DANS L’INTIMITE DES « SALYGOTHS » Les « ripoux » de Saly

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La ville de Saly, touchée aussi bien par la crise financière que par l’érosion côtière de plus en plus conséquente, s’est depuis quelque temps vidée de ses touristes. Pourtant, une poignée d’irréductibles gaulois semble résister envers et contre tout. Qui sont-ils et quelle vie mènent-ils ? La Gazette s’est introduite dans ce cercle fermé afin de comprendre les raisons de leur attachement à Saly.

Saly, c’est la station balnéaire par excellence du Sénégal depuis plus de trente ans. Seulement, érigée officiellement en commune depuis 2009, le tourisme est d’ailleurs, contrairement aux autres villes, sa seule raison d’être. Autour du village, grandes chaînes d’hôtels et tours opérators se succèdent. Des résidences où sénégalais et européens viennent séjourner sont également construites en nombre le long de la petite côte. Parmi ces européens, que beaucoup appellent les « Salygoths », beaucoup sont français, belges, allemands ou italiens. Pourtant, au sein de cette ville qui semble construite de toutes pièces pour des touristes en mal de soleil et non d’Afrique, le niveau de vie des habitants ne s’est pas véritablement amélioré au fil des années. Au contraire, une véritable misère humaine règne dans une atmosphère de dominant-dominé. Certains habitants que nous avons rencontrés n’hésitent d’ailleurs pas à le dire, « Saly, ce n’est pas l’Afrique, c’est un lieu touristique et, comme dans tous les pays du monde, le tourisme attire les choses malsaines. Le sénégalais de Saly est pourri. Et, puisque c’est un pays pauvre, tout s’achète. La caricature de vieux touristes occidentaux courtisant de jeunes filles et garçons locaux, et d’histoires tragiques qui en découlent, est une réalité qui fait autant partie de Saly que de certains quartiers de Bangkok. Mais la ville de Saly n’est plus aujourd’hui à son apogée. Les vices et méfaits amenés par ce tourisme de masse a progressivement fait fuir les véritable amoureux du Sénégal. À tel point que certains de ces hôtels, tournant habituellement à plein régime, ferment quelques mois pour « rénovation ». Ainsi, il est difficile de comprendre comment cette ville, aux allures de « mini-apartheid » et dévorée par la mer, reste le paradis perdu de certains toubabs. Explications.

ENTRE EXOTISME ET FETICHISME RACISTE

L’entrée dans une résidence privée grâce à un natif de Saly habitué à composer avec ces « salygoths » permet d’obtenir les réponses à nos questions. Notre guide insiste : « ceux (les blancs) qui habitent ici ne partagent rien avec nous, ce sont les touristes qui nous font vivre ». D’ores et déjà attablés autour d’un Pastis à 11 heures du matin, Pierre, Gilles et Dominique, tous trois âgés d’une cinquantaine d’années, les cheveux grisonnants, le ventre bedonnant et le rire gras, semblent mener la belle vie. Pierre est propriétaire et responsable de la gestion de cette résidence depuis maintenant dix ans. Il n’a pas manqué de faire partager ce « paradis perdu » à ses amis, aujourd’hui devenus adeptes, non pas du Sénégal, mais de Saly. Lorsqu’il s’agit d’expliquer les raisons de leur attrait pour la localité, le discours se fait prudent. « On s’est donné une mauvaise réputation nous les toubabs, tout simplement parce que certains d’entre nous ont abusé. Il est vrai que 80% des français sont là uniquement pour le sexe. Pour nous, c’est une question de bien être avant tout ! (rires) Je cherche l’amour quelle que soit la couleur, le soleil et l’amitié », explique Pierre. Mais, en écoutant plus attentivement les discussions entre Dominique et Gilles, touristes habitués de Saly, force est de constater que les femmes, le sexe et la fête sont les principales raisons de leurs séjours ici. Le premier semble, après des années de débauche confessée, s’être rangé avec une jeune sénégalaise épousée ici, tandis que le second avoue être lui aussi aujourd’hui à la recherche de « l’amour ». La prostitution, qui n’est pas interdite au Sénégal, leur permet de « pratiquer » en toute légalité tous leurs fantasmes.

