C’est à croire que le Sénégal nous échappe par Birame Waltako Ndiaye

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Les Jumah moubarak, les Aïd moubarrak et les Machallah apprêtés signifient tout au plus : pauvres convertis, bienvenus dans le cercle des élus. « khaye am na di », nous sommes perdus dans le tintamarre nouveau de ce pays compliqué de nouveautés vexantes. Les Sisyphe heureux se sont accommodés de rapports et de modes fraichement établis par effet d’émigration ou d’incursion. Faut-il contester ce Sénégal inattendu d’emprunts ou simplement s’y fondre pour faire branché ? Il va falloir, au moins, démasquer ces collabos qui ignorent qu’on jurait en toute simplicité sur la ceinture de nos pères, il n y a pas si longtemps.

Enfants, grand frère du pater dans la concession de Linguère Diambor,  nous a déjà initiés aux valeurs héritées, celles qui disent que la gloire est valeur et distinction. Code d’honneur, serment opposable aux épreuves des passions, la parole donnée équivaut à la main au feu, narrée et promue. Au diable cette espèce de couronnement des mortifications imposées  en outils d’annexion de notre âme martiale.  Jamais, nous avons soupçonné ces maures à dos de chameaux, troqueurs de sucres et d’attaches depuis « Ganar » dans les artères ensablées, bruyantes d’innocences et d’hospitalités.

L’affolement des nouvelles générations, accapareuses de sénégalité, écrase toute manifestation de fierté, cadence et caution d’identité, déjà consacrée dès l’enfance. Pardieu ! Où est passé la simplicité de la confiance fixe, identification au prochain et croyance brute ? Le lien qui fait croire à l’inépuisable sincérité a cédé la place au soupçon et à l’emballement, érigés en modèle d’affaire. Point d’ami, pas de complice, même plus de douce moitié, il faut bien se prémunir des adversités dissimulées mais tout aussi virulentes.

Chut ! On enregistre, on colporte, on divulgue les confidences intimes jusqu’aux railleries et autres légèretés charmantes des cercles restreints de fratrie. Adieu affection, Adieu bienfait, Adieu complicité ! Ce Sénégal nous est tout nouveau, il ne correspond pas à celui qui a vu naitre nos craintes d’anonymat devant le parterre des émulations d’hommes sincères et pourtant conquérants. Nous voilà, à présent, dans une sorte de moule des lois du marché triomphant, elles braquent les uns aux autres ménageant, pour sa pérennité, quelques apparences de civilité.

Les quelques anticonformismes se traduisent en dévotion religieuses des reformé arabisé, ou des catéchisés qui rêvent en latin. À ceux-là, il faut leur dire en tout respect : arrêtez de nous tympaniser de choses à dire et à faire, vos ramassis de règles escarpées et accablants nous dépouillent de tout ce que nous avons appris, aimé et assimilé des mémoires et manifestations du terroir. Bon ! Le pays précède ces rapports actuels, happés et hétéroclites, des mannequins minces et de ces intégristes intraitables qui se bousculent dans les couloirs du temps présent, du pouvoir et des parts.

Pour tout vous dire, petits commis caracolant, on s’en fout de vos sentences confiscatoires, de vos envoûtements encombrants, le Sénégal, c’est aussi le royaume d’enfance, c’est aussi la joie des paradis passés. Pas question de calquer Jumma Mubarak, ni une quelconque autre terminologie pour faire taliban ou persan ou les deux à la fois. C’est diam rék nam ou diadieuf waay, sinon rien, sans voiler aucune grâce, sans enturbanner aucune prestance. C’est à peine, s’il y a exagération. Ok ! il faut bien s’imposer.

Sur la ceinture des pères ! Caution de mise sous scellés des confidences et des aveux de proches jusqu’aux rivaux, nous n’avons rien à faire des leçons effrayantes d’intégrisme. Héros de sagesses, brutales mais simples, les âmes béantes de meurtrissures, jamais en sanglot, craintives des plus petites rumeurs de faiblesse, sont passées par là. Si Macky Sall reçoit en « ndogou » Ahmed Aïdara, supposé instigateur, s’il passe des coups de fil aux prêcheurs en vogue comme pour s’assurer de leurs soutiens, c’est son problème.

Birame Waltako Ndiaye

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5 Commentaires

  1. Grand,

    il faut ecrire sur des sujets qui preoccupent le Senegal en tant que tel. Telle que la monnaie, la reforme des institutions, les mauvaises politiques energetiques, le manque de vision de nos chefs d’etat qui travaillent plus pour l interet des occidentaux que pour ceux qui les ont elus, etc.
    Vous m’excuserez mais je pense que si vous avez pris la responsabilite de publier des articles, vous parlez pour tout une communaute et par consequent le choix de vos sujets doit etre anime par un souci de convictions personnelles et non de promotion personnelle.

  2. Way Salam ya nékh. Moi, le sujet m’intéresse parce qu’il parle des changements sociaux et surtout culturels. Ce n’est pas toi qui décide de ce qui intéresse les gens ou non? s’il faut parler de ce qui intéresse les sénégalais, je pense qu’on parlerait de lutte et de danse. Ya fi ndakh Salam

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