Cheikh Bakhoum, directeur général de l’Adie : « 3 fournisseurs d’accès internet sont attendus sur le marché »

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L’Agence de l’informatique de l’Etat (Adie) est, d’après le Code des Télécoms, un opérateur alternatif d’infrastructures. Elle gère l’informatique de l’Etat, avec ses démembrements, pour une meilleure efficience. Son directeur général Cheikh Bakhoum s’est ouvert au Soleil. A bâtons rompus, il a abordé toutes les questions d’actualités relatives à sa structure ; y compris la cybercriminalité. D’ailleurs, l’Adie a enclenché le processus pour la création d’un centre national d’alertes qui permettra, sur un écran, de visualiser toutes les attaques que le Sénégal subit à chaque instant.

Il a indiqué que prochainement, trois opérateurs seront choisis par l’Etat pour diversifier l’offre sur le marché de l’internet, afin que les consommateurs puissent bénéficier de la qualité et de prix accessibles.

L’Agence de l’informatique de l’Etat (Adie) a été mise sur pied en 2004 pour prendre en charge, entre autres,  les réseaux informatiques de l’Etat. Où en êtes-vous avec cette mission ?
« Avant l’an 2000, on avait juste quelques informaticiens au Bureau organisation et méthode (Bom) et après, on a eu la Délégation à l’informatique jusqu’en 2004. Vous l’avez dit, l’Adie a été créée en 2004 avec pour principale mission de gérer le réseau sur lequel l’Etat a investi. L’autre mission, c’est de moderniser l’administration en y injectant de la technologie avec la dématérialisation de pas mal de procédures administratives. Ainsi, sur le site « servicepublic.gouv.sn », on peut voir les 700 procédures de l’administration qui ont été déjà répertoriées. Le citoyen, où qu’il se trouvera donc, chaque fois qu’il voudra faire une démarche sans connaître les papiers qu’il lui faut, il pourra entrer dans le site et obtenir toutes les informations nécessaires. Concernant la gestion du réseau, comme les opérateurs, L’Etat a décidé d’investir sur une infrastructure de haut débit dès le début des années 2000. Dans un premier temps, on a construit un réseau de 500 km à Dakar pour relier les grandes administrations de l’Etat par fibre optique.

C’est dans un souci d’efficacité de la gestion des dossiers de l’Etat car les gens peuvent partager l’information très rapidement. Auparavant, l’état de la facture de la connectivité était très élevé. C’est pourquoi donc l’Etat a décidé d’investir dans sa propre infrastructure. Après Dakar, ce réseau a commencé à être étendu aux autres régions. Ce qu’on appelait jusque-là Intranet gouvernemental est devenu Intranet administratif à partir du moment où nous sommes sortis de Dakar. Désormais, cela ne concerne plus seulement les ministères mais aussi les administrations décentralisées et les collectivités locales, les universités, les hôpitaux. A partir de 2012, avec l’arrivée du président Macky Sall, nous avons entamé un projet de fibre optique de 1000 km. Ces 1000 km nous permettent d’aller jusqu’à Mbour, Kaolack, Fatick, contournant la Gambie et aller à Tamba en redescendant à Kolda, Vélingara jusqu’à Ziguinchor, Saint-Louis, Louga et Diourbel. Sur toute la côte, nous avons un réseau de fibre optique. Nous avons donc 1500 km de fibre optique. Cela permet de connecter des centaines d’administrations. Aujourd’hui, 700 bâtiments administratifs sont connectés par le réseau de l’Adie. Notre mission principale est d’exploiter ce réseau, notre travail quotidien ».