En revanche, en ce qui concerne l’amour qu’ils invoquent, pourquoi iraient-ils le chercher aussi loin ? La question semble naïve mais révèlera le malaise ambiant, entre racisme et exotisme, qui anime Saly depuis ses débuts. « On a du mal à comprendre pourquoi les sénégalaises nous attirent tant », affirme Gilles. Citant rapidement l’attrait pour leur couleur de peau, ils ne savent que répondre lorsque l’on rappelle les nombreuses françaises, elles aussi, noires de peau dans leur propre pays. « Je ne connais pas l’africaine en France et cela ne m’a jamais intéressé avant de venir ici. Ces questions font réfléchir…pourquoi on est là, pourquoi on les aime… », fait mine de se demander Pierre un peu gêné. Dominique avoue en revanche avoir compris, après plusieurs séjours en Afrique francophone, ce qu’il était venu chercher, même s’il admet se poser encore des questions. « Il vaut mieux la chercher sur le terrain car il faut qu’elle soit pure ! L’homme européen ne trouve plus son équilibre en Europe où les rôles sont inversés. Je ne cherche pas une femme soumise mais un équilibre. J’ai vécu dans une famille traditionnelle française et les sénégalaises cuisinent très bien. Puis, du moment que tu as un peu de sous, elles acceptent tout, notamment que l’on ait plusieurs femmes, et ça, c’est génial ! », déclare-t-il. Bien évidemment, aucun d’entre eux n’est un fervent pratiquant de l’islam mais ils n’y voient aucun inconvénient. « Mis à part de me faire frapper quelque fois quand je fais une bêtise qu’elle découvre mais après, elle oublie… », lâche Dominique en riant devant sa propre femme. Persuadés dans leur imaginaire d’être de véritables anges face « aux machos avérés que sont les sénégalais », ceux-ci se présentent quasiment comme des sauveurs. Dominique, qui cherche aujourd’hui à faire venir sa femme en France, l’affirme sans malaise : « c’est une opportunité pour elles d’évoluer et d’avancer ». Il regrette néanmoins d’être incompris en France, notamment par ses propres enfants « qui ne saisissent pas pourquoi leur père est avec une africaine beaucoup plus jeune que lui ».

Quant à Gilles, il profite du pouvoir de séduction qu’il n’a nulle part ailleurs mais aimerait, lui aussi, trouver l’amour sans avoir à dégainer son portefeuille en permanence. « Hier, elle était encore cinq à avoir à peine vingt ans autour de moi et je me suis laissé prendre au jeu…ça commence à 30 000 FCFA et ça finit avec des propositions à 5000 mais aujourd’hui, ça ne m’intéresse plus. Puis, un sénégalais est arrivé, je n’ai pas compris ce qu’il leur a dit, mais cinq minutes après, il n’y avait plus personne ! », raconte-t-il, amusé. Des situations comme celle-ci se répètent tous les jours à Saly. Mais, n’ayant pas trouvé ce qu’il était venu chercher, Gilles rentrera dans une heure pour la France avec Dominique avec l’idée de revenir à Saly l’année prochaine. De véritables stéréotypes du colon occidental débarquant à Saly avec ses euros, bien ou mal acquis, pour satisfaire ses caprices.

Dans cette localité au train de vie suspicieux, personne n’ignore ici que ces couples en noir et blanc sont davantage issus d’un commerce sexuel aux relents souvent dépravants plutôt que d’un amour sincère.

LA CHUTE DE CES NOUVEAUX COLONS ?

Après le départ de ses amis pour l’aéroport, la conversation se poursuit ensuite avec Pierre, ayant décidé de rester à Saly depuis maintenant 12 ans et qui semble être « l’éclaireur » du groupe. Il présentera alors une figure féminine de ces toubabs, Sylvie, cliché de la « cougar » peroxydée. Contrairement aux autres, Sylvie se targue de ne pas être venue, il y a 15 ans, à Saly pour des raisons sentimentales. « Ici, les blancs ne viennent que pour le sexe ou pour se planquer ! Ce sont généralement des gens qui ne sont rien là-bas et qui, ici, sont de véritables rois », dit-elle d’une mine désabusée. C’est au départ avec son mari, et pour les vacances, qu’elle avait acheté cette maison dans laquelle elle vit aujourd’hui depuis quinze ans. Au fur et à mesure que la bouteille de rosé commandée se vide, les langues se délient, laissant apparaitre une toute autre réalité…« Après mon divorce, je suis restée faire ma vie ici. Ce qui est drôle, c’est que, à l’époque, je m’étais promis de ne jamais me mettre avec un noir et jamais plus jeune que moi ! Hors de question de me faire avoir et de me faire pomper tout mon fric. Et puis…vu que les français ici n’ont d’yeux que pour les sénégalaises, c’était ça, ou bonne sœur », ajoute Sylvie. C’est donc, malgré elle que Sylvie côtoie les sénégalais depuis des années. « En quinze ans, j’ ai vu des toubabs se faire plumer et marabouter à en devenir dingue ! Nous, on est costaud, on fait partie des anciens », affirme-t-elle fièrement. Entre parano et racisme, Sylvie est ainsi persuadée de m’apprendre ce qu’est le Sénégal. Elle m’apprendra ainsi, un peu plus sur la manière de vivre et de penser Saly qu’ont ces nouveaux colons…

