des trafiquants de drogue. Aucune entreprise ne veut investir dans un pays où le gouvernement se taille au départ une part de 20 %, ou dans lequel le chef de l’autorité portuaire est corrompu. Personne ne veut vivre dans une société où la règle de droit cède la place à la loi du plus fort et à la corruption. Ce n’est pas de la démocratie, c’est de la tyrannie, même si de temps en temps on y sème une élection çà et là, et il est temps que ce style de gouvernement disparaisse’.

Signalons que depuis son accession au pouvoir, Obama n’a visité qu’un seul pays d’Afrique noire, le Ghana, et n’a reçu que cinq dirigeants de cette région du monde, le Tanzanien Kikwete, la Libérienne Johnson-Sirleaf, le Zimbabwéen Tsvangirai, le Sud-Africain Zuma et le Nigérian Jonathan.

Georges Nesta DIOP
walf.sn

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