Au-delà de cette fibre optique, est-ce que l’Adie a développé d’autres types de technologies pour connecter les différentes administrations ?
« Effectivement, nous avons, par exemple, un réseau Wimax qui est un réseau non filaire puisqu’on ne peut pas mettre de la fibre optique partout. C’est un autre type de technologie qui connecte plus facilement certaines administrations. De même, nous avons un réseau Cdma qui marche sur des terminaux mobiles que nous avons commencé à distribuer, depuis six mois, dans toutes les administrations. Les terminaux sont des portables à deux puces, l’une Gsm et l’autre Cdma. Ils donnent à tous les agents de l’administration un numéro qui commence par 79. Beaucoup d’agents de l’administration en disposent déjà, permettant ainsi à l’Etat d’économiser de l’argent dans la communication parce que les appels entre administrateurs sont gratuits. De même, ils peuvent avoir l’Internet gratuitement. Cela participe également à la modernisation et à l’efficacité de l’administration et permet aux agents de travailler dans de meilleures conditions. C’est ainsi que nous avons déjà déployé plus de 13.000 terminaux mobiles qui marchent à travers toutes les régions du Sénégal, tous les services décentralisés en ont bénéficié ».

Pensez-vous que cela puisse participer à réduire la facture de communication (téléphone et Internet) de l’Etat qui, à un certain moment, a atteint 22 milliards de Fcfa ?
« Nous le pensons et nous y travaillons. Vous avez raison, jusque-là, l’Etat du Sénégal payait jusqu’à plus de 22 milliards de Fcfa à l’opérateur de téléphonie aussi bien pour l’Internet que pour le téléphone. Avec les terminaux mobiles, nous avons privilégié les ministères où la consommation était la plus élevée, notamment le ministère de la Santé et de l’Action sociale. Le président de la République a décidé de diminuer cette facture et il nous a demandé de participer à sa réduction drastique. Dans un premier temps, il a fixé l’objectif de diminuer cette facture de moitié. Nous sommes en train de travailler avec la convention Etat-Sonatel pour faire en sorte que tous ceux qui sont dans le fixe s’appellent gratuitement. Dans un  même bâtiment administratif, il arrivait que les coûts du téléphone interne soient très élevés. Par exemple, en 2012, il y avait, au Palais de la République, une centaine de lignes au nom de la présidence. On a éliminé la quasi-totalité de ces lignes et, aujourd’hui, la présidence paie des factures raisonnables. Et on est persuadé qu’on peut aller plus loin. Parce que dans cet Intranet gouvernemental où l’Etat a investi beaucoup de milliards, nous voulons optimiser l’utilisation de cet Intranet d’abord par la réduction de la facture téléphonique et de l’Internet. Auparavant, on payait des centaines de milliards pour des liaisons spécialisées. Avec la fibre optique de l’Adie, nous avons économisé beaucoup de milliards. Aujourd’hui, nous tendons à réduire cette facture à 11 milliards, avec un objectif de faire davantage.

Aussi, nous avons un autre projet d’interconnexion de notre réseau aux réseaux des opérateurs afin de permettre à nos terminaux mobiles internes d’appeler vers les numéros des autres opérateurs de téléphonie mobile. Le Code des Télécoms dit bien que les opérateurs qui ont une licence au Sénégal ont l’obligation de se connecter au réseau de l’Etat. Jusqu’ici, l’Etat n’a pas fait respecter cette disposition mais nous, vu tous les projets que nous avons et la volonté du chef de l’Etat de diminuer davantage les factures téléphoniques, avons entamé des discussions avec l’Artp et les opérateurs. Ces derniers ont manifesté leur volonté d’aller vers cette interconnexion. D’ici peu, le réseau de l’Etat exploité par l’Adie sera interconnecté aux réseaux des opérateurs, ce qui réduira les factures de téléphone et d’Internet ».

