Christine Lagarde nommée à la tête du FMI

Date:

Christine Lagarde a donc été désignée comme nouvelle directrice générale du Fonds monétaire international (FMI). Le conseil d’administration de l’institution, réuni au siège à Washington, a pris sa décision mardi 28 juin. Mme Lagarde a dit qu’il s’agissait « d’une honneur et d’une joie » d’être désignée à la tête du Fonds. Elle prendra ses fonctions le 5 juillet.

A 55 ans, Mme Lagarde va retrouver les Etats-Unis, pays qu’elle connaît bien puisqu’elle a effectué une partie de ses études dans la banlieue de Washington, avant, à la fin des années 1990, de s’installer à Chicago pour assurer la présidence du cabinet d’avocats américain Baker & McKenzie.

Mme Lagarde est la première première femme à prendre les commandes du FMI. Elle avait – déjà – été la première femme à diriger Bercy. Que restera-t-il de ce passage au ministère de l’économie et des finances ? Quelle empreinte ? Quel bilan ?

Une longévité : En 2007, Mme Lagarde avait d’abord été nommée à la tête du ministère de l’agriculture, avant de remplacer Jean-Louis Borloo à l’économie.

Elle aura donc passé plus de quatre ans à ce poste, alors que Bercy avait vu défiler sept locataires différents entre 1999 et 2007.

Il faut remonter à la fin des années 1980, avec Pierre Bérégovoy, ou au milieu des années 1970, avec Valéry Giscard d’Estaing, pour retrouver trace d’une telle stabilité.

Une personnalité : Elégante, souriante et directe, prônant un « sens de l’équipe », qu’elle avait pratiqué lorsqu’elle était avocate, Mme Lagarde a su s’imposer dans des univers très masculins et, souvent, très durs, ceux de la politique en général et de Bercy en particulier.

Cela s’est toutefois fait, à ses débuts, au prix de quelques interventions retentissantes, aussitôt présentées comme des « gaffes », mais qui tenaient parfois plus du manque de pratique des « codes » politiques et médiatiques.

Ainsi, en utilisant, en septembre 2007 au micro d’Europe 1, le mot « rigueur », tabou dans la classe politique, elle avait provoqué une bel émoi au sein du gouvernement.

Ses relations avec Nicolas Sarkozy ont également été tendues. Au début en tout cas. Au point qu’en 2008 elle lui présentera sa démission. Qu’il refusera. C’était au tout début de la crise des banques et de la chute de Lehman Brothers.

A partir de là, le chef de l’Etat décidera de s’appuyer sur elle et d’en faire, en quelque sorte, sa ministre des finances « extérieure ».

Une empreinte à l’international : Mme Lagarde a en effet été servie – si l’on peut dire – par les crises. Celle qui, en 2008, a affecté la finance mondiale avec l’effondrement de la mécanique des « subprimes ». Puis, depuis 2010, celle de l’euro, avec la quasi faillite de la Grèce.

Ces événements lui ont donné de la visibilité au plan international : depuis trois ans, elle a en effet été de tous les rendez-vous et sommets de crise internationaux et européens.

Elle a su y construire une stature et une image de compétence financière et surtout, selon ses homologues, de diplomate et de négociatrice, aidée en cela par sa pratique courante de l’anglais et sa bonne connaissance des milieux d’affaires, notamment anglo-saxons.

Mme Lagarde s’est aussi comportée en « bon soldat » de l’Elysée, car c’est là que sont véritablement prises les décisions stratégiques.

Une marque plus discrète au plan national : Au plan intérieur, Mme Lagarde s’est surtout inscrite en pédagogue, pour expliquer et défendre des orientations stratégiques et des choix qui, là aussi, ont été définis à l’Elysée.

Cette libérale a néanmoins marqué de son empreinte quelques textes. La loi de modernisation de l’économie par exemple, où l’on trouvait la libéralisation de la distribution du livret A, la création du statut des auto-entrepreneurs ou une tentative de réforme des marges arrière entre distributeurs et producteurs.

