Communication de fin d’année : une seule révélation L’inversion dans l’ordre des priorités. (Par Alassane K. KITANE)

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  1. A propos d’un troisième mandat
    L’aveu de taille que le président a fait en expliquant l’ambivalence et
    l’ambiguïté de sa réponse à propos d’une éventuelle candidature pour un
    troisième mandat, c’est son manque d’autorité. Un président de la république ne
    doit pas tenir un tel langage ! En disant que s’il déclarait ne pas pouvoir ou
    vouloir briguer un troisième mandat il hypothéquerait son mandat actuel du fait
    que les candidats à sa succession ne travailleraient plus pour le gouvernement, il
    montre qu’il n’a aucune prise sur ses agents. Le plus grave c’est que Macky Sall
    inverse l’ordre des priorités : lui qui pérorait, de façon emphatique, le fameux
    « la patrie avant le parti » vient de prouver le contraire. Il préfère sauver son
    régime plutôt que d’installer fermement le Sénégal dans la dynamique d’une
    démocratie mature. La république transcende les clivages et les ambitions
    personnelles : assujettir la parole du peuple (Constitution) à des calculs
    politiciens relève de l’incivisme ; assujettir la communication que fait le
    président à des contingences politiciennes, c’est méconnaître le sens et la portée
    de ses fonctions présidentielles. Macky n’a ni le leadership de Wade ni la
    technocratie de Diouf : en dehors de son pouvoir de nommer et de démettre il
    n’a aucun pouvoir sur ses agents. En cela, il ressemble à un père de famille qui
    perd l’autorité sur ses enfants (fondée en principe sur l’amour et le respect) dès
    qu’il n’est plus en mesure de pourvoir à leurs besoins. C’est ce schéma qui
    abêtit notre démocratie : même à l’échelle locale, c’est l’accès aux ressources
    publiques qui confère une légitimité politique.
  2. Sur le sentiment anti-français
    Sur cette question, Macky Sall, en tant que Président de la république et au
    regard de la circonstance, n’aurait pas dû répondre de cette façon. Il n’y a pas de
    sentiment anti-français, c’est faux ! Macky Sall voulait peut-être plaire au
    Président français, mais il sait que ce qui est présentement en question dans nos
    pays, c’est la posture inique des gouvernements français vis-à-vis des pays
    africains. En répondant de cette façon Macky Sall a montré qu’il préfère être
    plus proche du Président français que des Africains. De toute façon le peuple
    sénégalais n’a jamais montré une quelconque hostilité à l’égard du peuple
    français : entretenir un tel amalgame, c’est, de façon subtile, faire les yeux doux
    au gouvernement français, on ne sait maintenant pour quelle rançon ! C’est au
    gouvernement français de trouver la réponse à cette question et non à Macky
    Sall : la meilleure façon de répondre à cette question, c’était de dire la vérité, à
    savoir qu’il n’existe pas de sentiment anti-français. Rendre hommage à la
    France en de pareilles circonstances, ce n’est pas élucider un problème
    géopolitique, c’est fragiliser nos pays en inculquant dans les consciences
    citoyennes que nous ne pouvons rien devenir ni faire sans la France. La France
    n’a jamais reconnu les sacrifices que notre peuple a consentis pour la liberté de

la France ! Mais le plus grave, c’est que Macky Sall refuse de prendre en charge
les desseins de son peuple : en prenant le contre-pied de son peuple, il trahit le
souci de rédemption de celui-ci. Prétendre que sans la France le Mali serait
détruit, c’est prendre l’effet pour la cause ou plutôt, la cause de la catastrophe
pour sa solution. Le terrorisme dans le Sahel est entretenu par la France pour
deux raisons. La première, c’est pour justifier sa présence militaire louche dans
la région ; la seconde, c’est une stratégie de délocalisation de la terreur. Il faut
remarquer que les champs de bataille que sont devenus l’Irak, la Syrie,
l’Afghanistan et aujourd’hui le Sahel ont poussé les terroristes à se détourner de
leur cible réelle, à savoir, l’occident. C’est la géopolitique du sapeur-pompier
pyromane qui justifie que les puissances occidentales soient « incapables de
voir et d’éliminer » le leader de Boko Haram malgré leurs grandes oreilles et
leur yeux hyper sophistiqués.
Alassane K. KITANE
Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck
Président du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal

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