A vous entendre parler, on a l’impression que l’Adie ne s’occupe que de l’administration. Et les citoyens dans tout cela ?
« Nous sommes en train de poursuivre la construction de nos infrastructures parce que c’est un véritable défi et un enjeu majeur pour notre pays. Parce que si l’on n’a pas du haut débit, si l’on ne permet pas à nos concitoyens de disposer d’infrastructures de qualité, on ne pourra pas, demain, leur permettre d’être dans des métiers innovants et d’avoir des services à forte valeur ajoutée. C’est pourquoi le président de la République a demandé qu’on monte un nouveau projet de larges bandes. Ce projet de plus de 2 500 km de fibre optique sera l’un des plus structurants en larges bandes. D’un coût de 85 millions de dollars, soit environ 51 milliards de FCfa, ce projet se fera avec la Chine. Avec cette fibre optique, nous allons désenclaver toute la partie Est et le Sud-est du Sénégal pour faire complètement la boucle. Ainsi, de la boucle de Dakar, nous allons passer à la boucle du Sénégal. Dans deux ans, nous aurons couvert tout le Sénégal. L’Adie est en train de travailler à ce que cette infrastructure puisse bénéficier aux citoyens. Parce que l’Adie, sur le Code des Télécoms, est considérée comme un opérateur alternatif d’infrastructures. Cela nous permet de mener des activités, de mettre nos infrastructures à la disposition des opérateurs actuels mais aussi aux futurs opérateurs qui s’installeront au Sénégal. Normalement, chaque opérateur devrait disposer de ces infrastructures, ce qui les éviterait de faire les mêmes investissements. De ce point de vue, nous avons déjà presque terminé l’offre que nous allons faire aux opérateurs et prochainement, nous devrons signer, avec Expresso dans un premier temps, et avec les autres dans un second temps. Cette même offre sera faite aux futurs fournisseurs d’accès Internet. En effet, l’Etat a décidé de mettre sur le marché sénégalais trois fournisseurs d’accès Internet. Nous mettrons à leur disposition notre infrastructure par le biais de la location. Nous avons douze paires de fibres et pour l’administration, nous n’en utilisons qu’une seule. On a décidé de mettre la moitié des paires à la disposition des opérateurs pour permettre à l’Etat d’avoir un retour sur investissement ».

En plus de la gestion et de l’exploitation quotidienne du réseau informatique de l’Etat, vous l’avez dit, l’Adie a une mission de modernisation de l’administration. A ce sujet, qu’est-ce qui a été fait de manière concrète ?
« Effectivement, en plus de ce que j’ai déjà dit, nous avons la mission d’injecter des services à forte valeur ajoutée dans l’administration. C’est dans ce sens que nous avons mis en place le projet Télédac qui est une demande d’autorisation de construire. Pour le moment, il concerne les Dakarois qui peuvent avoir leur permis de construire en ligne. Nous avons dématérialisé toute la procédure administrative dans ce sens. Il suffit juste, pour le demandeur, d’aller sur la plateforme en ligne et de suivre son dossier. Nous avons aussi réalisé la base de données des agents de l’Etat. Aujourd’hui, tous les agents de l’Etat sont répertoriés sur une même base de données. Nous allons vers la deuxième phase où nous allons intégrer les universités, les agences parce que ces personnels n’étaient pas concernés par l’audit biométrique. Nous allons tous les intégrer car l’Etat est toujours dans cette dynamique de rationnaliser les dépenses et les personnels. Nous allons aussi mettre en ligne un portail pour l’ensemble des agents de l’administration pour qu’on n’ait plus besoin d’aller dans les services du ministère de la Fonction publique pour suivre un tel ou tel dossier. Ils auront tous leurs dossiers en ligne jusqu’à la fiche de paie. Nous avons aussi mis en place plusieurs outils pour permettre à l’administration sénégalaise d’être encore plus efficace, notamment le produit Sygec. C’est la solution qui permet de dématérialiser le courrier. Il a un triple intérêt : éviter la perte des courriers, pouvoir y répondre rapidement et les archiver.

Nous avons aussi développé un outil de télépaiement pour récupérer les taxes de l’Etat. Sans oublier le projet du Plan national de la géomatique qui permet de maîtriser nos ressources dans nos territoires. L’Etat, en faisant l’arbitrage du budget, a besoin d’une cartographie avec l’ensemble des données sur le territoire national. Avec ce projet, nous avons donc une base de données sur tous les services sociaux de base de l’ensemble du territoire national, c’est une carte interactive que nous publions sur Internet. Ce projet a été, jusque-là, mené avec l’accompagnement du gouvernement canadien, mais nous comptons le poursuivre avec l’Etat comme investisseur principal. Autre projet en cours, c’est la dématérialisation de l’état civil. Ce projet est bien parti. Nous avons travaillé avec la direction de l’état civil et avec des partenaires qui sont prêts, aujourd’hui, à investir dans ce projet. Cela permettra aux citoyens de ne pas se déplacer d’une région à une autre pour chercher une pièce d’état civil. C’est un projet assez structurant qui va nécessiter, au moins, un investissement de 10 milliards de FCfa. Il permettra, par ailleurs, d’avoir un registre national de la population. Le projet va démarrer d’ici trois à quatre mois. Toute la phase technique, d’étude et financière est terminée. Dans un premier temps, nous allons commencer par l’état civil, ensuite nous allons intégrer les cartes d’identité, les passeports, le tout dans un même registre. L’objectif est de crédibiliser les papiers administratifs. Ces différents registres ne se parlaient pas, la même personne pouvait avoir différentes identités, selon le registre. Avec le ministère de la Justice, nous avons aussi entamé le processus de dématérialisation du casier judiciaire ».