Elle s’est aussi beaucoup investie dans la loi qui a renforcé les droits des consommateurs vis-à-vis des banques en matière de crédits à la consommation.

La réforme de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) lui a en revanche échappée au profit François Baroin, le « patron » du budget, avec qui elle a entretenu des relations parfois tendues. C’est d’ailleurs lui qui a eu gain de cause auprès de l’Elysée sur un allégement de cet impôt, plutôt qu’une suppression totale, comme elle le prônait.

Des finances publiques dégradées : Elue en 2010 meilleure ministre des finances européenne par le Financial Times,
Mme Lagarde quitte son poste en laissant les finances publiques françaises dans une situation dégradée.

Même s’il est sur une trajectoire de réduction, le déficit public français reste élevé : après avoir atteint des sommets inégalés en 2009, à 7,5 % du produit intérieur brut (PIB), il s’est situé à 7,1 % en 2010, soit plus que le déficit moyen (5,8 %) des pays de la zone euro, hors France. Il devrait atteindre 5,7 % cette année.

La crise, bien sûr, a pesé, rognant les recettes fiscales et obligeant le gouvernement à prendre des mesures de soutien (plan de relance, grand emprunt) qui ont eu un coût.

Les mesures de réduction de la pression fiscale, prises mi-2007 dans le cadre de la loi TEPA (bouclier fiscal, droits de succession, heures supplémentaires…), ont aussi pesé lourdement.

Une économie « convalescente  » :En sortie de crise, le choix élyséen a été de ne pas charger la barque de la rigueur et de diminuer progressivement le déficit (4,6 % prévus en 2012 et 3 % en 2013) pour ne pas étouffer la croissance de l’économie.

L’activité, qui avait moins plongé durant la crise que dans d’autres pays (le PIB avait reculé de 2,5 % en 2009, contre près de 5 % en Allemagne), repart aujourd’hui, mais tout doucement.

La croissance devrait être de 2 % cette année, après 1,5 % en 2010. « Tous les moteurs de la reprise sont allumés », a régulièrement assuré, ces derniers mois, Mme Lagarde, souvent taxée d’excès d’optimisme.

Le taux de croissance n’a pas encore totalement retrouvé son niveau d’avant crise. L’activité, qui a été perdue durant la crise, n’a pas été regagnée.

Si les créations d’emplois repartent (124 600 en 2010), l’économie est encore loin d’avoir effacé les destructions de postes enregistrées en 2008 et 2009 (respectivement 174 000 et 333 000). Le taux de chômage se situe à 9,7 %. Il était à 8,5 % à la fin du premier semestre 2007.

L’ « affaire Tapie » en suspens : La Cour de justice de la République doit dire, le 8 juillet, quel sort elle réserve à Mme Lagarde. Celle-ci est mise en cause, notamment par le parti socialiste, dans une affaire d’arbitrage privé, en 2008, entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais à propos de la vente d’Adidas (en 1993).

Les socialistes reprochent à Mme Lagarde le choix de cette procédure d’arbitrage qui aurait, selon eux, favorisé les intérêts de M. Tapie – il a touché 285 millions d’euros – au détriment de l’intérêt public.

Le procureur général de la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, a demandé, le 10 mai, une enquête pour « abus d’autorité » sur Christine Lagarde. La commission des requêtes de la Cour de justice de la République peut classer sans suite, ouvrir une enquête ou demander des informations supplémentaires.

Lemonde.fr

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Présidentielle 2024 : Les conseils d’Alassane Ouattara à Macky Sall

XALIMANEWS- Selon les informations de PressAfrik qui cite Africaintelligence,...

Tribunal de Dakar : L’auteure de l’incendie vendait des beignets dans le tribunal

XALIMANEWS-Les premiers éléments de l'enquête sur l'incendie survenu hier...

La Une des quotidiens du mardi 05 mars 2024

La Une des quotidiens du mardi 05 mars 2024