Ces 2 rendez-vous manqués par la Gauche Sénégalaise! Par Mohamadou SY « Siré »

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‘’Je préfère partir quand tout le monde me demande de rester que de rester quand tout le monde me demandera de partir’’. Edson Arantes Do Nascimento dit Pelé, footballeur Brésilien.

Ah, ces chefs de partis de la Gauche sénégalaise, si prompts à donner des leçons de démocratie et d’humanisme alors qu’ils ne se l’appliquent pas au sein de leurs propres partis politiques. Soit, c’est la maladie qui a raison d’eux, alors ils ne peuvent plus continuer physiquement. Soit, c’est une carrière internationale qui s’offre à eux, alors « ils élèvent le niveau », quittent les hautes stations comme on les quitte dans la Russie de Poutine et de Medvedev. Quand d’autres, après avoir essuyé de multiples revers et perdu de nombreux combats et batailles politiques, refusent carrément de passer le témoin. Et que dire de ceux là qui, malgré une santé fragile, songe qu’après eux, ce sera le déluge et de ceux là qui , ayant atteint leur limite objective en termes de performance politique, préfèrent jouer la tactique de la terre brûlée. Sinon que de dire que c’est pour la Gauche sénégalaise dans son ensemble et pour reprendre Platon, le début de la tyrannie.

 Dans l’axe du temps, la Gauche sénégalaise a manqué deux rendez-vous: le rendez-vous historique et géopolitique du 20eme siècle et celui futur et géostratégique du 21eme siècle.

 La Gauche, originelle et doctrinale, est née en URSS, durant la première guerre mondiale (14-18). Quand les masses ouvrières et paysannes descendirent de manière spontanée dans la rue en 1917 pour réclamer du Tsar, qu’il mire fin à cette horrible guerre afin qu’ils aient plus du pain et de la nourriture, ils furent loin de se douter qu’elles étaient en train de créer une révolution et un courant de pensée: le communisme bolchévique et le socialisme soviétique. C’est à cet instant que Vladimir Oulianov dit Lénine, qui était à la recherche d’une masse humaine critique sur laquelle s’appuyer pour asseoir sa théorie idéologique et sa philosophie politique, va surfer sur cette vague de contestataires. Et ces masses laborieuses contestataires constituées d’ouvriers et de paysans, quant à elles, étaient en quête d’idéologie et d’idéologue pour légitimer leur revendication et donner un sens et une âme à leur lutte. Elles vont trouver en Lénine, le porte étendard de ce nouvel humanisme naissant, le harangueur des foules. Ce qui a fait qu’entre Lénine et les masses laborieuses paysannes et ouvrières, c’était un peu comme entre celui qui cherchait là où passait la nuit et celle qui cherchait de la compagnie….. C’est ce qui expliquera plus tard, toute la beauté et la puissance intellectuelle, humaniste, politique du communisme et du socialisme, parce que conçues et construits sur et dans un désir mutuel et ardent….

 Le 1er rendez-vous manqué: Quand la 2éme génération de la Gauche sénégalaise s’embourgeoise

 Les premières générations de la Gauche sénégalaise (Majemouth Diop, Mamadou Dia, Cheikh Anta Diop, Babacar Sané etc…), avaient tracé le sillon et mené ‘’leur’’ combat avec les armes qu’ils avaient, contre la lutte de ‘’leur’’ époque, de ‘’leur’’ temps et de ‘’leur’’ génération: l’impérialisme colonial et le néo-colonialisme et ses puissants relais au Sénégal.

 La deuxième génération de chefs de partis de Gauche n’a pas porté haut, le flambeau allumé par leurs ‘’ainés’’. Pour les uns, de bonne foi. Pour les autres, de mauvaise foi. Pour les uns, ce sera du communisme bolchévisme rhétorique, une Gauche de salon et de compromission, amplifiée par une forte unité de bruit médiatique et sans emprise réelle avec le monde rural et paysan.

Pour les autres, ils ont commis l’erreur de copier l’esprit et la lettre de la Gauche soviétique sans un minimum de tropicalisation, en oubliant que les cibles changent de l’URSS (les masses ouvrières parce que l’URSS de l’époque était une puissance industrielle) au Sénégal (parce que l’industrie était embryonnaire à l’époque au Sénégal et nous avions plus de masses paysannes et rurales que de masses ouvrières). Ce qui a fait qu’au Sénégal, seuls généralement les alphabétisés, les citadins et les ouvriers des villes, comprennent de quoi on parle quand on parle des idéaux de la Gauche. Pas l’arrière pays et les masses paysannes qui devraient être pourtant, le réceptacle et le porteur de l’humanisme de Gauche, capable d’impulser les transformations significatives.