En janvier 2015, le site web de l’Adie a été piraté par des hackers. Alors, est-ce que votre agence a les moyens et les compétences pour faire face à ce type de menaces et protéger le Sénégal contre les cybercriminels ?
« Dans l’informatique, d’une manière générale, il y a des avantages et des inconvénients. En tant qu’informaticien, ce qu’on peut dire à la population, c’est qu’il y a plus d’avantages que d’inconvénients ; donc mieux vaut aller vers l’informatique. C’est un choix. Toutes les entreprises ont pris cette option tout en sachant qu’il y a des risques. Quand on met des données dans des machines, celles-ci peuvent être volées ou attaquées. Du coup, ce qu’on doit faire, c’est de savoir se protéger. Cela suppose l’existence d’une équipe de personnes compétentes, les agents sont des ingénieurs en télécommunications, des ingénieurs informaticiens, etc. L’Adie dispose d’une ressource humaine de qualité dans tous les domaines de l’informatique. Nous avons aussi notre politique de sécurité. Nous gérons le Data center principal de l’Etat du Sénégal. En termes d’applications, il y a plusieurs niveaux. Certaines applications sont sensibles, et sont gérées par un certain nombre d’utilisateurs ; d’autres sont visibles et accessibles. Dans les deux cas, nous devons nous assurer de la connaissance des types d’attaques. Il faut, dans ce cas, mettre en place un dispositif de réplique approprié à ces attaques. Presque partout dans le monde, les administrations, les entreprises sont attaquées. Mais, il faut systématiquement savoir riposter. C’est pour cette raison que notre pays doit être davantage sensibilisé sur la sécurité des systèmes d’information. Que ce soit les entreprises publiques ou privées. Et là, j’en appelle à une sorte de mutualisation de nos efforts pour nous protéger. Du côté de l’Adie, nous avons enclenché le processus pour la création d’un centre national d’alertes qui permettra, sur un écran, de visualiser toutes les attaques que le Sénégal subit à chaque instant. Pour ce qui concerne l’Adie, nous allons nous consacrer à la protection du système d’information de l’Etat. Nous allons faire de même pour tous les autres acteurs non étatiques pour que nous puissions avoir une vue globale sur nos systèmes d’information, diagnostiquer les attaques ».

Justement, quel sont les types d’attaques informatiques auxquels fait face le Sénégal ?
« Tous les jours, on a des attaques que nous étudions pour apporter des réponses. On rectifie puis on remet en marche les machines. C’est un travail d’une équipe dédiée. Quand je suis arrivé à l’Adie, la première initiative que j’ai prise, est de créer une direction spécialisée dans la sécurité des systèmes d’information. Cela est devenu un enjeu majeur. De plus en plus, on va héberger des applications critiques comme par exemple la gestion du Système d’information du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan (Sigif), bientôt nous allons le dématérialiser. Tout cela va être dans notre réseau. Il faut une politique de sécurité qui prenne en compte tous les acteurs qui opèrent sur le réseau ».

