Cinquantenaire des indépendances africaines : son Excellence Papa Alioune NDAO remet les pendules à l’heure.

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Xalimasn.com

(Interview réalisée par Tafsir Ndické DIEYE Ecrivain)

Q – Excellence monsieur l’ambassadeur ou Honorable député ?

R– A votre aise.

Q- Un débat s’est instauré depuis le début de l’année concernant le cinquantenaire des indépendances des pays africains. Vous n’y avez pas participé…

R- D’abord, je voudrais dire qu’à ma connaissance, il n y a pas eu de véritables débats relatif au bilan à travers une introspection sans complaisance dans les domaines aussi divers que variés qui concernent la marche d’un pays.

Q – Néanmoins, le féru d’histoire que vous êtes selon certaines indiscrétions, administrateur civile de profession, ancien député à l’Assemblée nationale, ancien maire de la ville de Thiès et récemment ambassadeur du Sénégal dans plusieurs pays, pouvez-vous quand même en parler ?

R – Je vous remercie de m’avoir invité à y prendre part. Mieux vaut tard que jamais. C’est vrai qu’il n’y a pas longtemps que j’ai quitté les fonctions d’ambassadeur. Aussi, ai-je  préféré,  revenu au pays, prendre du recul, le temps de m’imprégner de l’actualité sénégalaise et africaine avant de me prononcer sur un quelconque sujet.

Q – Pourquoi une telle précaution ?

R – C’est un peu de ma nature et, comme vous le savez, la politique a ses réalités et ses aléas sont difficiles à prévoir surtout lorsqu’on est dans un pays comme le notre.

Q –  Excellence, pour revenir aux indépendances des pays africains, pouvez-vous nous dire comment elles-ont été obtenues ?

R – Il s’agit précisément des anciens territoires de l’AOF et de l’AEF sous domination française, du Cameroun unifié et du Congo belge. Ces indépendances ont été donc, toutes, négociées et programmées.

Q- Il serait intéressant, pour les populations de manière générale et pour les jeunes générations en particulier, de leurs rappeler quels étaient ces territoires et à quels dates remonte leur indépendance ?

R- Nous allons essayer de les énumérer. Le premier est le Cameroun le 1e janvier 1960, pays d’Afrique central divisé à l’époque en deux parties anglophone et francophone. Suivent dans la même année le Togo le 27 avril, Madagascar le 25 juin, le Congo Léopoldville sous domination belge le 30 juin, Le Dahomey devenu Benin le 1e Août, le Niger le 03 Août, la Haute Volta devenue le Burkina FASSO le 05 avril, la Côte d’Ivoire le 07 Août, le Tchad le 11 août, L’Oubangui-Chari devenu République centrafricaine le 13 août même si le nouveau régime célèbre le 1e décembre, le Moyen Congo devenu Congo Brazzaville le 15 août, le Gabon le 17 août, le Sénégal le 20 août, le Soudan français le 21 septembre.

Au demeurant, rappelons que la Fédération du Mali qui  unissait les deux pays cités supra, indépendante le 20 juin, a éclaté dans la nuit du 19 au 20 août. Nous avons aussi la Mauritanie qui est indépendante le 28 novembre. Puisque nous parlons de cinquantenaire, nous y ajoutons le Nigéria le 02 Octobre et la Somalie le 1e juillet.

Voilà ce que nous savons des indépendances de 1960.

Q – Et les autres pays d’Afrique indépendants avant ou après 1960, que pouvez-vous nous en dire ?

Oui, certains pays africains ont été indépendants avant 1960 tels que l’Ethiopie (en 1946 et dont le souvenir de Ménélik II fils de Salomon et de la reine de Saba a plané pendant plusieurs siècles dans ce qu’on appelait l’Abyssinie), le Libéria, l’Egypte, la Lybie, le Soudan anglo-égyptien, le Maroc,   la Tunisie, le Ghana, la Guinée Conakry.

