Conséquence de sa libération : Wade-fils recompose l’opposition

Date:

La libération de Karim Wade a changé les rapports entre les partis membres de Gor ca wax ja. Les alliés du Pds qui dénonçaient son emprisonnement sont muets sur cette grâce et ses conditions. 

Karim libre. Alors, quelle sera sa place dans le landerneau politique, si bien sûr il compte jouer sa carte ? D’abord dans l’opposition, les compliments de Idrissa Seck, Pape Diop, Malick Gackou, Abdoulaye Baldé, entre autres, obéissaient plus à une réalité politique qu’à un vœu sincère. Tous ont dénoncé l’«injustice» et l’«acharnement» contre Wade-fils. Et cerise sur le gâteau, tous ont fait semblant de matérialiser une volonté de réconciliation entre d’ex-frères de parti, excepté Gackou, par des alliances aux Locales et une unité au référendum. A Bambey, Mbacké, Thiès et dans d’autres localités, le Pds et Rewmi sont allés ensemble, comme dans d’autres endroits avec Bokk gis gis ou Taxawu Dakar de Khalifa Sall. Mais depuis l’annonce et même la sortie de Karim Wade, Idrissa Seck qui a dénoncé un «deal international» prend ses distances, mais anticipe en même temps sa bataille avec celui qui pense déjà aux Législatives, en plus d’être le candidat de son parti à la prochaine Présidentielle. En déclarant lors de sa visite à Touba que Wade-fils et son père «obéissent à un donneur d’ordres» comme Macky Sall, le leader de Rewmi salit tous et se lave à grande eau. Au point même de prendre à témoin les Sénégalais : «Je suis un peu peiné de devoir chaque fois annoncer des choses que les gens constatent tard. Et que quand je les annonce, on m’attaque de toutes parts. Moi, c’est la défense des intérêts du Sénégal qui m’intéresse. Ce n’est pas Macky Sall, ce n’est pas Abdoulaye Wade, je les connais tous les deux.»

Karim bouscule Idy
Idy pouvait donc s’allier avec le Pds tant que Wade-fils était en prison. Mais lorsqu’ont commencé les premiers coups du dialogue national, avec une libération de Karim Wade et des retrouvailles libérales agitées, le président du Conseil départemental de Thiès s’est vite replié. Et c’est en ce moment qu’il a parlé de «deal» et décidé de rompre son compagnonnage- bien que conjoncturel- avec le Pds. Sur Rfi, il disait à la suite de Macky Sall : «Je ne crois pas que le Pds soit la principale figure de l’opposition puisqu’il a rejoint le camp du pouvoir.» Et là était le premier divorce. Quelques jours plus tard, à travers son chargé de communication, Thierno Bocoum, Rewmi dénonce «la rupture du pacte de confiance occasionnée au sein du cadre par la conduite déloyale de Oumar Sarr du Pds et de Mamadou Diop Decroix, coordonnateur, demandant même que toutes les conséquences soient tirées». Idrissa Seck et ses hommes constatent, en effet, que les coordonnateurs du Pds et de Gor ca wax ja «ont engagé le cadre sans mandat ni consultation préalable des autres membres», etc. C’est dire que même si Rewmi et le Pds se retrouvent dans le Pôle de l’opposition devant siéger à la commission de revue du Code électoral, le clash était déjà là avant l’élargissement de Karim Wade. Et il serait difficile, au vu de la logique de Idrissa Seck qui les voit «dans le camp du pouvoir», que leur volonté d’aller aux Législatives ensemble se concrétise. Parce qu’en réalité, Wade-fils, qui appelle à la mobilisation de son parti dans ce sens, suggère qu’il est bien là et a réagi depuis Doha, en leader.

Le Fpdr parle, Gor ca wax ja perd la voix
Pour l’heure, il faut bien se rendre compte que la plaie est encore plus profonde avec le Pds, et peut-être avec l’homme Karim Wade à qui Idy n’a jamais rendu visite à Rebeuss. Voilà un des éléments qui excluent- a priori- une éventuelle «accolade» entre les deux éternels ennemis. Et le communiqué du Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr) d’hier n’a pas la même lecture que Idrissa Seck. «Le Fpdr a pris acte des conditions dans lesquelles une mesure de grâce a été prise permettant la délivrance de Monsieur Karim Wade», indique-t-on. Et la veille, c’est son coordonnateur Mamadou Diop Decroix qui annonçait la couleur. «Les spéculations malveillantes sur les conditions de la délivrance de Karim Wade ne nous engagent ni ne nous intéressent», soutient le secrétaire général de And jëf/Pads. Au moins, le Fpdr s’est réuni et a officiellement adopté une position commune. L’autre coalition de l’opposition, Gor ca wax ja, reste muette.

Karim divise Gor ca wax ja
Au-delà de Idrissa Seck, rares sont les autres membres de Gor ca wax ja qui se sont clairement prononcés sur la libération de Karim Wade. Pape Diop de Bokk gis gis qui pourtant dirigeait les démarches avec Wade pour la mise en place d’une coalition de l’opposition est silencieux. Comme lui, Malick Gackou qui s’est rendu en France et même à Dakar chez Wade pour «recevoir des conseils» n’a pas réagi. Lui aussi était considéré comme un cheval que le secrétaire général du Pds pourrait lancer dans la course, à défaut d’une libération de Wade-fils dans le schéma initial de la Présidentielle de 2017, finalement prolongée à 2019. Si tant est que ce rêve lui tentait, le rebondissement semble briser le jeu. Surtout que la défaite du «Non» dans son fief, à Guédiawaye, ne lui offre plus ce scénario quelque peu invraisemblable d’ailleurs. Bref, la donne Karim Wade a certainement changé les rapports de l’opposition, notamment celle de Gor ca wax ja.
[email protected]

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE