Commandement territorial : Un décret présidentiel menace les élections

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Deux sous-préfets pour administrer un même arrondissement.Des retraités maintenus à leurs postes, pas pour expédier les affaires courantes.Des circonscriptions sans administrateur.C’est le drôle de visage qu’offre le commandement territorial. Ce, à moins de quatre mois de l’élection présidentielle.

Deux sous-préfets pour un même arrondissement. Ce n’est pas un sujet de dissertation pour postulants au concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration. C’est bien la réalité à laquelle est confronté l’arrondissement de Médina-Sabakh. Lequel, par étourderie ou légèreté des services du ministère de l’Intérieur s’est retrouvé sous les ordres de deux sous-préfets munis, chacun, de son décret de nomination en bonne et due forme.
Ce décret, sous le numéro 2011-279, a été adopté en conseil des ministres le 24 février 2011, signé par le président de la République, contre-signé par son Premier ministre et publié au Journal officiel. Une mesure qui épouse donc tous les contours de la légalité. Seulement – et c’est là que ça cloche – l’acte attribue un fauteuil à deux personnes. Il s’agit de Abdou Aziz Diagne, attaché d’administration, matricule de solde n°510 590/H dont il est précisé, dans le décret, qu’il occupait précédemment les fonctions de sous-préfet de Sagatta Djoloff. Comme ‘concurrent’ au poste, il y a Amadou Bamba Sylla, secrétaire d’administration, matricule de solde n° 500 825/F. Auparavant, Amadou Bamba Sylla était en poste à la sous-préfecture de l’arrondissement de Ndiaye.

Un cas d’école donc qui a fini d’installer le malaise dans l’administration. D’autant que ce n’est pas la seule erreur que recèle le décret 2011-279. En effet, nos sources précisent que l’arrondissement de Kéniéba est également embarqué dans la même galère.

Juridiquement, chacun des sous-préfets a les attributs qui lui permettent d’administrer la circonscription. Sauf que le code de l’administration, comme celui de la famille, n’admet pas la polyandrie. Conséquence : des sous-préfets régulièrement relevés de leurs postes et sans affectation nouvelle continuent à signer des actes administratifs comme si de rien n’était. Seulement, renseigne une source dans l’administration qui requiert l’anonymat, ‘tous les actes qu’ils prennent sont frappés d’illégalité’. Avec les élections qui se profilent à l’horizon, on imagine le bazar qu’une telle situation pourrait générer.

Que faire alors ? Le droit administratif a prévu la procédure de rectification matérielle dans le cas où l’erreur est imputable à l’administration. Ce qui est le cas en l’espèce. Du côté de la Direction des affaires générales et de l’aménagement du territoire (Dagat), chargée de la tutelle des sous-préfets, un responsable jure, la main sur le cœur, que ‘tout a été fait depuis deux mois et déposé au cabinet du ministre de l’Intérieur’. Cette source au niveau de la Dagat ne passe pas par quatre chemins pour charger les conseillers de Ousmane Ngom qui, selon lui, ‘bloquent les textes, manipulent les décrets et commettent des erreurs qu’ils peinent à rectifier’.

Et un malheur ne venant jamais seul, l’on apprend, de sources proches de la Place Washington, que des sous-préfets admis, depuis le mois de juin, à faire valoir leurs droits à une pension de retraite, sont maintenus à leurs postes. Dans ce lot, on retrouve les sous-préfets de Fissel, Keur Moussa et Niayes. L’objectif de leurs anges protecteurs qui squattent les couloirs du ministère de l’Intérieur étant de leur faire bénéficier de la manne financière liée à l’organisation des élections de 2012.

Pire encore, actuellement, beaucoup de circonscriptions ne sont pas administrées, faute de sous-préfets ou de préfets. Il s’agit, pêle-mêle, de Sibassor, Kaolack, Médina Dakhar, etc. Le sujet aurait pu prêter à la rigolade s’il n’était pas lié à un contexte pré-électoral sérieux.

Ibrahima ANNE

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