Alors que les termes d’« intégration » et du « vivre ensemble », s’adressant implicitement davantage aux français d’origine étrangère, sont employés à tour de bras en France, ceux-ci ne semblent pas faire écho jusqu’à Saly. « Je ne parle pas wolof et je ne veux surtout pas comprendre ce qu’ils disent ! Sinon, je suis certaine de me battre en permanence et de partir dix fois par jour à la gendarmerie ! Je fais donc une sélection de gens en qui j’ai confiance, et ils sont de plus en plus rares », dit-elle approuvée par Pierre qui, en revanche, comprend quelques mots de wolofs même s’il se refuse à parler. Sylvie ne mange pas non plus de plats locaux dont elle n’a, en quinze ans, pas remarqué la multitude. Se plaignant avec Pierre d’être victime de leur couleur de peau, assaillis et victimes de préjugés, ils n’hésitent pourtant pas à faire de même au sujet des sénégalais. « Ce que les sénégalais cherchent ici, c’est de l’argent et un visa en premier lieu, dit-elle avec assurance. C’est tout de même plus rassurant de partir en Europe avec un vieux qu’en pirogue ! Ce sont eux qui ont le plus la côte avec leur pension et leurs maisons, il ne reste plus qu’à attendre qu’ils meurent ! Tout se fait par intérêt ici. Ils ne recherchent pas un cœur mais un portefeuille. Une fois que tu es avec un sénégalais, il faut tout payer, acheter un mouton pour toutes les fêtes mais, lorsqu’il s’agit de notre foie gras à Noël, ce n’est pas grave ! Ce n’est pas un égoïsme caché mais craché. « C’est ma culture », voilà la phrase clé sous couvert de laquelle nous nous devons de tout accepter… On est naïf et on le veut bien, on rentre dans le système mais aujourd’hui je dis basta ! », s’exclame-t-elle sourire aux lèvres. Avec de telles descriptions sur la population et sur la ville, on ne peut que se demander plus encore pourquoi ces français s’entêtent à rester à Saly. La première raison sur laquelle s’accorde Pierre et Sylvie, confirme les précédentes déclarations : « Ici, c’est un petit village et ça nous plait », déclare Pierre avant d’ajouter, sans complexe : « on se retrouve un peu entre nous, entre blancs et ça fait du bien ». Sylvie acquiesce : « On ne peut pas toujours parler qu’avec des sénégalais, ce n’est pas possible ! On a besoin de se ressourcer pour parler, échanger et faire des affaires. Ce n’est pas possible de travailler avec les sénégalais. Tout d’abord parce qu’ils n’ont pas d’argent, mais aussi parce qu’ils vont nous bouffer cela. » Il y a ensuite le business, fructueux jusqu’à l’année dernière, qui leur permettaient de mener une toute autre vie à Saly. « Ici, j’ai l’avantage d’être propriétaire et la vie revient moins chère même si, pour manger et vivre à la française, il faut quand même un certain budget. Je ne suis pas venue pour l’argent mais pour une qualité de vie que nous n’avons plus aujourd’hui. Nous vivions du tourisme et celui-ci est en train de mourir », déclare-t-elle désabusée.

Un paradis en voie de disparition donc que ces nostalgiques de la colonisation redoutent depuis quelques temps… « Je connais beaucoup de gens qui sont venus il y a quinze ans et qui sont partis, par peur de perdre leur maison », raconte Pierre, un tantinet inquiet pour son business. « On s’est bien gavé, on a beaucoup gagné mais on a aussi créé du travail. Le matériel et le salaire ne sont pas cher et, avec une construction à 15 millions, on revend cela à 50 millions minimum. Cela dit, ce sont surtout les promoteurs qui se sont enrichis car, quand tu vis ici, tu perds aussi beaucoup…Je ne peux même plus rentrer aujourd’hui ! », s’exclame-t-il. Sylvie, qui se retrouve elle aussi coincée dans son propre Eldorado confirme : « La nouvelle génération de sénégalais est dangereuse pour les blancs, les rapports ont changé et aujourd’hui, avec la télévision et internet, ils savent et se révoltent. C’est bien pour le pays, mais pour nous, je pense qu’il faut partir. Le problème, c’est que je ne pourrai pas retourner en France où tout est gris, interdit et où, depuis que je ne suis plus avec un blanc, je n’ai même plus les moyens de revenir ! Nous avons tout perdu en termes d’argent, de relations, d’assurance… » Mais, cette poignée d’irrésistibles gaulois considérant l’Afrique comme une véritable zone de non-droits ne sont apparemment pas près de perdre leurs privilèges. « Il faut trouver un lieu plus sûr pour nous en Afrique », affirme Sylvie. Cette minorité de ripoux » n’est donc pas prête d’arrêter de polluer le continent…

Julia Küntzle


3 Commentaires

  1. Il faut des attentats bien réussis pour dissuader ces blancs qui profitent de la misère, pour continuer à exploiter notre.
    En un moment donnée il faut des actions.
    La libération de l’Afrique ne peut se faire qu’avec la violence.
    Ça fait plus de six siècles qu’on nous traite comme des animaux.

    « mouhammadou rassouloulahi walazina mahanhou achidaou hanlal koufari, rouhamahou baynahoum… »

  2. foutous les dehors toutes ces saletes de blancs et vermines,ici chez eux ,ils nous traitent comme des moins que riens alors qu’ils sont rois chez nous.qu’ils degagent de chez nous ces parasites

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