Création d’un parti politique : Les urgences de Abdoulaye Baldé

Le départ du maire de Ziguinchor est la première fissure dans la façade multiforme de la Coalition Bokk gis gis. Montée sous le coup d’une frustration, promise à un succès éclatant, son score exécrable aux Législatives (4 députés) a sans doute douché ses ambitions. Cette défaite a précipité la fin de son entente politique et opportuniste. Les démissions de Pape Diop et de Mamadou Seck de l’Assemblée nationale ont semé plus de troubles dans cette coalition que l’on considère comme une véritable alternative politique. Au lieu de raffermir les liens entre ses membres, cette affaire a provoqué leur séparation. Certains apparatchiks, comme Aliou Dia, habitué aux délices parlementaires, contestent la décision de Abdoulaye Baldé de siéger à l’Hémicycle. Cette emphase en dit long sur les passions déchaînées par la présence à l’Assemblée nationale.
Longtemps prophétisée et encore attendue, l’implosion de l’ancien parti au pouvoir n’a pas totalement donné l’effet escompté, malgré les défections de nombreux caciques, la fronde de quelques hautes personnalités et le désaveu cinglant de l’opinion. L’absence d’une opposition structurée au-delà du Parti démocratique sénégalais (Pds) renforce l’idée de Baldé de mettre en place sa propre formation politique. Surtout aussi de s’affranchir des tutelles de Pape Diop et de Mamadou Seck qui rêvent forcément d’autres destins sous les lambris du pouvoir. C’est à lui donc de façonner sa vie politique comme on assemble les pièces d’un puzzle pour en faire un destin.
Abdoulaye Baldé s’est aussi rendu compte que ce conglomérat n’est pas forcément un gage de réussite. Sans risques, il peut s’éloigner de ces mastodontes aux pieds d’argile. Certains analystes ont toujours douté de la force politique et de la représentativité de Pape Diop et de Mamadou Seck malgré les plus grands postes qu’ils ont occupés au sein de l’Exécutif sénégalais. Il lui faut aussi gagner l’affection du Peuple. Sans moyens, l’affaire devient plus compliquée. Du temps de la splendeur libérale et de sa toute puissance, la conquête de la région de Ziguinchor n’a jamais connu l’ombre d’un doute. Cette évidence se mue en incertitude politique. Depuis le second tour de la Présidentielle, son aura dans le Sud s’est effritée. En attendant, la présence à l’Assemblée nationale, vitrine politique, lui permet de propulser son ascension en se comportant en député du Peuple.