Après le dernier renvoi de son procès, pour complément d’informations, la comédienne Aby Diagne a, finalement, été jugée, hier. Un procès fleuve,
empreint d’émotion et au cours duquel la mise en cause, qui a été enfoncée par les relevés téléphoniques de la Sonatel, risque deux ans de prison.
Elle a été forte depuis le début de cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Mais hier, elle a craqué, emportant ainsi, ses collègues comédiens comme «Mbaye Dozé» mais également ses proches, qui ont versé de chaudes larmes. Aby Diagne, sur qui commence à
peser les rigueurs carcérales, vu ses traits tirés et son «xessal» (dépigmentation) qui commence à prendre un sacré coup, a finalement été jugée hier, après plusieurs renvois. La dernière fois, son procès avait été renvoyé, au beau milieu des débats, pour un complément d’informations, notamment, la réquisition adressée à la Sonatel. Une pièce maîtresse, dans ce dossier de vol, puisque la comédienne continuait à nier les faits, mais surtout son retour à Dakar, le fameux jour du cambriolage. A la barre hier, Aby Diagne est revenue sur le déroulement des faits, tout comme la plaignante Oumou K. Ndiath. Jusque-là, rien de nouveau, puisque la presse avait fait de cette affaire ses choux gras, pendant plusieurs jours. Seulement, les choses ont commencé à prendre une autre tournure, lorsque le président a sorti les relevés téléphoniques de la Sonatel. «Vous dites que le jour des faits, vous n’êtes pas revenue sur Dakar. Pourtant la géolocalisation de la Sonatel prouve le contraire, qu’est ce que vous en dites», lui a lancé le juge. Du moins très catégorique, Aby Diagne répondra sans sourciller par la négative. Suffisant pour que le président lui lise les détails du document de la Sonatel, qui en plus, de détailler les appels émis et reçus par la mise en cause, est même allée jusqu’à dire dans les moindres détails, les endroits où elle appelait, lors de ce fameux samedi. Des informations disponibles, grâce aux pylônes installés par la Sonatel et dispersés à travers tout le pays. «A 16h29mn vous étiez à Sébikhotane, lorsque vous avez émis un appel, à 20h49mn, vous étiez à Nord foire…», lui a signifié le juge. Confondue, la dame est restée sur sa position en signalant qu’elle n’a pas quitté Thiès, après s’y être rendue avec son amie Oumou. «Ces documents (réquisition de la Sonatel) ne sont pas
fiables», a dit la comédienne, qui est même allée jusqu’à jeter le discrédit sur le gendarme qui avait en charge l’enquête.
Le portable : le témoin à charge qui a enfoncé Aby Diagne
Estimant que ce dernier était un ami de la plaignante, Aby Diagne a juré la main sur le coeur avoir entendu le gendarme dire que celui qui s’occupe des réquisitions à la Sonatel est un ami. Il faut à ce propos rappeler que la Sonatel a fait le même exercice avec toutes les quatre personnes détentrices de la clé de la plaignante. Aussi, la comédienne n’a pas seulement été confondue par la géolocalisation de la Sonatel. En effet, le numéro qui avait permis d’envoyer des messages salaces à la dame Oumou Ndiathe, avant d’être jetée, a été identifié par la Sonatel. Le numéro en question a été abonné, il y a de cela trois ans, par un certain Mactar Diagne. Hasard ou pure coïncidence ? Aby Diagne a un frère
qui s’appelle Mactar Diagne. En effet, elle a fait cette révélation, sans se rendre compte de rien. Une brèche saisie par le procureur pour faire le rapprochement. Soulignant que sa cliente était prête à pardonner si la mise en cause ne s’était pas braquée dans ses dénégations, le conseil de la partie civile, qui reste convaincu que la comédienne a bénéficié d’une complicité, a réclamé un dédommagement de 5 millions de francs.
Pour sa part, le procureur de la République qui a souligné que «dans cette affaire, le portable a été le fabuleux témoin à charge, contre la prévenue», a requis à son encontre, une peine ferme de deux ans, pour vol avec effraction. Il faut dire que cette réquisition de la Sonatel a été l’objet d’une grande polémique, lors de ce procès, où les avocats de la défense ont posé le problème de sa fiabilité. «La science a toujours
une marge d’erreur», dira l’un des avocats qui sera rejoint par un autre de ses confrères qui ira même jusqu’à demander qu’elle soit rejetée. Déclarant à l’unanimité qu’il y a une grande nébuleuse dans cette affaire, la quasi-totalité des conseils de la comédienne ont plaidé la relaxe ou tout au moins celle au bénéfice du doute, tandis certains plus prévoyants, ont plaide la bienveillance de la loi. Le délibéré sera connu le 21 mai.
Ndèye Anna NDIAYE
popxibaar.net
