Conclusion du rapport d’audit de la Senelec : 1 100 milliards pour sortir des ténèbres

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L’Etat et la Senelec ont besoin de beaucoup d’argent en urgence, pour résoudre les problèmes de l’énergie à travers le pays. La question est de savoir où le trouver. La Senelec a besoin de 200 milliards de francs Cfa, rien que pour son approvisionnement en carburant cette année 2011. Mais pour tous ses besoins, la société nationale de distribution a besoin de 365 milliards de francs Cfa, pour mettre en œuvre son plan d’urgence, pour assurer une couverture optimale en électricité cette année. En plus, pour son plan quinquennal 2010-2015, l’entreprise devrait trouver rapidement 787 milliards. Ce qui fait que, dans l’ensemble, la Senelec a besoin de plus mille cent milliards de francs Cfa. Les rapports d’audit qui ont été rendus publics hier au palais de la République par le ministre chargé de l’Energie et d’autres départements, n’ont fait que conforter ce constat. D’ailleurs, les solutions qui ont été préconisées ne sont pas non plus de celles qui poussent à espérer une amélioration rapide de la situation.
Selon les témoins qui ont pris part à la cérémonie, le ministre d’Etat Karim Wade, en présentant la situation de la maison Senelec, telle qu’elle ressort de l’audit, a brossé le tableau d’un décor sinistre. Il a parlé d’une politique énergétique qui n’a pas répondu aux attentes. Cette politique s’est, selon ses dires, caractérisée principalement par un pilotage à vue, avec des investissements inappropriés, comme le gouffre financier que s’est révélé être la centrale à gaz, acquise à prix d’or, et qui n’a pas répondu aux attentes. Il y a également, parmi les autres maux, le déficit structurel de la compagnie, qui en plus, se retrouve avec un personnel pléthorique, parfois occupé à des emplois inappropriés.
Le constat fait, il ne restait plus qu’à avancer des solutions. Sur ce point, M. Wade a indiqué, comme mesure d’urgence, que l’Apix était chargée de trouver rapidement des centrales électriques en location. L’agence dirigée par Mme Niane devrait acquérir rapidement, d’ici le mois d’avril, une centrale de 50 Mw, avant d’en trouver d’autres d’un total de 150 Mw d’ici le mois d’août. Pour le reste, des contacts ont été noués et que de nouveaux partenariats stratégiques se dessinent, selon le ministre d’Etat, chargé de l’Energie. Ainsi, par exemple, le gouvernement iranien, à la suite de la visite de son ministre des Affaires étrangères, aurait promis d’appuyer l’installation d’une nouvelle centrale électrique. Et des perspectives de collaboration assez fructueuses existeraient avec la Russie, entre autres. Le tout est de savoir comment ces nouveaux partenariats pourraient se financer.
Rebuffade des partenaires
Car les partenaires techniques et financiers n’ont pas fait preuve d’enthousiasme. Les représentants de la Banque mondiale par exemple, ont assuré qu’ils ne se voyaient pas retourner avant le mois de décembre devant leur Conseil d’administration, pour demander un quelconque refinancement pour la Senelec. L’Agence française de développement (Afd) non plus, n’a pas eu un langage bien différent. Comme s’ils n’avaient pas été vraiment convaincus.
Et certains de rappeler que le problème de la Senelec à l’heure actuelle, n’est pas dans un déficit d’outil de production, mais plus dans la difficulté d’acquérir du combustible. La solution préconisée ne devrait donc qu’accentuer le déficit financier de la boîte. Des experts de la société indiquent que, rien que pour l’année écoulée, la société a débloqué 30 milliards de francs Cfa pour louer des centrales électriques. Or, sur les 127 Mw qui manquent dans le circuit de production de la société pour le moment, 80% le sont du fait d’un manque de fuel. Dans ces conditions, à quoi rime de louer des centrales que l’on ne pourrait alimenter en combustible ? Il ne serait pas exagéré alors, de croire que l’argent ainsi gaspillé ne sera pas perdu pour tout le monde.
Et l’argent qui devrait payer tout cela est censé provenir, pour une très grande partie, du Fonds de soutien à l’approvisionnement en combustible, qui a été mis en place il n’y a pas si longtemps. Or, selon des voix avisées, ce fonds devrait être alimenté par les importations du pays, ainsi que par une taxe sur les appels téléphoniques. Ce qui est une manière de faire comprendre qu’il est illusoire, devant cette situation, pour les consommateurs sénégalais, de croire à une quelconque baisse de prix de certains produits. Mais l’Etat et la Senelec n’ont pas tellement de choix.
Après la présentation au Palais, le ministère de l’Energie et les directions de la Sar et de Senelec, se sont retrouvés face aux bailleurs, aux pétroliers et aux banquiers. Et comme avec les partenaires techniques et financiers, les autorités ont essuyé une rebuffade à peine polie. Ces deux entités de partenaires leur ont fait comprendre qu’elles avaient compris leurs besoins, «et ont pris acte de leur demande», sans prendre d’engagement de quelque genre que ce soit. Ce qui, dans l’urgence, n’est pas très rassurant pour les services de Karim Wade.
Ce dernier d’ailleurs, aura à gérer la fronde qui sourd des murs du siège de la Senelec. La publication de l’audit a laissé entrevoir une grande frustration, de la part des cadres de l’entreprise. Ceux qui ont accepté de s’exprimer de manière anonyme, ont fait remarquer que ce document n’a rien apporté de plus au travail qui avait été réalisé en interne par ces cadres, et qui a coûté infiniment moins cher en comparaison. Ils se demandent ce qui a justifié cette débauche de finances gaspillées, au moment où la société traverse l’une de ses périodes les plus noires.
Frustration des cadres
D’ailleurs, devant le Président Wade, le Dg Seydina Kane a tenu le même discours, mais en des termes infiniment plus diplomatiques. Inter?rogé par le Président sur la perception de ses agents, il a affirmé que ces derniers éprouvaient une fierté légitime de voir que le rapport du cabinet McKinsey ne différait en rien à l’étude qui avait été produite en interne. Et tout au contraire, tout le monde voulait voir dans ce rapport d’audit, un moyen de valoriser l’expertise nationale. Ce discours a permis d’éviter le fait que les cadres, comme les agents, n’ont jamais été approchés dans le cadre de cet audit, pour recueillir leurs impressions et sentiments. Alors qu’il leur reviendra à eux de mettre en œuvre ses conclusions.

lequotidien.sn

1 COMMENTAIRE

  1. J’ai commencé à lire l’article et plus que j’avançais plus que j’avais certitude que c’est réalisé par LE SUD QUOTIDIEN. un article bien écrit dans tout le sens du mot on le trouve toujours chez LE SUD QUOTIDIEN. Merci encore une fois!!!

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