Côte d’Ivoire : Vingt ans de prison pour Hubert Oulaye, sa défense dénonce un « jugement sans preuve »

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Vingt ans de prison ferme pour Hubert Oulaye et pour son coaccusé Maurice Djiré, un villageois de 37 ans originaire de Guiglo (la ville natale d’Oulaye, dans l’ouest de la Côte d’ Ivoire), accusé d’être un exécutant.

La justice soupçonnait le baron du Front populaire ivoirien (FPI-tendance Aboudramane Sangaré), jadis très actif dans la région de l’Ouest, d’avoir financé, à hauteur de 2 millions de francs CFA (3 000 euros), un groupe armé composé de mercenaires libériens et de miliciens autochtones guérés accusé d’avoir tendu, le 8 juin 2012, une embuscade mortelle à des casques bleus de l’ex-Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci).
Sept casques bleus nigériens et un soldat ivoirien avaient été tués dans l’attaque. Le même jour, dans une opération distincte mais en lien avec la première, au moins huit civils ivoiriens avaient été tués – quinze, selon d’autres informations.

Hubert Oulaye avait fermement nié son implication dans cette affaire, quand son coaccusé soutenait n’avoir reçu aucune somme d’argent de sa part. « La DST [Direction de la surveillance du territoire, le service de contre-espionnage ivoirien] m’accuse d’avoir donné 2 millions de francs CFA à des intermédiaires, en vue d’acheter des armes à des hommes, pour perpétrer des attaques à l’ouest de la Côte d’Ivoire, alors que je vivais en exil au Ghana, avait-il dénoncé à la barre. Mais la DST est incapable de produire un seul procès-verbal d’audition de ceux qui prétendent avoir reçu de l’argent de mes mains. Comment justifier que la DST ne produise pas une seule pièce à charge ? Alors question : est-ce que ces actes existent vraiment ? Ma réponse est non, parce que la DST n’est pas en mesure de présenter des procès-verbaux. »

Me Toussaint Dacko, avocat de l’accusé, avait réclamé en vain le procès-verbal d’audition des deux mercenaires libériens qui auraient passé des aveux, au Liberia, accusant ce proche de Laurent Gbagbo de les avoir financés. En lieu et place, la cour s’était appuyée sur une note de la DST considérée par la défense comme « une pure fabrication ». Les avocats avaient fini par se retirer du procès, avant de réapparaître ce mardi pour les plaidoiries.
Pas de mandat de dépôt
Au tribunal du Plateau, à Abidjan, l’avocat général avait requis la prison à vie pour les accusés, estimant que « la complicité de Maurice Djiré et de Hubert Oulaye est caractérisée dans l’assassinat de ces soldats. Ils sont coupables d’avoir fourni des informations et des moyens financiers. La mort des soldats n’était pas un accident. L’attaque a été organisée ». Il avait également demandé que la cour condamne solidairement les accusés au paiement d’une amende de 20 milliards de francs CFA à titre de dommages et intérêts. Cette dernière demande n’a pas été suivie par le tribunal.

Tout en prononçant une condamnation à vingt ans de prison à l’encontre des deux hommes, la cour n’a pas décerné de mandat de dépôt. Hubert Oulaye, qui avait été arrêté en mai 2015, six mois après être revenu de son exil ghanéen, puis libéré début juin 2017 pour raisons médicales, reste donc libre.
Les avocats de la défense dénoncent un verdict « sans une seule preuve » et comptent interjeter appel devant la cour de Cassation.

Jeune Afrique

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