D’autres l’ont été après 1960 tels que la Siéra Léone, le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda, le Zanzibar fédéré au Tanganyika devenu Tanzanie, l’Algérie, le Kenya, le Malawi, la Rhodésie du nord devenu Zambie, la Gambie, le Botswana, le Lesotho, le Mozambique, la Guinée Bissau, le Cap Vert, les Comores, la Guinée équatoriale, Sao Tomé et Principés, Djibouti,  la Rhodésie du sud devenue Zimbawé, la Namibie, l’Erythrée qui s’est détachée de l’Ethiopie par référendum devenu indépendant en mai 1993. Evidemment, n’oublions pas le cas spécifique de l’Afrique du sud.

Q- Excellence, revenons au cinquantenaire. Dans votre énumération, vous avez situé la date de l’indépendance du Sénégal au 20 août 1960. Pourquoi donc, elle est fêtée le 04 avril ?

R – Question importante qui a suscité beaucoup d’intérêt et, malheureusement, beaucoup d’amalgame récemment lors de la célébration du cinquantenaire ! Beaucoup de personnes ont tenté de lui apporter une réponse. Ce faisant, elles ont, pour la plupart d’entre elles, participé à semer le flou dans les esprits. Ce n’est pas bien. C’est Boubacar Joseph NDIAYE ancien conservateur de la maison des esclaves de Gorée qui disait que l’histoire ne ment pas. Il a raison. La vraie histoire ne ment pas. Elle instruit sur le passé. Alors, sur certaines questions, quand on n’a pas la bonne réponse, la sagesse recommande d’être prudent, se taire et d’aller s’informer. J’ai même entendu quelqu’un dire que Senghor a choisi le 04 Avril parce que c’est la date anniversaire de la naissance de sa femme.

J’étais en ce moment hors du pays. J’avoue que cela m’avait beaucoup peiné. Non ! Rien de tout cela n’est vrai! Pour répondre à votre question, plusieurs dates pouvaient être retenues mais pourquoi Senghor a choisi le 04 Avril ?

C’est parce que le 18 janvier 1960 se sont ouvertes à Paris les journées de négociations sur les compétences qu’il fallait transférer à la Fédération du Mali. Reprises le 02 avril, ces conventions ont été signées le 04 avril entre la France et le Sénégal d’une part et entre la France et le Soudan d’autre part. La  délégation sénégalaise était conduite par Mamadou DIA. Ces négociations ont pris fin le 04 Avril 1960 consacrant le transfert des compétences qui étaient entre les mains du colonisateur aux Etats fédérés. Senghor dit que c’est ce jour là que nous avons rompu les amarres… Mamadou DIA avait signé au soir de ce 04 Avril la dite convention ne laissant à la France, dans une moindre mesure que la défense et des certains volets de moindre importance. Voilà les raisons pour lesquelles le 04 avril est célébré.

Q – Excellence, certains disent que la date du 20 juin 1960 pouvait être retenue, pouvons-nous savoir pourquoi ?

R – Oui ! Le 20 juin pouvait bien être retenu parce que c’est la date de l’indépendance de la fédération du Mali à laquelle nous appartenions. Mais quand celle-ci s’est disloquée le 19 Août, le 20 Août au matin, l’Assemblée législative du Sénégal s’est dépêchée pour se réunir et proclamer l’indépendance du Sénégal. Vous voyez donc que cette date aussi pouvait bien être retenue. Selon certaines confidences que j’ai eues auprès de feu Dr Amadou Cissé DIA, fidèle compagnon de Senghor parmi tant d’autres, une certaine opinion a pensé à tort que Senghor  considérait que le 20 Août coïncide avec l’hivernage et avec ses vacances littéraires. Mais, le 20 Août est la véritable date de l’indépendance du Sénégal. Une autre date importante est le 24 janvier 1959. C’est ce jour que  le pays a quitté le statut de colonie pour celui de République. Il marque l’adoption de la première constitution du Sénégal intervenue dans cette période de la loi cadre.

Rappelons que celle-ci a été préparée par le ministre de la France d’Outre-mer Pierre Henry Teinge membre du gouvernement d’Edgar Faure. Le texte fut présenté par son successeur Gaston Defferre le 23 mars 1956 à l’Assemblée national française et dans la nuit du 12 au 13 juin au Conseil de la République. Adopté, il mit ainsi fin à la période purement coloniale et permit l’autonomie interne ; et ses décrets d’applications ont été adoptés par le conseil des ministres réuni en séance le 18 novembre et le  04 décembre 1956. La transition en vu des indépendances était ainsi ouverte.