Est-ce qu’avec l’ouverture du marché des fournisseurs d’accès, les Sénégalais peuvent s’attendre à une baisse du coût de l’accès à Internet et à une amélioration de la qualité de service ?
« Aujourd’hui, il est important qu’on ait davantage d’acteurs qui offrent des services. C’est pourquoi l’Etat a décidé d’autoriser trois fournisseurs d’accès Internet. L’Etat, avec l’Adie, a décidé de mettre sa surcapacité à la disposition des nouveaux opérateurs qui vont venir. Ils n’auront pas à investir sur l’infrastructure. Ils vont se consacrer plus sur la qualité du service. Le client n’est pas satisfait d’un fournisseur peut aller chez un autre. S’il existe un seul fournisseur, ce monopole risque d’entraîner une augmentation du coût du service. Je reste persuadé que plus qu’il y a d’acteurs, plus la qualité du service sera améliorée. Nous voulons démocratiser l’Internet. L’Etat a investi plus de 100 milliards de Fcfa dans une infrastructure, il faut que les citoyens puissent en profiter. Si tous les Sénégalais sont connectés, l’économie va se porter mieux, les services à forte valeur ajoutée vont être développés. Il sera possible de développer des applications dans l’élevage, les semences, les dossiers médicaux, etc. ».

Qu’est-ce que l’Adie compte faire pour renforcer la capacité des agents de l’administration ?
« Le renforcement de capacité des agents de l’administration est la clef de tout ce que nous sommes en train de faire. Si nous ne réussissons pas ce volet, tout ce que nous faisons en modernisation, innovation et simplification sera nul. Parfois, l’homme est réfractaire aux changements, surtout dans le domaine où nous sommes. Il y a toujours des acteurs présents dans l’administration et qui ont des difficultés à utiliser l’outil informatique. C’est pourquoi nous avons un volet d’accompagnement aux changements dans tous nos projets. Dans ces projets cités, chaque fois qu’il y a innovation dans une administration donnée, au moins, les 40% du budget sont consacrés à l’accompagnement. Car nous savons que c’est impératif que les gens soient formés à cette nouvelle manière de faire leur métier. Nous avons demandé à chacune des structures de l’administration de tenir en compte ce volet de formation. L’Adie ne développe pas des outils pour toutes les administrations. L’Adie a été créée en vue de rationaliser les dépenses de l’Etat grâce à l’informatique. Mais on voit que beaucoup d’administrations achètent elles-mêmes leurs logiciels et machines. A ce niveau, nous sommes persuadés que l’Adie doit toujours accompagner ces administrations. Même si c’est un prestataire qui fournit un outil, il faut que l’Adie soit impliquée pour accompagner le processus de mise en œuvre pour que nous soyons au même niveau. Cela pour que le système d’information de l’Etat soit cohérent ».

Est-ce que la compensation des opérateurs privés peut couvrir les investissements de l’Etat ?
« Nous avons fait des estimations. Nous sommes persuadés que si l’on met cette surcapacité sur le marché pour les investisseurs, d’ici 15 à 20 ans, l’Etat pourrait amortir son investissement ».

L’interconnexion des opérateurs, où en êtes-vous ?
« L’article 25 du code des télécommunications oblige les opérateurs à s’interconnecter avec les réseaux de l’Etat. Sur ce, nous avons déjà entamé les négociations. L’Artp a été conviée et a convoqué l’ensemble des opérateurs. Actuellement, on est à pied d’œuvre. L’Artp a donné un dernier délai (le 30 novembre 2015). Nous devons terminer les discussions sur les aspects techniques et financiers pour permettre une interconnexion avec l’ensemble des opérateurs ».

Qu’en est-il du projet de Gestion intégrée des ressources, administrations et fonctionnaires de l’Etat du Sénégal (Girafe) ?
« Après l’audit physique et biométrique, nous avons, aujourd’hui, le registre pour l’ensemble des agents de l’Etat. La seconde phase est de gérer les imputations budgétaires. C’est des modules que nous allons développer dans la seconde phase d’ici à un ou deux mois. Nous allons aussi auditer les universités, les agences. Après, il est prévu la création du portail pour chaque agent de l’administration pour qu’il puisse suivre l’évolution de son dossier ».

