Chronique Ramadan: le gamou des Sérères Par Souleymane Kane

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Hier le standard de la Sentinelle a failli exploser. Tous les Sérères de la République s’étaient passés le mot. Il faut que cet impertinent de Toucouleur cesse de nous railler comme ça à longueur de journée. Etant donné que ce sont mes « esclaves », je ne veux pas trop les fâcher. Alors, je vais changer mon fusil d’épaule, pour regarder un peu du coté de mes parents Hal pulaaren. J’espère que mon dirpub me comprendra et ne tapera sur mes doigts. Mais comme on est en période de ramadan, il faut éviter de trop fâcher les gens, parce qu’on est en quête de grâce. Et en plus, on ne sait jamais.

Ceci étant, je vais vous parler de l’histoire de Yoro et de Samba, deux bons bergers transhumants. Ils avaient quitté leur Diolof natal et avaient cheminé à travers la plaine et traversé la savane à la recherche de pâturage.

En cette période de ramadan qui tombe sous le soleil caniculaire du mois d’août, vous conviendrez avec moi, que ce n’est guère aisé. Nos deux amis, sont arrivés au village de Djidiack, alors que le grand soleil maussade sénégalais commençait à décliner à l’horizon. Après deux jours de marche, de jeûne coupé avec seulement du « ndiorni » (Ndlr : du couscous de réserve agrémenté de lait caillé lors des moments difficiles), ils virent une grande tente bien éclairée avec des chaises, des fauteuils et tout le tralala la. Ils comprirent alors que leurs cousins Sérères s’apprêtaient à organiser des chants religieux. Mais vous savez, nos amis Sérères ne font jamais rien comme les autres. C’était certes des chants religieux, « mais ceux qui ne cotiseront pas, ne mangeront et ne boiront pas. Ils se contenteront juste d’écouter les chants ». C’est là, l’ordre émis par Ngor Sène, l’érudit du village.

Samba se désola dès qu’il apprit cette nouvelle, qui cependant, ne démonta point son compère Yoro. Celui-ci lui dit : « laisse tout entre mes mains, tu vas manger et boire sans bourse délier. C’est moi qui te l’assure ».

Ainsi dit, ainsi fait. Nous deux bergers attendirent tranquillement le début des chants. Ils viennent et s’installent tranquillement dans leur coin. Le turban bien arrangé sur la tête à la manière des grands cheikhs.

Soudain, Yoro se leva et prit le micro. Les Sérères ne sont pas encore revenus de leur surprise qu’ils l’entendirent dire : « le prophète Mohamed sallalahou aleyhi wa salam a quitté la Mecque pour Médine ».

Emerveillés par l’érudition de cet intrus, Ngor et compagnie balancèrent des « Euskey ! Euskey ! ». Et Yoro, conscient d’avoir ferré ses « esclaves » à son jeu, dit aux préposés au service : « passez – moi un plat et passez-en un à mon camarade ». Ces derniers obtempérèrent. Après avoir vidé son plat, Yoro enchaîna : « A son arrivée à Médine… », Les cris d’approbation recommencèrent de plus belle : « Euskey ! Euskey ! » Il fit signe de nouveau aux serveurs : « passez – moi un bon verre de lait de même qu’à mon ami ».

Après avoir vidé son verre, il se tourna verre son compagnon et lui dit : « Samba a yari ? A gnami ? Ndiakhéne* ». Comme quoi…

* Samba tu as bu ? tu as mangé ? Partons maintenant
africanglobalnews.com

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