N’oublions pas que ces importants textes ont été également soumis à la sanction du Grand Conseil de l’AOF. Ce grand Conseil était divisé en deux factions : les partisans d’un exécutif fédéral conduit par Senghor d’un côté et de l’autre, ceux qui étaient contre sous la direction d’Houphouët Boigny. Cette loi cadre a morcelé l’AOF et l’AEF et parachevé la balkanisation dont Senghor était le plus grand pourfendeur. D’ailleurs, pour mémoire, l’AOF créée par le décret du 16 juin 1895, a disparu le 05 avril 1960 au lendemain de la signature des accords de compétences cités supra. Et le dernier des 19 Gouverneurs généraux et Hauts commissaires Pierre Messmer, lors d’un dîner à  Brazzaville dans le cadre d’une rencontre de l’AIMF alors qu’il était conseiller dans le cabinet de Jacques Chirac Président de la République française, m’a révélé le propos qu’il avait tenu lors de son départ de Dakar le 22 décembre 1960 au micro du correspondant de l’AFP: « Tout départ est triste. Mais celui-ci n’est pas un départ de mélancolie puisqu’il marque une étape essentielle dans la promotion de la politique africaine qui a été préparée et conduite dès le lendemain de la deuxième guerre mondiale par la Métropole. » C’était en présence en présence de feu André GUILLABERT.

Q – Après ce survol historique, que peut-on retenir des premiers  actes posés par les Etats souverains ?

R – Evidemment, se sont les attributs de souveraineté : une constitution, un hymne, un drapeau, une devise, une monnaie, une armée et une administration. Cela veut dire qu’il y avait déjà des institutions installées : un pouvoir exécutif, un pouvoir législatif et une autorité judiciaire qui deviendra ensuite un pouvoir judiciaire. Il faut rappeler qu’au préalable il y a eu la reconnaissance des Etats souverains par la communauté internationale, l’ONU (parrainée par la puissance colonisatrice) et certains Etats étrangers amis dans la plupart des cas. Ici, il faut noter que les velléités de revendication historique du Maroc sur la Mauritanie n’ont pas fait long feu grâce aux efforts de dissuasion de la France et du Sénégal.

Q – Mais pour ce qui concerne le Sénégal…

R – Oui ! Il fallait donc une administration de développement pour s’attaquer aux réalités du sous-développement. Il existait déjà pendant la période de la Loi cadre une administration mixte à laquelle, il fallait greffer tout une trame de textes allant des statuts des différents personnels (Loi 61-33 relative aux fonctionnaires, Loi 61-34 relative aux non-fonctionnaires et évidemment bien d’autres dispositions). Pour une administration performante et nationale il a fallu la création de plusieurs autres établissements scolaires, universitaires et surtout de formation. Par exemple, en plus de l’Université de Dakar, il y a eu l’ENAS devenue plus tard l’ENAM, l’ENEAS, le CFPA, l’Ecole Nationale des Cadres Ruraux, l’Ecole Nationale des Infirmiers et Infirmières d’Etat, l’Ecole Nationale des Monitrices Rurales, l’Ecole Nationale Supérieure d’Economie Familiale, l’Ecole Nationale de Police sur les cendres de l’Ecole fédérale, l’Ecole polytechnique de Thiès (un peu plus tard), l’ENSOA, le Prytanée Militaire de St Louis, l’Ecole d’Assainissement de Khombole, le Centre de Guerina pour la formation des paysans ( au plan de la sensibilisation et de la formation à la mystique du développement, le travail de l’animation rurale et urbaine a été appréciable), l’Ecole des beaux arts, le CNEPS, la Manufactures des Arts Décoratifs etc. Ceci, rien que pour le Sénégal. Les autres Etats ont aussi eu à développer des stratégies de formation qui leurs sont propres.

Q – Excellence, quelles ont été les réalisations paraétatiques pour s’attaquer au sous-développement ?