Et quid du catalogue de services ?
« Pour le catalogue de services, c’est une innovation qui va sortir au courant de ce mois d’octobre. Pour ce catalogue, nous nous sommes rendu compte que beaucoup d’administrations ne connaissaient pas les services offerts par l’Adie. Nous avons travaillé sur un catalogue de services où nous nous engageons sur une qualité de prestation sur des délais de délivrance de ces services. Ce catalogue contient une trentaine de services pour toute l’administration. De l’accès à l’internet à la création de modules de gestion de courriers. Nous espérons que Le Soleil va nous aider à la vulgarisation de ce catalogue qui sera biannuel ».

Est-ce que vous disposez de données pour évaluer la position du Sénégal par rapport aux autres pays du continent dans le domaine des Tic ?
« Le Sénégal a connu beaucoup d’avancées dans le domaine des Tic. La Sonatel fait partie des premiers opérateurs dans la sous-région. En télécommunications et infrastructures, nous sommes en avance par rapport aux autres pays. Par contre, sur les services, il y a beaucoup de pays qui ont pris l’option de faire de la dématérialisation un outil qui leur permet de booster leur économie. A ce titre, on peut citer le Cap-Vert qui a énormément de services à forte valeur ajoutée développés pour l’administration et pour les citoyens. Dans ce pays, on suit l’individu de la naissance jusqu’à la mort. Il faut que notre pays s’engage aussi dans cette voie. Nous avons toute l’infrastructure, l’intelligence pour réaliser cet objectif. Il faut juste une volonté politique. Des pays comme le Rwanda sont en avance en dématérialisation des procédures administratives. Nous nous sommes déjà rendus dans ce pays, bientôt nous serons au Cap-Vert. Des partenariats sont en train d’être noués avec ces pays qui ont presque le même contexte que celui du Sénégal. Récemment, le Tchad est venu prendre exemple sur le Sénégal en développement informatique dans l’administration et les services à forte valeur ajoutée dans les Tic. Le Sénégal ne peut pas être isolé. Il doit se connecter au reste du monde ».

En matière de recherches et d’innovations, qu’est-ce que vous envisagez de faire ?
« L’informatique évolue trop vite. Nous devons adopter une démarche inclusive et d’ouverture dans le monde pour échanger avec tous les acteurs, que ce soit le privé ou le public. Nos ingénieurs ont l’obligation d’être à niveau à chaque fois. Il nous faut un volet « recherche et développement ». A l’Adie, nous l’avons déjà commencé. Nous avons demandé à nos ingénieurs de consacrer 80% de leurs temps aux activités quotidiennes de l’Adie et les 20% à la recherche et au développement. C’est cela qui va nous permettre d’anticiper. Nous espérons être en mesure d’impulser cette vision dans l’administration publique et privée. Si l’on ne fait pas de recherches et d’innovations, on ne pourra pas réaliser des innovations 100% « made in Sénégal ». J’appelle le secteur privé à se joindre à l’Etat pour construire cette nouvelle administration. L’Adie seule ne pourra pas réaliser ces projets. Il y a 750 procédures qui doivent être dématérialisées dans l’administration. Ce travail peut demander des années, si une seule structure compte le réaliser. Avec le leadership qu’incarne le Président Macky Sall, nous comptons aller vendre ses solutions au niveau de la sous-région, où il y existe un marché potentiel pour vendre des solutions dans le domaine de la dématérialisation».

Est-ce que l’Adie prévoit de déployer des services internet au profit des citoyens ?
« Les statuts actuels de l’Adie ne nous permettent pas de donner du service à un citoyen. Nous sommes un opérateur d’infrastructure alternative. Cependant, nous pouvons mettre à la disposition des opérateurs l’infrastructure que nous avons construite. C’est à ces derniers de donner au client final l’internet ».

Où en êtes-vous avec la numérisation du cadastre ?
« On a défini le Plan national géomatique (Png). La numérisation du cadastre doit être prise en charge dans le Png. Jusqu’à présent, ce n’est pas le cas. Nous nous occupons juste du volet hébergement des serveurs. L’enjeu, c’est de faire de l’open data. Quand les gens ont de l’information, qu’ils les rendent disponibles ».

Propos recueillis avec la rédaction par Abdou DIAW, El Hadj Ibrahima THIAM (texte)
et  Mbacké BA (photos)

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