Commissariat au pèlerinage : Terminus, les «religieux» descendent !

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Après les déclarations, les actes. Désormais, les voyagistes privés autorisés à convoyer des pèlerins à La Mecque vont devoir déposer une caution qui varie entre cinq et 10 millions de francs Cfa par groupe de 100 personnes. Le ministre des Affaires étrangères, qui procédait à l’ouverture officielle du bureau du pèlerinage 2010, l’a annoncé hier.

Pour convoyer des pèlerins aux lieux saints de l’Islam cette année, les voyagistes privés autorisés à le faire devront s’acquitter d’une caution qui varie entre cinq et 10 millions de francs Cfa par groupe de 100 personnes. C’est le ministre des Affaires étrangères, Me Madické Niang, qui l’a annoncé hier, lors de l’ouverture officielle du bureau d’inscriptions pour le pèlerinage à La Mecque 2010. Cependant, cette caution, dont ce sera la première année de mise en œuvre, varie selon l’expérience des agences. Ainsi, le chef de la diplomatie sénégalaise fait remarquer que les agences de voyages qui ont l’habitude de convoyer des pèlerins chaque année sans grandes difficultés et qui sont connues pour leur sérieux au niveau du Commissariat général au pèlerinage, verront leur caution fixée à cinq millions de francs Cfa pour chaque groupe de 100 pèlerins.

Mais pour les novices en la matière, la barre sera placée très haut. Ils devront, en effet, débourser pas moins de 10 millions de francs Cfa par groupe de 100 pèlerins. ‘Une caution est requise pour pouvoir exécuter les quotas qui sont donnés. Nous avons fait une différence entre ceux qui ont eu à s’acquitter avec bonheur des différentes tâches qui leur étaient dévolues et qui ont eu à organiser sans embûches plusieurs éditions du pèlerinage. Ceux-là appartiennent à la première catégorie à qui il est demandé de verser pour chaque tranche de 100 pèlerins, cinq millions de francs. C’est seulement pour une période transitoire que ces cautions se situent à ce niveau bas. Les conditions du jeu vont changer d’année en année. Parce que ce que nous recherchons, nous gouvernement, c’est que le pèlerinage à La Mecque soit totalement organisé par des privés encadrés par l’Etat’, explique Madické Niang.

De leur côté, les voyagistes privés qui semblent ne pas trop s’opposer à cette mesure, s’interrogent sur l’efficacité d’une telle décision. Abdou Khadre Diop de l’agence Marega Voyage que nous avons joint au téléphone dans l’après-midi s’interroge. ‘Chacun peut facilement trouver cette somme. Il suffit seulement d’avoir la confiance d’une banque. Ce qui nous préoccupe, c’est de savoir si cette mesure permettra d’éviter tous les problèmes. C’est là une question sans réponse’, soutient-il.

Malgré cette rigueur de l’Etat vis-à-vis des privés qui ont convoyé 60 % des pèlerins sénégalais de l’édition 2009, le ministre annonce que des innovations majeures ont été faites dans beaucoup de domaines pour faciliter aux pèlerins les différentes démarches nécessaires pour réaliser son projet de voyage. Ainsi, déclare-t-il, le ministère de l’Intérieur à envoyé une équipe mobile à l’Institut islamique de Dakar pour confectionner des cartes nationales d’identité et des passeports des futurs pèlerins. ‘Rien qu’à la date d’aujourd’hui, on m’a dit qu’il y a eu 436 demandes qui seront fabriquées dans des délais records’, se réjouit d’avance Madické Niang.

La santé également n’a pas été en reste. En effet, selon le ministre, des dispositions ont été prises dans ce domaine par les autorités pour que les candidats au pèlerinage des régions puissent passer leurs visites médicales dans les districts régionaux. ‘Il est aujourd’hui permis de faire la visite médicale dans les districts régionaux et de pouvoir venir finaliser le reste à Dakar avec la banque’, ajoute-t-il. A cela s’ajoute, l’assurance requise cette année pour couvrir certains risques liés aux pertes de bagages au-delà de ce qui est prévu dans la Convention de Vienne.

COMMISARIAT GENERAL AU PELERINAGE : Madické Niang proclame la fin de règne des religieux

Petite révolution dans l’organisation du pèlerinage à la Mecque : les religieux cèdent la place aux professionnels du voyage. Le ministre des Affaires étrangères a, en effet, annoncé hier lors de la cérémonie d’ouverture officielle du bureau du pèlerinage 2010 que la nomination de Mansour Diop à la tête du Commissariat général au pèlerinage ouvre l’ère des professionnels du voyage au détriment des religieux qui jusqu’ici avaient fait une opa sur ce poste stratégique. ‘Nous sommes habités par la volonté de dire qu’on ne peut continuer de faire le pèlerinage comme cela se faisait il y a 25 ans. Le monde d’aujourd’hui est un monde qui bouge et qui change. Et nous avons besoin de nous adapter à ce monde. Pour cela, il nous faut des règles adaptées. Les religieux ont toujours été désignés depuis que le Sénégal a eu à organiser des pèlerinages. Mais, nous, nous pensons que l’organisation du pèlerinage est une affaire de management. C’est plus tard qu’il faut faire intervenir les religieux’, déclare le ministre des Affaires étrangères.

Qui ajoute : ‘Nous avons considéré qu’il est temps aujourd’hui de mettre des professionnels à la tête du Commissariat général à la Mecque. Mansour Diop est un professionnel des voyages qui a occupé des fonctions importantes et au niveau d’autres agences de voyage’. Malgré ce changement notoire dans la direction du Commissariat général au pèlerinage, Madické Niang assure qu’il n’y aura pas une chasse aux sorciers. ‘L’encadrement de l’année dernière est maintenu. Nous ne sommes pas venus pour dire que telle personne est proche de l’autre commissaire pour la faire sortir et faire venir des hommes nouveaux. Le mot d’ordre que j’ai donné au commissaire est que tous ceux qui ont eu à s’acquitter avec sérieux des différentes tâches qui leur étaient dévolues seront maintenus’, annonce-t-il.

Néanmoins, le chef de la diplomatie sénégalaise promet que la rigueur sera de mise par rapport au personnel d’encadrement des pèlerins. ‘Cette année, j’en ai fait une exigence absolue. Tout membre de l’encadrement qui sera impliqué dans des activités commerciales ou dans d’autres activités qui n’ont rien à voir avec ce pour quoi ils ont été amenés là-bas, le commissaire aura l’obligation de l’exclure immédiatement. Et il ne recevra pas d’indemnité’, prévient Niang. Rappelons que cinq commissaires, tous des religieux, se sont succédé à ce poste depuis l’alternance après l’inamovible El Hadj Rawane Mbaye qui a longtemps dirigé le bureau du pèlerinage aux temps du régime socialiste. Il s’agit de Cheikh Tidiane Cissé, du Dr Thierno Kâ, d’El Hadj Moustapha Guèye et de Thierno Ibrahima Diakhaté.

Seyni DIOP
walf.sn

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