R – Concernant la sous région dominée par sahel, la pluviométrie était souvent insuffisante. A cet effet, les réalisations qui ont retenu mon attention ont été : le Comité Inter-états devenus ORES puis OMVS en vu de la mise en valeur des deux rives du fleuve Sénégal. Ensuite, il y a eu le CILS et d’autres actions concrètes concernant l’agriculture, l’élevage, la maîtrise de l’eau. Bref, plusieurs mécanismes de développement endogène en vue de produire localement, consommer localement, exporter beaucoup et importer ce qui est nécessaire dans la mesure du possible. En outre, la création de l’UAM, de l’OCAM, de l’ASECNA, d’Air Afrique etc. a été salutaire.

QEt pour le cas du Sénégal…

R – Oui il y a eu des expériences plus ou moins concluantes en Casamance, dans les NIAYES, en plus de la mise en valeur des vallées des différents cours d’eau. L’agriculture a pu bénéficier de structures d’encadrement comme l’ISRA la SODEVA, les CERP etc. Au plan énergétique, le Sénégal avait créé la Société Africaine de Raffinage (SAR) qui devait couvrir les besoins d’une partie de la sous-région. Mais la Côte d’Ivoire lui a aussitôt emboité le pas en créant sa propre raffinerie.

L’économie a été soutenue par une série de structures Etatiques comme l’ONCAD, l’OCA, la BSD devenu BNDS, la SODENIA etc. Il ne faut pas oublier l’apport inestimable des premiers hommes d’affaires nationaux tels que Youssouf SEYDI de la Casamance et ses amis qui sont les premiers à avoir une compagnie qui s’appelait la Compagnie Sénégalaise du Sud-est.   Evidemment il faut y ajouter le GES (Groupement Economique du Sénégal), la CONFEGES etc.

Au plan des infrastructures, il y a eu un vaste programme ambitieux de réalisations ferroviaires, routières, aéroportuaires, hydrauliques et sanitaires. Tout cela a été possible grâce à un plan de développement quadriennal dont, il faut le rappeler, le véritable père fut le révérend Père Lebret.

Q – Et pourtant on semble dire, par exemple, concernant le Sénégal, que les réalisations de Senghor en matière d’infrastructures étaient quasi-inexistantes ?

R – C’est de l’hérésie. Avant l’indépendance, en dehors de la route Dakar-Kaolack, bitume de la route Dakar vers Kidira s’arrêtait à Thiès, celui de Dakar vers St Louis s’arrêtait à Lam-lam. La route de St Louis à Matam n’était pas bitumée. Ainsi il n’existait que 300 Km de routes bitumées environ dans tout le pays. Au départ de Senghor, selon le service national des statistiques, il existait plus de 2 000 Km de routes bitumées sans parler des pistes de production, des routes latérites et des ouvrages d’art.

Q – Malgré ces avancées, il y a eu, quand même, des freins au développement de nos Etats ?

R –  Ils ont été nombreux et variés…

Q – Pouvez-vous les classifier ?

R – Je ne pourrai être exhaustif. J’espère que vous me comprendrez. D’abord au plan politique, les formations politiques au pouvoir étaient pour l’essentiel des partis uniques. D’où l’installation de la pensée unique qui ne favorisait pas l’éclosion de la démocratie. Cependant certains ont essayé de remédier à cela.

Q – Et au plan Militaire ?

R – Oui, l’Afrique a connu beaucoup de coups d’Etats. Seul le Sénégal a été épargné.

Q – Pourquoi une telle avalanche de putschs ?

R – Lorsque la grande armée de Napoléon était aux portes de Moscou, et qu’aussi bien le Tsar que son gouverneur ne pouvait la contenir, Koutousov et son armée occupèrent Moscou. Si j’ai fait appel à l’histoire, c’est pour signifier combien les militaires ont horreur du désordre, du vide, et de l’absence d’organisation. L’une des raisons des coups d’Etat constatés en Afrique est liée à ça. Une autre raison est relative à l’oisiveté des cadres militaires après l’indépendance. La plupart des officiers ont été formés à Saint-Cyr, Saint-Maixent, et Coëtquidan en France etc.  Ceux-là formés dans le moule républicain  ne pouvaient pas accepter le comportement antidémocratique, l’injustice, l’impunité, la corruption et l’insouciance de certains dirigeants vis-à-vis des préoccupations de leur peuple.

