Ces lois qu’il faut d’urgence à Ndoumbélane correspondances d’outre- tombe (Suite) (Par Alassane K. Kitane).

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Une tombe est toujours un musée de secrets et d’intentions inassouvies. « La
tombe elle-même est un temple souterrain… ». S’il m’était permis de
décontextualiser cette phrase de Carl Gustav Jung (puisqu’il s’agit d’un récit
autobiographique où il raconte ses angoisses enfantines, etc.) je lui aurais donné
un autre sens. Il y a, en effet, plus d’histoires, d’énergie spirituelle et de secrets,
dans une tombe, dans un cimetière, que dans les temples dédiés aux dieux. Une
tombe est un cimetière de bonnes œuvres certes, mais aussi d’intentions
occultes et de pratiques douteuses.
Je vais vous narrer la façon dont votre pays est dépouillé de ses richesses par
certains de ses fils, ceux-là mêmes à qui vous rendez hommage si souvent en
faisant de leur tombe un lieu de pèlerinage. Le cimetière est le lieu où le saint
côtoie le pire gangster : c’est l’espace de nivellement absolu, de néantisation, un
lieu où toute une existence se résume à un nom gravé sur une plaque, une
épitaphe. Pour les mégalomanes comme nous hommes politiques véreux, la
chose est bien plus tragique : il nous faut encore frimer, même morts. La tombe
de certains hommes est parfois un luxe insensé et insolent à côté de celles
anonymes de héros, de savants, d’enfants innocents, etc. : quelle arrogance !
L’injustice est décidément partout. Ah, si vous saviez ce que vous ont fait
certains hommes politiques que vous continuez à célébrer !
En attendant je vous conseille de ne pas vous contenter de regarder le passé des
hommes avant de les promouvoir. Regarder bien dans leur futur, après
l’exercice des fonctions que vous leur avez confiées. L’avenir est ici la lumière
qui éclaire la passé, mais aussi le présent ; votre présent. Regardez bien ce qu’ils
font après avoir quitté leurs fonctions politiques, vous aurez bientôt la réponse à
vos questions sur le contraste entre la pauvreté de ce pays et ses immenses
ressources. L’Autre ne vous vole vos richesses que par le concours et la
complicité actives des vôtres. La meilleure façon de neutraliser les prédateurs
venus d’ailleurs, sera par conséquent de rendre inopérantes les manigances de
vos élites déchues ou retraitées. Les informations dont disposent ces hommes
politiques sont pour eux une mine d’or.
La meilleure loi, la plus urgente de toutes, que vous devriez voter devra à la fois
être préventive et proactive. Il s’agira de légiférer dans le sens d’interdire à tout
ancien ministre, directeur général de société nationale et présidents d’une
institution d’être un représentant de société étrangère ayant des intérêts dans ce
pays ou même. Car je vous le dis, vos ressources naturelles sont des mines
doubles : les premiers à les exploiter sont vos hommes politiques qui

s’empressent de collecter des informations à vendre à des frimes internationales.
Il y en a dont le niveau de vie ne change pas malgré l’inactivité dans laquelle ils
sont depuis la perte de leur poste. De quoi vivent-ils ?
La deuxième loi urgente qu’il vous faut est celle relative à une restriction sur les
décisions de privatisation. Il vous faut une loi interdisant aux proches des
membres du gouvernement, de l’assemblée nationale et des directeurs de société
nationale, d’avoir des actions dans les sociétés privatisées. Pour commencer, il
vous faut sans délai l’audit de toutes les privatisations qui ont accompagné ou
suivi le processus des ajustements structurels à Ndoumbélane. Certaines
privatisations n’ont jamais été profitables à votre pays, elles ont tout au plus été
des vaches à lait maquillées pour servir de trésor de guerre à des entrepreneurs
politiques. (A suivre)
Le Casse-pieds de Ndoumbélane

1 COMMENTAIRE

  1. Merci. Cependant, un autre secteur non visé par le texte est celui des cadres traîtres des sociétés nationales… qui finissent par être privatisées. Je m’explique.
    La SONEES a été privatisée en SDE à cause de la traîtrise de certains de ses cadres. Quand la française SAUR a eu besoin de mettre la main sur la SONEES, elle s’en ouvrit à quelques cadres bien choisis de la SONEES. Elle leur fit miroiter tout ce qu’ils pourront en gagner en l’aidant à avoir la main sur la SONEES. En ce moment, Abdou Diouf était totalement opposé à toute idée de capitaux étrangers dans ce qu’il appelait un secteur de souveraineté. Il avait donc le même nationalisme mal placé que Macky Sall avait découvert chez Wade pour faire une politique contraire, en ramenant l’armée française au Sénégal, en ramenant Bolloré, etc.
    Pour contourner l’opposition du président Abdou Diouf, ces cadres mirent en place une stratégie. Puisqu’il fallait, en chaque fin d’année, remonter un rapport annuel à la présidence, ils se mirent à bidonner ce rapport pour qu’il soit chaque année plus alarmant que l’année d’avant. Et à chaque fois qu’il y avait les questionnements d’Abdou Diouf, la même réponse lui était fournie: il faut privatiser avant que la catastrophe n’arrive. Abdou, la mort dans l’âme, finit par accepter la privatisation. Le blanc, ayant mis la main sur la SONEES, s’empressant de mener ces cadres vers le départ négocié. Il n’est pas fou pour garder de pareils traîtres dans ses nouveaux murs.
    Ces gens là n’étaient pas des politiques. Et pourtant ils ont fait pire que les politiques.
    Pour la compréhension de l’acte en cours de cette histoire de trahison envers le peuple (qu’il faut absolument maintenir dans l’ignorance), il faut comprendre que pour avoir la main sur la SDE, SUEZ ne procéda pas à la corruption des cadres de la boite mais procéda à la corruption des dirigeants du Sénégal.
    Même procédé. Avec seulement des cibles différentes. Mais toujours la même traîtrise envers le peuple sénégalais, qu’importe le traître.

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