« Chasse aux Sénégalais » : l’Italie découvre son nouveau visage dans la douleur

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Faut-il qu’il y ait une tragédie pour qu’en Italie, on parle d’immigration ? L’innommable « chasse aux Sénégalais » qui s’est déroulée mardi à Florence et qui a coûté la vie à deux hommes, Samb Modou et Diop Mor, en est la triste illustration. La plus cruelle en cette année 2011 où l’immigration pourrait être l’un des thèmes phares. Sans compter que l’auteur du massacre, Gianluca Casseri, est d’extrême droite.

Deux sentiments ont immédiatement traversé les autorités florentines mardi. La culpabilité et la honte face à cette communauté sans histoires : le maire, Matteo Renzi, a ainsi proclamé une journée de lutte pour la communauté du Sénégal. La commune paiera aussi le rapatriement des dépouilles et les funérailles.

Mais quelques fleurs ne suffiront pas. Un représentant de la communauté sénégalaise de Florence s’est insurgé dans le journal Fatto quotidiano :

« Pour vous, nous sommes “ t’y veux, t’y achète ”, des vendeurs ambulants africains, des étrangers perturbateurs, sales, inutiles. Au contraire, nous avons une dignité et nous voulons être traités comme des humains. »

Nouvelles générations, nouvelle identité

S’interroger sur la place donnée aux immigrés aujourd’hui… Cette terrible « chasse » (le mot fait frémir) doit en être le déclencheur : l’Italie (les médias, les autorités) est contrainte de se pencher sur son nouveau visage. Et l’accepter.

Dans la péninsule, l’immigration fait l’objet de discussions très sporadiques. Ainsi lors de l’arrivée massive de Tunisiens et Libyens à Lampedusa au printemps dernier, l’Italie avait découvert ses nouvelles générations d’Italiens d’origine étrangère. Celles qui étudient, parlent la langue parfaitement, bref, des personnes qui demandaient, justement, à être considérées comme citoyens à part entière.

Avant de les oublier aussi sec une fois l’actualité passée. Ne pas considérer ces nouvelles générations autrement que dans les moments difficiles, c’est refuser une nouvelle identité. C’est donner lieu, aussi, à des généralités.

Des immigrations différentes en fonction des régions

Dans la péninsule, l’immigration correspond à plusieurs réalités. La situation des étrangers change ainsi plus ou moins en fonction des régions.

Dans le Sud, l’étranger est en majorité celui que la mafia exploite dans les champs de fruits et légumes. Dans le Nord, les situations varient : à Brescia, des immigrés ont occupé une grue pour protester contre l’impossibilité d’obtenir des permis de séjour. Inversement à Crémone, où des Indiens du Punjab sont venus travailler dans les laiteries qui servent à produire notamment le Grana Padano.

Et les Italiens dans tout ça ? Ils pèsent leurs mots. Lors de l’interview, le propriétaire d’une de ces laiterie de Crémone s’était montré très réticent.

« Pourquoi vous intéressez-vous aux Indiens ? Vous savez qu’ici ils font un travail rémunéré 1 800 euros par mois. On ne les exploite pas. Non parce que vous savez, avec la Ligue du Nord, on en a marre de passer pour les racistes de service. »

La commune, face à l’arrivée massive de cette communauté avait même fait construire un temple sikh, l’un des plus importants d’Europe, après ceux de l’Angleterre.

Cette information, plutôt significative sur l’Italie d’aujourd’hui, avait été dévoilée par le New York Times.
avec rue89

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