Le premier coup d’Etat à eu lieu le 13 janvier 1963 par l’assassinat du Président Sylvanus  Olympio du Togo et le dernier au Niger quand le président Tandjan a voulu s’éterniser au pouvoir en tripatouillant la constitution de son pays. Toutefois, autant il y a des coups d’Etat qui répondent à ces considérations précitées, autant il en existe d’autres qui sont de l’œuvre de véritables militaires despotes comme le cas Bokassa en République centrafricaine.

Q – En dehors des putschs, existe-il d’autres obstacles ?

R – Effectivement nous pouvons en citer quelques uns :

–          Manque de visibilité et de pertinence dans les options politiques et économiques. Par exemple, au le plan sanitaire et éducatif, des dérèglements coupables sont apparus très tôt

–          Absence d’une bonne implication des populations dans le processus de décollage économique.

–          Sous exploitation des ressources du sol et du sous-sol

–          Sous exploitation des ressources humaines d’où la fuite des cerveaux constatée. Certains « pères de la nation » n’avaient pas associé efficacement l’élite intellectuelle

–          Accaparement de l’économie dans sa quasi-totalité par les multinationales et leurs alliés au niveau national au détriment des nationaux

–          Patrimonialisation de l’Etat. Sans transparence, sans éthique morale avérée et une certaine rigueur dans le contrôle de gestion contre la concussion, la corruption et le népotisme, il ne peut y avoir de développement conséquent. Evidemment, la liste n’est pas exhaustive

Q – Excellence, comment peut-on comprendre que l’Afrique, malgré son soleil douze mois sur douze et ses innombrables cours d’eau, ses populations souffrent encore d’un manque terrible d’eau et d’électricité ?

R – En dehors des manquements constatés dans les systèmes éducatifs, c’est là où on peut dire qu’il y a vraiment échec dans la plupart de nos pays. Il n y a pas eu, tout au début, une véritable prise de conscience. Tributaire du pétrole et des multinationales, nous avons longuement souffert du poids exorbitant de la facture pétrolière empêchant ainsi tout autre investissement rentable dans plusieurs secteurs productifs. Evidemment, cette absence d’investissement côtoie, dans beaucoup de nos pays, une gestion nébuleuse de l’existant. Pour paraphraser Senghor qui disait lors de son discours au premier anniversaire de notre indépendance, stigmatisant la détérioration des termes de l’échange et la globalisation rampante de l’économie, nous pouvons dire que si nous ratons le développement endogène, si nous ne réalisons pas l’autosuffisance alimentaire, si nous ne pensons pas pour nous et par nous même avant de s’ouvrir aux autres, nous aurons raté  notre rendez-vous avec l’histoire.

Q – Justement, parlant de Senghor, il avait organisé en 1966 le premier festival mondial des arts nègres. Quarante quatre ans plus tard, que vous inspire l’organisation de ce Troisième festival mondial des arts nègres qui coïncide avec le cinquantenaire de nos indépendances?

R – Evidemment, nos valeurs nègres sont en nous-mêmes. La défense du noir et de ses valeurs étaient d’actualité. Elle l’est toujours mais dans une autre dimension qui sied  à notre millénaire. Pour ce Festival, j’avoue que je ne l’ai suivi depuis le début. Mais selon les clameurs, il a coûté trop cher. Aujourd’hui, pour le sénégalais moyen, les priorités sont ailleurs.

Q –  Mais il s’agit de la renaissance africaine n’est-ce pas?

R – On le dit. Mais à mon avis, on aurait du en faire une dynamique populaire et une mystique de développement dès les premières heures de l’indépendance. Je ne suis pas contre le concept, cependant, entre nous, peut-on continuer perpétuellement à renaître ? Je laisse le débat ouvert.

Q – Excellence, vous citez souvent Senghor. Qu’est-ce qui explique une telle démarche ?

R – Un grand-homme disait : «  On peut le défaire quand il commence à naître mais pas le bannir quand il s’est rendu maître. » Senghor, c’était le maître.

Q – Excellence, en attendant d’aborder avec vous d’autres sujets d’actualités concernant l’Afrique et le Sénégal en particulier, nous vous remercions de nous avoir accordé cette interview.

R – C’est à moi de vous remercier. Je serai toujours disponible lorsqu’il s’agit de parler du continent ou du Sénégal…

Contacts de son Excellence Papa Alioune NDAO :

E-mail : [email protected]

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