 Le 2éme rendez-vous de la Gauche sénégalaise: L’exigence de changement d’hommes et de méthodes et la solidarité générationnelle

 Au Sénégal, certains chefs de partis politiques de mouvance Gauche, font comme le ‘’baobab mort’’ qui, même ‘’mort’’, ne bouge pas! Or, ce que ces ‘’baobabs morts’’ ne comprennent pas, c’est qu’ils on fait leur temps, mené le combat qui était le leur et de leur génération. Ils ne comprennent toujours pas que la meilleure manière pour eux de ne pas vendanger leur mérite et  d’entrer dans l’Histoire, consiste à devenir des sentinelles d’une Gauche sénégalaise pour laquelle, ils seront les tours de guets. Ces sexagénaires ne comprennent toujours pas que leurs structures mentales et leurs ressorts de pensée créatrice, d’actions et de réactions, ont été formatés, construits et nourris pour un combat idéologique et politique déclassé. La lutte des places a remplacé la lutte des classes. Les crises identitaires et communautaires ont remplacé les crises nationalistes et unionistes. Le libéralisme et l’économie de marché ont triomphé du communisme et de son économie planifiée. La guerre froide et la coexistence pacifique (jeu d’influence) est  terminée, faute de combattants, pour laisser place à d’autres formes de guerres plus insidieuses: les guerres géostratégiques et géopolitiques (jeux des intérêts). La guerre bipolaire a cédé la place à celle systémique et multipolaire. Avant-hier et hier, notre sous-développement fut à cause des ‘’Autres’’. Aujourd’hui et pour demain, notre développement se fera  grâce et par ‘’Nous’’. Le temps où l’Afrique n’était qu’un simple enjeu des puissances étrangères est en train d’être surplanté par celui où elle s’affirme comme un véritable acteur.  Les ‘’business models’’ d’hier qui faisaient que la certitude politique et la rente économique étaient des principes immuables ont été remis à plats par les TICs qui font de l’incertitude, la seule certitude et substitue à la rente, l’innovation, la créativité et la compétitivité. En somme, les grilles de lecture, d’analyse d’action et de réaction face aux  défis et enjeux de ce 21eme siècle ne sont plus celles de la  première moitié du 20eme siècle. D’ailleurs, mêmes les ‘’Lignes rouges’’ ont bougé (Chine, Russie).

 Conclusion

Alors, comment devant ces exigences d’un monde nouveau, d’un monde qui bouge et d’une Afrique ‘’mondialisatrice’’ plutôt que d’une Afrique mondialisée, d’une Afrique en phase de réécrire une nouvelle grammaire des relations internationales, que l’on ne laisse pas couler ‘’le sang neuf’’ et aider à faire éclore des idées nouvelles et des ‘’neuves manières de voir et d’agir’’. Bref, changer d’Hommes, de méthodes et de discours. Quand le sympathisant de la Gauche que je suis, vois  l’AFP envoyer au gouvernement Mata SY Diallo à la place de Hélène Tine, la LD choisir Mamadou Ndoye à la place d’un Seydou SY Sall, Ousmane Tanor Dieng obstrué Aissata Tall Sall à la tête du PS, Landing Savané refuser de passer le témoin à Mamadou Diop Decroix au risque de faire éclater AJ après avoir combattu la bande à Madieyna Mbodj, le RND scissionné à cause du conflit larvé entre le Pr Madior Diouf et le Dr Dialo Diop, je me dis que la Grande révolte de la nouvelle Gauche sénégalaise sera pour bientôt. Aussi paradoxale que cela puisse paraître, au Sénégal, c’est la Droite (Wade, Macky) qui réapprend à la Gauche, ses propres leçons d’humanisme et de progressisme (solidarité agissante avec le monde rural, responsabilisation des jeunes et des femmes). Il ne s’agit pas seulement pour ces barons de la Gauche sénégalaise, d’alternance générationnelle, mais plus: de solidarité générationnelle.

 Mais, dit donc, Poutine aurait-il raison quand il disait que ‘’si vous n’êtes pas de Gauche à vos 20 ans, c’est que vous n’avez pas de cœur. Si vous restez de Gauche à vos 40 ans, c’est parce que vous n’avez pas la raison’’.

Mohamadou SY « Siré » / [email protected]

CEO « Epsilone Consulting », strategie & management

Casablanca, Maroc

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